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Hauts-de-France

Blés : assurer la protection contre les maladies à l’approche de la floraison

Les conditions pluvieuses persistent, les cumuls ne cessent d’augmenter depuis l’épiaison. Les parcelles de blé sont au stade floraison, ou presque : c’est le moment d’évaluer le risque maladies, notamment fusarioses et septoriose, afin de décider d’une intervention fongicide ou non.

Epis de blé tendre fusariés en Hauts de France

Des conditions propices aux maladies de fin de cycle

Carte 1 : Cumuls de pluies du 10 au 20 mai 2024

Carte 1 : Cumuls de pluies du 10 au 20 mai 2024

Les cumuls de pluies de mai sont importants et les températures oscillent autour de 15°C (avec des variations entre journées), les conditions climatiques sont donc propices au développement des maladies de fin de cycle :

  • Pour la septoriose : les pluies régulières des dernières semaines continuent de disséminer les spores d’étages foliaires en étages foliaires par effet « splashing ». Le risque de l’année reste globalement élevé et nécessite un relais de traitement dans les 15-20 j suivant le traitement à dernière feuille.
  • Pour les fusarioses des épis : le climat du printemps a été favorable à la maturation de l’inoculum (pluies et températures supérieures à 10°C) ; puis les conditions pluvieuses autour de la floraison (+/-7jours) favorisent les contaminations. Les pluies annoncées cette semaine et la semaine prochaine autour de la floraison nous amènent à ne pas négliger le risque, après plusieurs années au risque très faible, surtout dans les situations agronomiques à risque.

A noter : Les fusarioses de l’épi est un complexe de nombreuses espèces. Il existe deux grands genres de fusarioses qui peuvent coexister sur une même plante : Fusarium, dont l’espèce F. graminearum responsable de la production de mycotoxines de type DON (pour rappel, les normes de DON ont été abaissées de 1250 µg/kg à 1000 µg/kg pour les lots destinés à l’alimentation humaine et animale pour la prochaine récolte), et Microdochium spp. L’équilibre entre les deux genres est très complexe : il est communément admis que Microdochium prend le dessus en cas de températures fraîches alors que F. graminearum est favorisé par des températures plus proches de 20°C.

Attention aux confusions

Les conditions pluvieuses, fraîches et associées à un faible rayonnement que nous connaissons actuellement peuvent également être favorables au développement de Microdochium sur feuilles (Microdochium majus et Microdochium nivale).

 

Septoriose
(Zymoseptoria tritici)
 

photo

Symptômes :

  • taches brunes rectangulaires ou ovales ou taches blanches allongées avec présence de pycnides.

Microdochium sur feuilles
(Microdochium majus et Microdochium nivale)

photo

Symptômes :

  • Nécrose vert bouteille qui s’étend le plus souvent avec le développement d’une bordure jaune.
  • Forme ovoïde irrégulière.
  • Les symptômes sont observés de manière symétrique sur les deux faces de la feuille.

Attention, la présence de Microdochium sur feuilles n’implique pas sa présence automatique sur épis.

En cas de doute, n’hésitez pas à mettre quelques feuilles dans une bouteille plastique avec un peu d’eau pendant 24/48 h à température ambiante et observer, si présence de pycnides, vous êtes en présence de septoriose.

  • La rouille brune est présente très précocement, depuis le début de la montaison dans la région. Son développement restait relativement discret en l’absence de températures chaudes (> 25°C) jusqu’ici, mais il faudra surveiller les variétés sensibles (Pondor, Celebrity, Intensity…) à la faveur d’un redoux dans les semaines qui viennent.

Evaluer le risque à la parcelle

Les blés de la région ont tous reçu une protection autour du stade dernière feuille étalée, c’est le traitement pivot pour lutter contre la septoriose. En fonction de la dose utilisée, la durée de protection oscille autour de deux-trois semaines. Ces dernières années, le temps sec et ensoleillé de la fin de cycle freinait le développement des maladies et le gain réel d’un T3 à floraison restait plutôt faible. Mais, en situations météo inverses comme cette année, un relais à floraison permet de prolonger le fonctionnement photosynthétique des feuilles et de capter les derniers quintaux.

En plus du climat, le risque fusarioses est fortement influencé par le précédent et la gestion des résidus de culture, le travail du sol et la sensibilité variétale.

→ En précédent colza, lin…, la protection contre les fusarioses est recommandée sur variétés sensibles lorsqu’un cumul de pluies de 40 mm est atteint autour de la floraison (+/- 7 jours). Ce seuil est le même en précédent betteraves et pomme de terre pour des implantations de blés en labour.
→ Les précédents maïs sont les plus sensibles : ainsi, même en utilisant une variété peu sensible fusa, un traitement est recommandé dès lors que le cumul de pluie autour de la floraison dépasse 10 mm.

Tableau 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (T = traitement recommandé)

Tableau 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (T = traitement recommandé)

Quelle intervention réaliser ?

Les traitements fongicides disponibles vont être efficaces contre la septoriose mais l’efficacité contre les fusarioses n’est pas totale (ils atteignent dans le meilleur des cas 60 à 70 % d’efficacité). Il faut donc s’appuyer sur les leviers disponibles (rotation, variété, travail du sol) et réaliser les traitements préventivement (début floraison) avec des doses suffisantes.

Parmi les substances actives les plus efficaces, le prothioconazole est la seule à présenter une grande polyvalence sur les principales espèces du complexe des fusarioses. Les traitements de type prothioconazole + tebuconazole (Prosaro/Kestrel) sont les références sur épis, efficaces sur Fusarium graminearum, Microdochium spp., septoriose et rouille brune, dans la mesure où vous n’avez pas grillé vos cartouches en utilisant ce type de traitement au T1.

D’autres spécialités à base de tébuconazole, de bromuconazole ou de metconazole permettent également de lutter efficacement contre la septoriose et F. graminearum, mais présentent un intérêt plus limité sur les espèces du genre Microdochium. L’ajout d’une strobilurine est possible pour lutter contre les rouilles ou Microdochium.

En cas de risque élevé de fusariose, augmenter la dose du T3 (Prosaro 0,8 l/ha par exemple).

/!\ On ne le répète jamais assez mais veiller à l’alternance des matières actives pour ne pas favoriser l’apparition de résistances, surtout dans l’objectif de maintenir l’efficacité des solutions fongicides pour les années à venir !

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  • Bel article, bien documenté et argumenté comme d'habitude. Cela étant, les associations prothio + metco ou prothio + difénoco) sont autorisées et elles sont inédites dans les offres commerciales et dans la nature. En extrapolant les synergies entre les triazoles que vous nous avez montré dans la passé (époxi + mécto et dinfénoco + tébuco), il est dommage de ne pas les évoquer comme solution avec un bémol il est vrai, c'est la faiblesse de ces deux solutions sur rouilles (brune principalement), mais avec une base Elatus + et sans sous dosage ou autre solution avec 0,4 d'Az sur une DFE, cela passe sans problème.
    AGROMETIS.

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