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Poitou-Charentes

Azote sur blés : relever le double défi rendement et teneur en protéines

La teneur en protéines est l’un des critères attendus dans les cahiers des charges aussi bien au niveau national que sur les marchés de l’export. Le pilotage et le positionnement du dernier apport d’azote représentent le levier actuellement mobilisable pour atteindre l’objectif de 11,5 % de protéines, teneur minimale pour la majorité des cahiers des charges. De plus en plus souvent, la demande progresse pour des blés très qualitatifs autour de 12 % de teneur en protéines.

Apport d’azote sur blé en Poitou-Charentes

Deux sources d’azote pour le grain

La quantité d’azote présente dans le grain à la récolte provient :

  1. A 80 %, de remobilisation de ce que la plante a absorbé comme azote avant floraison, qui sont contenus dans les tiges et les feuilles.
  2. A 20 %, de l’azote absorbé post-floraison, issu principalement de l’azote minéralisé à partir de la matière organique du sol ou éventuellement apporté par une fertilisation.

L’azote absorbé tardivement par la plante en fin de montaison/début épiaison va majoritairement être stocké dans les organes proches du grain (dernières feuilles, col de l’épi, futur épi), le rendant facilement mobilisable par les grains.

La teneur du grain en protéines est le résultat de la dilution de cette quantité totale d’azote dans l’amidon du grain synthétisé lui sur un tout autre rythme : environ 80 % de l’accumulation de la matière sèche du grain provient de la photosynthèse après floraison.

Le calendrier d’absorption d’azote et d’élaboration du rendement est déterminant : un couvert exubérant en début montaison va stocker l’azote dans les parties éloignées de l’épi, non récoltées, et donc, réduire la part transférable au grain courant remplissage.

Figure 1 : Teneurs en protéines moyennes par année en blé tendre de 2004 à 2024 – zone Nouvelle-Aquitaine
Figure 1 : Teneurs en protéines moyennes par année en blé tendre de 2004 à 2024 – zone Nouvelle-Aquitaine
Source : FranceAgriMer / enquête qualité collecteurs

Diagnostiquer le besoin de la parcelle pour ajuster la dose du dernier apport

Depuis le 25 mars, les pluies sont très faibles. Dans les sols superficiels, les réserves en eau s’épuisent. A l’heure actuelle, aucune pluie significative n’est prévue avant le 20 avril au plus tôt et les prévisions ne laissent entrevoir que des averses irrégulières.

Compte tenu de la bonne valorisation des apports d’engrais azotés réalisés au tallage et à épi 1 cm, et des conditions de croissance favorables de début montaison, les potentiels de rendement mis en place sont toujours favorables, y compris en petites terres où les déficits hydriques n’ont pour l’instant qu’un impact limité et sont en partie réversibles.

Dans ces conditions, il est important d’attendre l’annonce de pluies significatives pour arrêter une décision d’apport. Deux situations peuvent se rencontrer dans la région :

  • Lorsque les apports d’azote ont été réalisés avant le 20 mars, ils ont été en général bien valorisés et les outils de pilotage permettent d’affiner et de piloter le dernier apport d’azote (tableau 1).
  • Si des apports d’azote ont été réalisés depuis le 25 mars, dans la mesure où ils ne sont pas encore valorisés, ils peuvent perturber les prévisions des outils de pilotage. Leur efficacité dépend des doses engagées, des pluies reçues depuis leur réalisation et des formes employées. Si les pluies sont très faibles, l’essentiel de la dose apportée n’a pas été absorbé par la culture. Une part importante est encore présente dans le sol. L’utilisation de la plupart des outils de pilotage est déconseillée si le dernier apport d’azote réalisé n’a pas reçu au moins 15 mm de pluie.
Tableau 1 : Valorisation des apports d’azote en fonction de la date d’apport pour différentes localités

Pour le dernier apport, les formes ammonitrate ou urée adjuvantée offriront les meilleures performances et sont à privilégier. En cas d’utilisation de la solution azotée, il faudra privilégier des apports avant ou pendant un épisode de pluie significatif. En revanche, il faudra éviter d’apporter la solution sur une végétation humide de rosée, ces conditions favorisant l’étalement de l’engrais sur la feuille et l’importance des surfaces éventuellement brûlées.

Message rédigé par ARVALIS avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente-Maritime - Deux-Sèvres et de la Charente, OXAGRI, Coopérative Saint-Pierre de Juillers, Néolis, Groupe ISIDORE, Groupe PIVETEAU, Océalia, Terre Atlantique et Soufflet Agriculture.

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