Blé tendre : si nécessaire, apporter une trentaine d’unités d’azote, malgré l’absence de pluie
Alors que la majorité des blés tendres atteignent la fin de montaison (entre 3 nœuds et fin gonflement), les diagnostics de nutrition azotée indiquent des besoins dans de nombreuses parcelles. Un petit apport peut être positionné malgré les conditions sèches.
Les apports d’azote réalisés de mi-février à fin mars ont globalement été bien valorisés. Dans la majorité des parcelles, les premiers ont été positionnés avant l’épisode de pluie fin février/début mars, avec des compléments avant les pluies de début avril.
Figure 1 : Pluviométrie du 15 mars au 15 avril 2022
Figure 2 : Pluviométrie 15 avril au 1er mai 2022
L’absence de pluie depuis mi-avril sur l’ensemble de la région interroge sur la faisabilité et la valorisation des derniers apports d’azote sur blé tendre. Cette météo séchante fin avril (et début mai pour les prévisions) étant anormale par rapport à ce que l’on rencontre habituellement ces vingt dernières années. Toutefois, les blés arrivent en fin de montaison, stade où les besoins en azote sont importants (de l’ordre de 3,3 kg/j).
Quelle stratégie adopter ?
L’inconnue reste évidemment la date de retour des pluies et son intensité. Or, dans de nombreuses situations, les outils de pilotage indiquent de réaliser un apport d’azote. Bien qu’il ait été démontré qu’il est nécessaire de viser une période pluvieuse (15 mm dans les 15 jours) pour une valorisation optimale de l’azote, dans ce cas où les précipitions font défaut, il est recommandé de minimiser la dose en fractionnant les apports. Un apport modéré (30-40 unités) peut permettre de répondre à l’urgence..
Adapter son raisonnement au stade de la culture : ne pas dépasser dernière feuille - gonflement
Il est important d’intervenir en priorité sur les blés les plus avancés, proches de l’épiaison. Pour les céréales en cours de montaison, il y a moins d’urgence pour apporter l’azote, en espérant un retour des pluies.
À partir de l’épiaison, les apports d’engrais contribuent à alimenter les grains en protéines, mais ne permettent plus d’optimiser le rendement.
Les très nombreux essais de fractionnement ont démontré qu’un report d’une partie de la dose totale en fin de montaison (entre 2-3 nœuds et dernière feuille étalée) procure en moyenne deux quintaux de rendement et 0,2 à 0,5 % de protéines supplémentaires.
Entre épiaison et floraison, la réponse à un apport d’engrais se traduit par une augmentation de la teneur en protéines des grains mais le rendement ne progresse pas autant que lorsqu’il est réalisé à montaison.
Après épiaison, en conditions favorables, la culture continue d’absorber de l’azote.
Après floraison, les composantes de rendement impactées par l’azote - nombre d’épis et nombre de grains - sont fixées ; passé ce stade, un apport ne permettra pas de rattraper le potentiel de rendement perdu sous l’effet d’une carence.
Adapter son raisonnement à la forme d’engrais
À noter que, dans ces mauvaises conditions de valorisation, certaines formes d’azote sont à privilégier. L’ammonitrate ou les urées additionnées d’un inhibiteur de l’uréase seront moins sensibles à l’absence ou à un retard de pluie et aux pertes par volatilisation. Ainsi, pour ce dernier apport d’azote, préférer les formes solides.
La solution azotée est très sensible aux pertes par volatilisation ammoniacale avec un risque de moindre efficacité. Attention, dans ce dernier cas, aux risques de brûlures des épis, qui incitent une fois de plus à ne pas dépasser le stade gonflement pour le dernier apport.
Les engrais foliaires ne sont pas mieux valorisés que l’ammonitrate - ils ont un même niveau d’efficacité - et nécessitent les mêmes conditions de pluviométrie.
Tableau 1 : Efficacité des différentes formes d’azote et des conditions de valorisation
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.