Céréales : aucun apport d’azote à envisager avant mi-février
Avec des céréales bien implantées, ayant des besoins azotés encore faibles, l’azote présent dans le sol sera largement suffisant pour les couvrir dans les prochaines semaines.
Quelles interventions prévoir pour assurer rendement et qualité ?
Aucun apport d’azote n’est nécessaire avant le 15 février, même s’il est possible règlementairement de le faire dès le 1er février. En effet, la minéralisation hivernale et l’absence d’épisodes pluvieux conséquents, et donc de lixiviation des éléments minéraux solubles, permettent une fourniture d’azote assurant l’intégralité des besoins actuels.
Pour les parcelles sales, les désherbages de rattrapage devront être réalisés dès que les conditions climatiques favorables seront réunies, et cela, avant tout apport d’engrais. Ceux-ci favoriseraient le développement des adventices et rendraient plus difficile leur contrôle.
Sur les sols où ce sera possible, une analyse des reliquats azotés permettra de mesurer plus précisément la quantité d’azote disponible pour les cultures, et ainsi d'optimiser ses apports.
Pour les semis tardifs, un petit apport au tallage sera à envisager à partir de mi-février dès que les conditions de bonne valorisation seront réunies (temps poussant, pluie d’au moins 10 mm annoncée).
La forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution adjuvantée ou pas) n’entraîne pas de retard dans la valorisation de l’apport et ne nécessite pas d’anticipation de la date d’épandage. La recommandation précédente s’applique donc quelle que soit la forme prévue.
Pourquoi ? Le point sur la situation
Le début de cycle 2021-2022 se distingue par un temps froid et sec, avec des cumuls de températures et de pluviométrie en dessous des normales. Ce climat, avec des conditions de semis le plus souvent excellentes, a permis un développement satisfaisant des cultures et de très bons enracinements. Avec un léger retard cumulé de -20 à -70°C jours pour des semis de fin octobre, les céréales mettent en place un tallage abondant, même dans les secteurs les plus humides. Les semis tardifs ont quant à eux pu profiter du radoucissement de fin décembre / début janvier et se situent entre 2/3 feuilles et début tallage. Malgré la faiblesse des précipitations et les températures plus fraîches, la minéralisation est restée relativement soutenue. Dans le même temps, la lixiviation actuelle de l’azote est pratiquement nulle ou extrêmement faible, y compris dans les secteurs les plus arrosés.
Plusieurs situations se distinguent, pouvant induire des priorités différentes :
- Dans les situations de semis précoces (autour du 10-20 octobre 2021), les céréales sont en plein tallage. Les températures très douces de fin octobre ont permis de très bonnes levées et une installation rapide des cultures pour toute cette première vague de semis. Les désherbages précoces ont pu être réalisés, avec souvent des défauts d’efficacité dus aux conditions sèches, notamment en prélevée. A ces dates, les levées de graminées (vulpins, ray-grass) sont plus abondantes et mettent encore plus en difficulté les programmes. En cas d’échec, la priorité est aux interventions de désherbage de sortie d’hiver. Dès que les conditions climatiques le permettent, un rattrapage est à envisager avant tout apport d’azote, qui rendrait la maîtrise des adventices plus difficile, voire impossible.
- Pour la majorité des parcelles, semées entre le 20 octobre et le 10 novembre 2021, les semis ont profité de températures favorables à la levée avant le retour des températures fraîches fin novembre. La plupart de ces parcelles sont aujourd’hui dans un état très satisfaisant : adventices mieux contrôlées (mais restent toujours des situations de fortes pressions de ray-grass non contrôlés en cette sortie d’hiver), faible pression JNO (jaunisse nanisante de l’orge), et surtout peuplement et croissance très satisfaisants. Les besoins azotés sont actuellement très faibles (de l’ordre de 0,3 kg N/ha/jour) et la minéralisation de la matière organique du sol suffit à les combler (bonne minéralisation et faible lixiviation). Même en cas de précédents moins favorables (maïs, sorgho ou tournesol ayant obtenu de bons rendements), l’état est à l’heure actuelle satisfaisant, et il est inutile d’effectuer des apports trop précoces qui seraient mal valorisés : les apports précoces ne sont que rarement valorisés à plus de 60 %, niveau qui diminue si les besoins sont faibles. Si une bande double densité (BDD) est en place, son suivi déterminera la stratégie à adopter. Pour l’instant, aucun signe de décoloration n’est identifié sur les bandes observées.
- L’arrière-saison froide et sèche a permis des implantations de mi-novembre à la veille de Noël de blé tendre, blé dur et orges de printemps dans de bonnes conditions. Après une levée plus lente, le redoux de fin décembre-début janvier permet une bonne reprise de végétation, amenant aujourd’hui les cultures entre 2/3 feuilles à début tallage. La croissance des céréales reste cependant aujourd’hui plus limitée, ces situations pourront être accompagnées d’un petit apport tallage à partir du 10-15 février 2022 dès que les conditions climatiques seront favorables à une bonne valorisation des apports.
Les orges de printemps semées fin novembre/mi-décembre 2021 atteignent à l’heure actuelle le stade 2/3 feuilles. Comme les autres céréales semées tardivement, il sera nécessaire d’accompagner leur croissance avec un petit apport courant tallage, mais il est préférable de s’orienter vers des fractionnements plus proches des céréales d’automne, en prévoyant un apport de 40-50 kg N/ha début tallage et le complément de dose à l’approche du stade épi 1 cm. Pour ne pas louper les situations favorables (objectif : affiner le potentiel de rendement pas facile à établir actuellement), il sera possible d’utiliser le N-tester pour corriger des carences éventuelles. Il faudra penser dans ce cas à prévoir une bande sur-fertilisée pour réaliser un diagnostic plante à 1 nœud.
Carte 1 : Cumul de précipitations en Poitou-Charentes, Vendée entre le 1er octobre 2021 et le 22 janvier 2022
Quid de la fertilisation soufrée ?
Le soufre se comporte d’une façon similaire à l’azote dans le sol : sa disponibilité dépend notamment des apports sur la culture précédente, de la minéralisation en cours d’automne, d’hiver et au printemps et de l’intensité du lessivage. En sol superficiel, les conditions de l’année sont pour le moment favorables et devraient réduire les risques de carences. Le stade d’apport le plus approprié est fin tallage : il est donc préférable d’attendre au moins mi-février pour les semis d’octobre, et plus tard pour les semis plus tardifs de novembre.
Pour prendre en compte la pluviométrie effective (entre le 1er octobre et le 1er mars pour identifier le niveau de risque dans la grille dédiée), un point complet sera fait lors de la prochaine messagerie azote mi-février. Les ajustements de doses en fonction des types de sol et des quantités de pluie seront alors réactualisées. Dès maintenant, la carte de pluie entre le 1er octobre 2021 et le 22 janvier 2022 (carte 1) permet toutefois de repérer les zones les plus à risque.
Message rédigé par ARVALIS - Institut du végétal avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente, de Charente-Maritime, de la Vienne, CEA Loulay, Coop de Mansle, Coop de Matha, Coop Sèvre et Belle, Océalia, Ets Piveteau, Soufflet.
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