Céréales : simplifier le fractionnement de l’azote n’est pas la stratégie à suivre !
Mieux vaut prévoir un fractionnement de l’azote en trois voire quatre apports, que de solder la dose précocement, en seulement deux fois.
Adaptation aux conditions météorologiques du printemps
L’analyse climatique fréquentielle sur dix ans (2010-2021) montre que dans la région, avec l’évolution du contexte météo (de plus en plus d’aléas, de plus en plus de périodes de sec), la probabilité de rencontrer des conditions favorables pour valoriser correctement les apports d’azote sur les périodes de mi-mars à courant avril devient de plus en plus rare. Les conditions sont de nouveau plus favorables fin avril et surtout, en mai.
Carte 1 : Probabilité de rencontrer des conditions favorables pour valoriser les apports d’azote (15 mm de pluie sous 15 jours)
Ainsi, une stratégie visant à solder les apports précocement ou à faire de gros apports à cette période peut s’avérer risquée. Il peut donc être judicieux de fractionner l’apport autour du stade épi 1 cm quand les conditions sont sèches en gardant une dose suffisante (ne pas descendre sous 70 u, autour d’épi 1 cm), et reporter des unités courant montaison, pour cibler les meilleurs créneaux météorologiques.
Quelle valorisation des premiers apports cette année ?
Les apports réalisés fin tallage (20-25 février), ou début mars (8-10 mars), n’ont pas toujours rencontré les conditions favorables pour être correctement valorisés, malgré des pluies annoncées mi-mars, qui n’ont pas forcément eu lieu en quantité suffisante. Mais à ce stade, les besoins n’étaient pas encore très élevés. Le retour des pluies fin mars a permis de mieux valoriser les apports épi 1 cm du 20-25 mars (tableau 1).
Tableau 1 : Valorisation d’un apport d’azote selon sa date de réalisation sur différents postes météo des Hauts-de-France pour 2022
Fractionner en trois apports est plus sécurisant
Selon la synthèse d’essais régionaux, à dose équivalente, un fractionnement en deux apports - vs trois apports - n’est pas la bonne décision dans la plupart des cas.
En effet, des pertes significatives de quintaux sont observées dans une grande majorité des modalités en deux apports. La stratégie la plus sécuritaire reste donc bien le fractionnement en trois apports minimum !
Figure 1 : Comparaison d’une stratégie en deux apports contre trois (à dose totale identique)
Chaque point représente un essai.
Par exemple : apports de 80 unités à tallage / épi 1 cm puis 80 unités à 1-2 noeuds VS apports de 40 unités à tallage puis 80 unités à épi 1 cm puis 40 unités à dernière feuille
Et quatre apports alors ?
Il est possible d’aller plus loin : quand la dose bilan est élevée, et qu’une partie du climat est sec pendant la montaison, il est encore plus sécuritaire de réaliser les apports au plus près des besoins de la plante, en fractionnant en quatre apports.
Figure 2 : Avantage du fractionnement en quatre passages (report 1-2 nœud) contre trois apports pour différentes doses totales (synthèse régionale - 64 essais 1996-2021)
Situations où la stratégie en quatre apports fait gagner des quintaux
L’analyse de nombreux essais régionaux montre qu’une stratégie en quatre apports permet d’aller chercher des points de protéines et des quintaux dans une grande majorité des cas. Cela est d’autant plus vrai quand la dose totale est élevée (supérieure à 200 unités).
Ce fractionnement doit être bien réfléchi, la question se pose alors des quantités d’azote à apporter à chaque apport.
- Les besoins à épi 1 cm sont élevés : si le temps sec ne permet pas de valoriser facilement un apport trop important, il est possible de le fractionner ; mais il convient de ne pas descendre trop les doses à ce stade sous les 70-80 unités pour ne pas affecter la culture.
- On est souvent tenté de réduire l’apport à dernière feuille. Or, cette stratégie n’est pas la bonne car elle fait baisser significativement le taux de protéines et affecte également le rendement.
- Réduire la dose à tallage pour reporter les unités aux apports suivants reste généralement la meilleure stratégie à suivre.
L’importance de l’apport de fin de cycle
Le stade fin montaison (jusqu’à dernière feuille) est la période la plus favorable à une bonne valorisation de l’azote, avec le retour fréquent d’épisodes pluvieux qui permet une bonne efficacité des apports d’engrais. A cette période, les outils de pilotage permettent de réévaluer les besoins de la plante en fonction du contexte de l’année. Les résultats d’essais montrent que lorsqu’un déclenchement est justifié (40 unités à dernière feuille), cet apport permet de ramener en moyenne +4,4 q/ha et +0,7 % en protéines. A ce jour, le stade dernière feuille pointante est prévu fin avril pour les situations les plus précoces et début mai pour les situations les plus tardives.
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