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Stratégie fongicide sur blé dur : nos préconisations pour le bassin méditerranéen

Raisonner la protection du blé dur contre les maladies passe par plusieurs étapes, ce qui revient à répondre à plusieurs questions pour s’ajuster au mieux à chaque contexte : de quelles maladies doit-on se prémunir ? A quelle nuisibilité doit-on faire face ? Quel investissement prévoir pour combien de traitements a priori ? Comment ajuster le tir en cours de campagne ? Voici les éléments de réponse pour la région Méditerranéenne.

Rouille brune : variété Dakter
GUIDE DE CULTURE BLÉ DUR - Accès rapides

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Préconisations ARVALIS pour le choix de programme fongicides par bassin de production :
     > Bassin Centre
     > Bassin Ouest Océan
     > Bassin Sud-Ouest
     > Bassin Sud-Est

A lire dans cet article :
- De quelles maladies doit-on se prémunir de manière générale ?
- A quelle nuisibilité doit-on s’attendre ?
- Combien de traitement prévoir ?
- Quel investissement prévoir a priori ?
- Nos propositions de programmes fongicides
- Comment s’ajuster si la pression maladies augmente ou diminue ?

De quelles maladies doit-on se prémunir de manière générale ?

Dans le Sud-Est, le blé dur est généralement affecté par la septoriose et la rouille brune. Cette dernière est la maladie la plus nuisible historiquement. Elle arrive généralement tardivement en fin de cycle, mais peut arriver parfois courant montaison, surtout sur des variétés plus sensibles.

Il suffit d’une petite attaque pour occasionner de gros dégâts. Il est donc nécessaire de ne pas négliger les protections tardives et d’être réactif en cas d’attaque précoce (ne pas laisser la situation dégénérer).

Quant à La septoriose, elle est présente chaque année. Elle peut arriver assez précocement, mais son développement est généralement ralenti par des épisodes de sécheresse. Néanmoins, certaines années, comme en 2024, des dégâts peuvent être observés. A surveiller sur variétés sensibles.

Dans une moindre mesure, la rouille jaune et l’oïdium peuvent être observées dans la région. Même si elle n’est pas présente chaque année, la rouille jaune peut occasionner des dégâts non négligeables quand elle est installée : son développement « explosif » peut provoquer une dissémination très rapide de la maladie sur la parcelle. Quant à l’oïdium, il est assez fréquent sur le littoral, mais son impact reste souvent mineur car facilement contrôlable.

Enfin, des fusarioses peuvent également se développer, mais dans une moindre mesure par rapport à d’autres bassins de production. Les fins de cycle de plus en plus séchants limitent les risques, mais une surveillance est de mise s’il pleut pendant la floraison. Pour mémoire, en 2018, les fusarioses avaient eu un gros impact sur le rendement.

Pour rappel : les septorioses et les rouilles brunes sont assez spécifiques de l’espèce, ce qui veut dire que la rouille brune ou la septoriose du blé tendre n’attaque pas le blé dur, et inversement. Leur présence sur blé tendre n’est pas synonyme de présence sur blé dur, même sur des parcelles voisines.

A quelle nuisibilité doit-on s’attendre ?

La nuisibilité attendue est la conjonction de la nuisibilité moyenne, de la tolérance variétale aux maladies et du système de culture. Dans la région, la nuisibilité moyenne est autour de 13,5 q/ha, mais elle peut varier de 8 à plus de 25 q/ha selon les années et les variétés.

Figure 1 : Nuisibilité des variétés de blé dur dans le Sud-Est (moyenne 2013-2024)
Figure 1 : Nuisibilité des variétés de blé dur dans le Sud-Est (moyenne 2013-2024)

Les effets variétaux sont forts, du simple au double avec les variétés cultivées actuellement. Cela va conditionner le niveau de protection et le nombre de passage à prévoir.

Aujourd’hui, les variétés plus sensibles aux maladies telles que Miradoux et Relief ne sont plus cultivées en Méditerranée, ou de manière anecdotique.

Parmi les principales variétés, RGT Voilur, RGT Belalur et Rocaillou (encore peu de recul sur cette variété) semblent dans notre région présenter moins de risque de nuisibilité. Quant à Anvergur, elle est un peu plus sensible car elle peut prendre de la rouille brune certaines années.

Bien évidemment, certaines situations agronomiques sont favorables au développement précoce des maladies et augmentent la nuisibilité : semis précoces, sols limoneux, précédent paille favorable à la septoriose.

Combien de traitement prévoir ?

Dans la région, la protection des blés durs contre les maladies s’appuie sur un traitement pivot sur la dernière feuille (T2). Sur parcelles à faibles potentiels (30 à 40 quintaux), ce traitement peut suffire, mais un deuxième traitement (appelé T3) pourra être réalisé sur l’épi en cas de risque de fusarioses s’il pleut en fin de cycle.

Sur les parcelles à plus fort potentiel (plus de 50 quintaux), il est conseillé de compléter le traitement à dernière feuille avec une protection de l’épi (T3) afin de maintenir les dernières feuilles vertes le maximum de temps pour le remplissage du grain.

Lors d’une année où la pression parasitaire est forte et précoce (surtout en présence de rouille brune ou rouille jaune) ou en présence de variétés sensibles, la protection pourra s’appuyer sur un traitement supplémentaire courant montaison des blés (T1).

Figure 2 : Les stratégies possibles de protection du blé dur contre les maladies en Méditerranée

Une protection précoce rarement utile

La protection précoce, au stade 2 nœuds (T1), n’est généralement pas nécessaire dans la région. Ce traitement vise essentiellement une arrivée précoce de rouille jaune, de rouille brune ou d’oïdium (plus rarement de septoriose). Avant le stade 2 nœuds, une intervention contre la rouille brune ou la septoriose n’a jamais montré d’intérêt.

Les fongicides à privilégier : A 2 nœuds, en présence uniquement de septoriose, plusieurs solutions sont possibles : 100 % biocontrôle (soufre, phosphonate de potassium), biocontrôle associé à du folpel, ou encore une triazole efficace (metconazole par exemple).

En présence simultanée de septoriose et de rouille brune à ce stade, on privilégiera une association de triazole (metconazole ou tébuconazole par exemple) avec du folpel ou du soufre pour limiter les risques de résistance, ou avec une autre triazole  selon les budgets et les potentiels.

En cas d’attaque de rouille jaune très précoce, un traitement est recommandé avant le stade 2 nœuds (T0) mais pas avant épi 1 cm. Les produits à base de triazoles (tébuconazole ou metconazole par exemple) ont une efficacité très satisfaisante sur cette cible. Ils peuvent être complétés éventuellement par une strobilurine.

Une protection à dernière feuille indispensable

La protection des feuilles au stade dernière feuille étalée (T2) est généralement nécessaire tous les ans pour protéger les trois dernières feuilles contre la septoriose et la rouille brune, et garantir un rendement optimal.

Les fongicides à privilégier : A ce stade, les équilibres triazoles / SDHI / strobilurines amènent de très bonnes efficacités. Il est parfois possible de se passer de strobilurine mais, sur dominante rouille brune, elles restent les matières actives les plus efficaces. La seule SDHI qui peut se passer de strobilurine pour lutter contre la rouille brune est le benzovindiflupyr contenu dans les spécialités à base d’ELATUS (ceci est vrai pour le blé dur et pas pour le blé tendre où les souches de rouille brune sont devenues plus résistantes).

Une protection de l’épi à assurer en fonction de la météo et du potentiel

La protection de l’épi (T3) doit être réalisée idéalement au début de la floraison quand les premières étamines apparaissent. Si le traitement est réalisé avant le début de la floraison ou après, l’efficacité des molécules est réduite.

Les fongicides à privilégier :  Sur la cible Fusarium graminearum et Microdochium spp. seul le prothioconazole est efficace sur ces deux cibles. Il convient donc de garder cette molécule pour ce traitement et l’associer à d’autres triazole pour augmenter son efficacité si rouille brune.

A noter que, pour maintenir la qualité sanitaire, il convient d’éviter l’utilisation de l’azoxystrobine et de la pyraclostrobine. En revanche, la fluoxastrobine (Fandango S) peut être utilisée en T3 pour lutter contre les fusarioses. Les résultats acquis ont montré que les effets négatifs observés sur la qualité sanitaire, du fait de l’utilisation des strobilurines à la floraison, étaient généralement absents ou peu marqués avec cette molécule.

Quel investissement prévoir a priori ?

En reprenant l’ensemble des courbes de réponses aux fongicides en blé dur, il est possible de calculer l’optimum technico-économique en fonction de la nuisibilité. Pour cela, on résonne en gain net (en retranchant le prix des produits appliqués). Il faut donc prendre en compte les prix attendus du blé dur (en moyenne entre 280 et 350 €/t ces dernières années). Plus le prix du blé dur est haut, plus l’optimum technico-économique va être élevé.  A l’inverse, si le prix est attendu bas, seul les programmes à très bon rapport production/prix seront privilégiés.

Tableau 1 : Enveloppe fongicide optimale en fonction de la nuisibilité attendue et du prix du blé dur attendu

Nos propositions de programmes fongicides

Nos propositions croisent l’ensemble des paramètres essentiels à la construction d’un programme de protection contre les maladies : variétés, maladies fréquentes, nuisibilité habituelle, nombre de traitement, investissement à envisager. Elles prennent en compte les recommandations inscrites dans la note commune Inrae, ARVALIS, Anses pour limiter le développement de résistance : pas plus d’un SDHI et d’une strobilurine par an, alterner les triazoles au cours de la saison (éviter d’utiliser 2 fois la même matière active), privilégier les molécules les plus efficaces contre les maladies présentes.

CANAILLOU, RGT VANUR, ROCAILLOU, RGT BELALUR, RGT VOILUR, CABAYOU, RGT INSIEMUR, ANVERGUR sont quelques variétés cultivées en Méditerranée qui ont un profil plutôt tolérant aux maladies. Sur ces variétés, la nuisibilité attendue se situe entre 10 et 15 q/ha, ce qui correspond à un investissement optimal a priori entre 75 et 95 €/ha. Pas de traitement précoce à prévoir (T1) (tableau 2), excepté sur RGT VANUR et ANVERGUR si année à très forte pression (rouille brune notamment).

Tableau 2 : Nuisibilité moyenne des maladies (en q/ha) sur blé dur selon la variété
Tableau 2 : Nuisibilité moyenne des maladies (en q/ha) sur blé dur selon la variété
Téléchargez nos propositions de programme en Méditerranée sur variétés plutôt tolérantes
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Dans les propositions de programme, les solutions proposées sont techniquement comparables. Il existe cependant quelques nuances en fonction de la maladie visée.

Comment s’ajuster si la pression maladies augmente ou diminue ?

Tous les points précédents permettent de construire un programme de protection a priori. Il est important de l’ajuster en fonction de l’évolution des maladies à la baisse ou à la hausse. Généralement, l’investissement calculé a priori s’ajuste de plus ou moins 40 €/ha.

En fonction des observations et des maladies, il existe des seuils d’intervention. En dessous de ces seuils, la maladie n’est pas une problématique technico-économique et le retour sur investissement n’est pas assuré. A l’inverse, quand les seuils sont dépassés, la nuisibilité doit être levée.

Pour suivre l’évolution des maladies en cours de campagne, consultez le bulletin de santé du végétal de la zone Arc Méditerranéen.
 

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