Céréales : en sortie d'hiver, désherber avant de fertiliser
Dans un contexte 2024 où un apport d'azote au tallage est conseillé dans les parcelles de céréales touchées par les excès d'eau, il faudra penser à désherber avant de fertiliser. Si un désherbage de rattrapage est nécessaire en sortie d’hiver, les passages précoces sont à privilégier, non seulement pour lever au plus tôt la concurrence des adventices, mais aussi pour optimiser la fertilisation des cultures. Si l’azote est apporté sur une culture non désherbée, celui-ci bénéficie autant aux adventices qu’à la culture.
Afin de préserver le rendement de la culture et optimiser l’efficacité des herbicides, il est essentiel de désherber avant, ou dans les jours suivants le premier apport d'azote. Le désherbage est alors plus efficace, les adventices étant jeunes et non stimulées par la fertilisation. En tout état de cause, il ne faut pas laisser plus de deux semaines entre les deux opérations, surtout si aucun désherbage n'a été réalisé à l'automne.
Voilà ce qui ressort des essais mis en place par ARVALIS à Boigneville (91) lors de la campagne 2009-2010 sur ray-grass.
Figure 1 : Effet du positionnement des herbicides, par rapport au premier apport azoté, sur l'efficacité sur ray-grass (3 essais)
Le reliquat de sortie d'hiver réalisé mi-janvier était de 30 unités.
Les spécialités étudiées ici sont foliaires en sortie d'hiver et racinaires pour l’application d’automne. Les niveaux d’efficacité sont globalement bons à très bons. Aucune différence significative n’est observée, même si le positionnement le plus tardif est légèrement en retrait.
Trois niveaux de fertilisation étaient travaillés par date d’application, mais cela n’a pas eu d’influence sur l’efficacité finale du désherbage. Les trois efficacités obtenues sont donc moyennées par date d’application dans la figure 1. En revanche, la date de désherbage est essentielle à la bonne efficacité. Ainsi, les désherbages précoces (au moment du premier apport) sont les plus efficaces (98 % en moyenne). Potentiellement pénalisées par de possibles relevées, les modalités désherbées à l’automne ont des efficacités inférieures mais elles restent très intéressantes, à 94 % en moyenne. Ces efficacités restent cependant supérieures d’une dizaine de points aux applications réalisées après le premier apport (84 %). Par ailleurs, il est intéressant de noter que ces applications d’automne préservent le rendement de la culture, par une levée précoce de la concurrence.
Toutes les modalités désherbées après l’apport d’azote sont désavantagées.
Figure 2 : Rendement en fonction de l'époque de désherbage et du niveau de fertilisation au premier apport
Seules les modalités présentant des lettres différentes sont significativement différentes entre elles. Etude statistique à l’aide d’un test de Newman-Keuls à 5 %.
En termes de rendements, fertiliser avant de désherber représente un manque à gagner de 13 q/ha par rapport à une situation de désherbage avant ou au moment du premier apport.
Au-delà du facteur " fertilisation ", le plus important à retenir est que les désherbages précoces (à l'automne ou en sortie d'hiver) sur les flores classiques sont techniquement les plus favorables pour préserver le potentiel de la culture. Attention tout de même aux adventices " atypiques " qui peuvent germer plus tardivement (folle-avoine, gaillet, ammi majus, etc.) : elles nécessiteront une intervention spécifique.
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