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Bretagne

Céréales : comment gérer le risque de verse ? 

A ce jour, la majorité des surfaces régionales de blé sont cultivées avec des variétés tolérantes à la verse. Alors que les céréales à paille se situent au stade épi 1 cm - 1 nœud, elles présentent des biomasses globalement correctes. La météo est plutôt clémente, avec des rayonnements excédentaires. Dans ce contexte agro-climatique, c’est le moment de se pencher sur la question du risque de verse en céréales.

Verse observée dans une parcelle d’orge en Bretagne

La génétique : le principal facteur de gestion de la verse

La tolérance variétale à la verse est importante à prendre en compte lors du choix de variétés et des interventions de régulateurs.

En blé, des variétés notées 6,5 ou plus sont résistantes à la verse, l’impasse de régulateur est la règle.

Figure 1 : Synthèse du niveau de verse observé dans des essais en blé tendre non régulés en fonction de la cotation de résistance variétale à la verse
Figure 1 : Synthèse du niveau de verse observé dans des essais en blé tendre non régulés en fonction de la cotation de résistance variétale à la verse
Source : environ 100 essais ARVALIS

Une règle d’autant plus importante que, sur le territoire breton, en 2024, plus de 50 % des surfaces sont cultivées en pures avec des variétés résistantes à la verse. À l’inverse, les variétés très sensibles, imposant un régulateur systématiquement, occupaient 5 à 10 % des surfaces jusqu’en 2015. Depuis, elles ont été écartées.

Figure 2 : Répartition du % de la surface bretonne de blé tendre selon la notation variétale sur le critère verse (uniquement variétés pures et notes CTPS connues)
Figure 2 : Répartition du % de la surface bretonne de blé tendre selon la notation variétale sur le critère verse (uniquement variétés pures et notes CTPS connues)
Source : ARVALIS / FranceAgriMer

L’usage d’un régulateur se réfléchit en fonction du risque agro-climatique de l’année, surtout pour les 25 % de la surface cultivée avec des variétés notées 5,5 ou moins (figure 3).

En orge, l’espèce est plus sensible à la verse. Privilégier également les variétés tolérantes. Néanmoins, si d’autres facteurs agro-climatiques favorisent la verse, une intervention peut être nécessaire (figure 4).

Les autres facteurs agro-climatiques

Des conduites de culture à risque, avec des biomasses importantes à fin tallage - épi 1 cm, sont favorables à la verse. On peut citer :

  • Des densités de semis trop élevées par rapport aux recommandations.
  • Des apports d’azote important à tallage (> 60 unités).
  • Un manque de fractionnement de l’azote (ex. : deux passages à tallage et épi 1 cm).

Une biomasse exubérante, avec un maintien de talles secondaires bien souvent inutiles pour le rendement (elles régressent rapidement courant montaison), augmente la concurrence entre plantes pour la lumière. Les céréales vont alors chercher la lumière en s’allongeant anormalement, fragilisant la tige.

Figure 3 : Grille régionale d’évaluation du risque verse blé tendre
Figure 4 : Grille régionale d’évaluation du risque verse sur orges d’hiver

Un ensoleillement défavorable à la verse pour cette année

Le manque de rayonnement amplifie la concurrence pour la lumière entre les plantes, les incitant à s’étioler. Toutefois, cette année, le rayonnement depuis fin février jusque début avril, est excédentaire ; les prévisions météo à venir confirment des journées ensoleillées. Cette séquence météo ensoleillée pour 2025 n’augmente pas le risque verse.

Carte 1 : Somme de rayonnement entre le 1er et le 31 mars 2025 en % de la médiane 2004/2024 – en fréquentiel
Carte 1 : Somme de rayonnement entre le 1er et le 31 mars 2025 en % de la médiane 2004/2024 – en fréquentiel

Vigilance sur l’intervention : les mauvaises conditions d’application peuvent faire perdre du rendement

Si une intervention est nécessaire (figures 3 et 4), vigilance aux conditions d’application des produits pour éviter les pertes. Notamment les amplitudes thermiques (écart de 15-20°C entre la température minimale et la température maximale), qui restent présentes sur cette fin de semaine et début de semaine prochaine.

Dans les essais, on observe parfois des pertes de rendement, pouvant aller jusqu’à 5-15 q/ha, liées à l’application de régulateur dans de mauvaises conditions. Ce risque de pertes est d’autant plus présent que le risque de verse est faible. Dans ces situations, on a donc plus à perdre qu’à gagner (figure 5).

Figure 5 : Évaluation sur 43 essais ARVALIS du gain ou de la perte de rendement sur des parcelles régulées comparées à des parcelles témoins sur blé tendre d’hiver, selon la note de verse de la variété de blé
Figure 5 : Évaluation sur 43 essais ARVALIS du gain ou de la perte de rendement sur des parcelles régulées comparées à des parcelles témoins sur blé tendre d’hiver, selon la note de verse de la variété de blé
La note de la verse repose sur une échelle de 0 à 10, avec 0 : absence de verse, 10 : verse maximale.
À retenir :
> En blé, 50 % de la surface bretonne est cultivée avec des variétés résistantes (note CTPS >= 6,5) ne nécessitant pas de régulateur.
> Dans les autres cas et pour l’orge, le risque va dépendre du niveau de sensibilité à la verse, du pilotage de l’azote, date et densité de semis, influençant l’état de biomasse de la parcelle (concurrence pour la lumière).
> Les mois de mars et avril ensoleillés n’augmentent pas le risque verse.
> Vigilance aux conditions d’application, notamment les amplitudes thermiques encore présentes cette année.

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