Blé tendre à début montaison : surveiller l’évolution des maladies
En raison de l’avancement des stades du blé, il est nécessaire de rester vigilant quant au risque maladies comme la rouille jaune et la septoriose. Les conditions climatiques à venir seront déterminantes.
Les céréales poussent, les stades galopent et affichent une avance de 10-15 jours par rapport aux normales (le stade 1 nœud est prévu au 29 mars dans la région cette année) ; à l’exception des parcelles du nord et du Pas-de-Calais, gorgées d’eau, qui végètent et sont plus en retard.
Un climat chaud et humide
Depuis le semis, les cumuls de températures sont largement excédentaires aux cumuls des trente dernières années. En parallèle, la pluie est de la partie depuis mi-octobre et ne semble pas vouloir nous quitter. Le début de campagne 23-24 est donc particulièrement chaud et humide.
Figure 1 : Cumuls de températures et de pluies du 1er octobre au 27 mars
Ces conditions sont plutôt favorables au maintien de l’inoculum ou au développement de divers champignons responsables des principales maladies des céréales à paille : septoriose, piétin-verse, piétin échaudage… On peut d’ores et déjà observer de la septoriose en fond de cuve ou sur les f3 du moment, ou quelques pustules de rouille brune par exemple.
Mais, ce sont les conditions météorologiques à partir de la montaison qui seront déterminantes sur le risque fongique réel de l’année ! Les premières observations de sortie d’hiver permettent d’avoir une idée de l’inoculum présent mais pas d’évaluer une future pression maladies. Il est toutefois possible de donner dès aujourd’hui une tendance sur le « risque a priori » sur certaines maladies en fonction des éléments climatiques de l’automne-hiver.
Un risque rouille jaune faible… mais à surveiller en bordure maritime ou sur variétés sensibles
Le modèle ARVALIS Crustyello permet d’estimer le risque d’apparition de la rouille jaune selon la date de semis du blé, la sensibilité variétale et d’autres variables climatiques. A ce jour, le risque 2024 est comparable à l’année dernière sur variétés sensibles, donc faible, avec un niveau tout de même un peu plus élevé en bordure maritime (Pas-de-Calais ou Flandres maritimes), mais bien plus faible que l’année de référence haute 2014 (cartes 1 à 4). On peut voir apparaître les premiers symptômes sur variétés sensibles semées précocement.
Nous en profitons pour rappeler que le premier levier de lutte reste le choix de la variété : NE PAS SEMER DE VARIETES SENSIBLES A LA ROUILLE JAUNE EN ZONE A RISQUE !
Cartes 1 à 4 : Risque rouille jaune estimé par le modèle CRUSTY_v3 semaine 12 (du 18/03 au 24/03/24) pour une variété Sensible (4) à la rouille jaune
Pour une variété moyennement sensible à la rouille jaune, le risque estimé par le modèle reste faible cette année.
Cependant, la vigilance reste de mise et les conditions climatiques dans le mois à venir seront déterminantes : il ne faut pas hésiter à aller observer dans les parcelles avec la remontée des températures, en commençant par les situations les plus à risque (bordure maritime et variétés sensibles notes <=6).
Si une intervention est nécessaire, en cas de foyers actifs sur variétés sensibles notamment, utilisez une triazole efficace (tébuconazole, metconazole, bromuconazole…) associée ou non à une strobilurine (azoxystrobine, pyraclostrobine) en veillant à l’alternance des matières actives lors des prochains traitements (on ne veut pas exercer une pression de sélection inutile sur la septoriose).
• Pour les variétés sensibles et moyennement sensibles (note ≤ 6) comme Campesino, RGT Sacramento, Complice, Celebrity…
A partir du stade épi 1 cm, le seuil de nuisibilité est atteint en présence de foyers actifs de rouille jaune (pustules pulvérulentes).
A partir de 1 nœud, le seuil de nuisibilité est atteint dès les premières pustules.
• Pour les variétés résistantes (note > 6) comme Chevignon, KWS Extase, Junior, Intensity, Pondor…
A partir du stade 2 nœuds, le seuil de nuisibilité est atteint dès les premières pustules.
Notons que pour ces variétés avec une note > 6, la résistance « s’installe » à 2 nœuds : quelques pustules peuvent ainsi faire leur apparition avant mais on ne déclenche pas d’intervention.
Pour votre information, les résultats de l’enquête de suivi des races de rouille jaune 2023 indiquent très peu d’évolution par rapport aux années précédentes, avec toujours une domination de la race de rouille jaune Amboise (Warrior -).
Un risque septoriose prévu comme élevé… mais qui sera dépendant des conditions climatiques durant le reste de la montaison
L’inoculum primaire de septoriose en sortie d’hiver, estimé par le modèle Septo-LIS® est élevé, plus haut que l’an passé. Cet inoculum est issu de contamination hivernale favorisée par le climat chaud et humide. La météo de mars et des prochains jours (alternance de pluie et de jours chauds) est également très favorable à la maladie.
Cartes 5 à 7 : Inoculum de septoriose prévu par le modèle Septo-LIS® au stade épi 1 cm
Cependant, ce sont les conditions climatiques entre le stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) et la floraison qui sont déterminantes sur la nuisibilité finale de cette maladie, l’inoculum septoriose étant rarement limitant en Hauts-de-France. Si les pluies perdurent le risque s’accentuera. Si comme l’an passé, le risque démarre très fort mais que les pluies s’arrêtent (autour du 10 mai en 2023), la progression et donc la nuisibilité de la maladie peuvent être fortement freinées.
A ce jour, les modèles n’indiquent aucun déclenchement précoce à 2 nœuds, mêmes pour les variétés sensibles. Mais pour les parcelles avancées en stade et implantées avec une variété sensible, le déclenchement a lieu avant le stade dernière feuille pointante : un T1 peut déjà être envisagé dans ces situations. Les parcelles plus tardives ou implantées avec des variétés résistantes, sont pour le moment moins exposées. Le risque sera à réévaluer dans les prochains jours et l’impasse T1 sera à raisonner en fonction de la météo d’avril.
• pour les variétés sensibles : 20 % des f2 déployées du moment touchées,
• pour les variétés peu sensibles : 50 % des f2 déployées du moment touchées.
Aujourd’hui, 59 % des surfaces de la région sont implantées avec des variétés peu sensibles à la septoriose (note ≥ 6,5) ET rouille jaune (note ≥ 7), permettant la non-systématisation d’un T1 au stade 2 nœuds. L’application d’un T1 sur ce type de variétés sans déclenchement de modèle ou observation au seuil est non avenue et ne sera pas valorisée techniquement ni économiquement. Le choix variétal est donc votre meilleur allié dans la gestion des maladies.
Retrouvez les préconisations fongicides Hauts-de-France ainsi que nos exemples de programmes dans le guide régional "Choisir & Décider - blé tendre - Interventions de printemps 2024"
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