Orge d’hiver : un risque verse à évaluer à la parcelle
Souvent très denses à la montaison, les orges d’hiver et escourgeons sont plus exposés à la verse que le blé tendre. Il est donc essentiel de faire un diagnostic de ce risque. Focus sur les éléments à prendre en compte pour adapter sa stratégie régulateurs à la parcelle.
Sur orge, une verse peut engendrer d’importantes pertes de rendement et nuire à la qualité du grain, en particulier pour les variétés à orientation brassicole. Plus la verse sera précoce, plus les conséquences seront importantes.
Des sensibilités variétales différentes
Actuellement, il n'existe aucune variété d'orge totalement tolérante. Cependant, celles avec une note de verse au-dessus de 6 sont assez résistantes.
Parmi les variétés brassicoles recommandées, KWS Faro, KWS Joyau et Mascott sont des variétés peu sensibles à la verse, et Pixel est moyennement sensible. Les variétés d’orges à 2 rangs testées sont plutôt moins sensibles à la verse qu'une partie des escourgeons. Maltesse et Amandine affichent un bon comportement.
Figure 1 : Classement des variétés par rapport à la tolérance à la verse – synthèse pluriannuelle nationale (2008-2020)
D'autres facteurs : la nutrition azotée et le climat
Contrairement au blé tendre, en orge, le critère de la sensibilité variétale ne suffit pas à lui seul à envisager une impasse sur la régulation de la croissance. Il faut prendre en compte d’autres facteurs. Un excès d’azote peut provoquer un tallage excessif (en cas de premier apport conséquent) ou un allongement des entre-nœuds, ce qui augmente les risques. Pour la suite du cycle, le climat a bien entendu un impact : les printemps secs des dernières années sont plutôt défavorables à la verse.
Figure 2 : Principaux facteurs de risque de verse sur orge d'hiver
Une grille pour évaluer la pertinence d'une intervention
Une nouvelle grille testée cette année par ARVALIS et ses partenaires permet d’évaluer la pertinence d’une intervention sur orges.
Tableau 1 : grille d'évaluation du risque verse sur orge d'hiver - Source : ARVALIS, 2020.
En cas de printemps avec un faible rayonnement et un fort cumul de pluies, il faut passer à la classe de risque supérieur. A l’inverse, un printemps sec et doux avec un rayonnement correct diminue la classe de risque.
Pour quel programme de régulation opter ?
Une régulation adaptée permet de réduire le risque de verse ainsi que le risque de casse du col de l’épi (variétés actuellement cultivées moins sensibles à cet accident).
En l’absence de verse, l'emploi d'un régulateur est inutile, voire contre-productif. Des réductions de calibrage sont parfois signalées avec les spécialités à base de trinéxapac-éthyl (Moddus).
Les orges à 2 rangs sont plus sensibles aux excès d’activité de certains régulateurs. En conditions difficiles pour la croissance (stress azoté ou hydrique, températures froides), on observe parfois des réductions de hauteur importantes, d’où les doses plus faibles proposées sur les orges à deux rangs pour certains produits.
Figure 3 : Programmes de régulation sur orge d’hiver en 2020
(*) Remarques : sur orges à deux rangs réduire la dose de 20 % (MODDUS).
- Réduire également la dose de 10 à 20 % en conditions favorables à l'absorption du produit ou sur une végétation en état de stress.
- Ne pas dépasser la dose de 1 l/ha de Medax Top sur orge car risque de phytotoxicité en cas de mauvaises conditions.
Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état (indemnes de viroses, alimentées correctement en eau et en azote) et, si possible, dans des conditions climatiques favorables : temps poussant, lumineux et sans forte amplitude thermique (écarts inférieurs à 15 à 20°C). Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application, mais aussi durant les 3 à 5 jours suivants celle-ci.
Figure 4 : Conditions optimales de températures habituellement admises pour les principaux régulateurs
Dans le cas où deux traitements sont préconisés, se concentrer sur une seule intervention en bonnes conditions plutôt que deux dans des conditions non optimales. Une seule application au stade dernière feuille étalée permet d’avoir une efficacité proche de deux applications aux stades 1-2 nœuds puis dernière feuille étalée.
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