Blé dur : comment se comportent les variétés face aux maladies en région Méditerranée ?
Retrouvez le bilan parasitaire de la dernière campagne ainsi qu’une analyse pluriannuelle du comportement des variétés de blé dur face aux maladies dans le Sud-Est.
Retour sur le bilan des maladies en 2024
Concernant les différences de rendement traité-non traité sur le réseau du Sud-Est de 2024, le regroupement a pris en compte les résultats des essais de Fourques, Eurre et Gréoux-les-Bains. Dans les essais de Prades et Mondragon, plusieurs maladies ont été observées sans impact significatif sur le rendement.
La pression 2024 a été plutôt faible sur les essais regroupés : 7.7 quintaux d’écart entre le rendement traité et le rendement non traité, soit un gain de rendement lié à l’utilisation d’une protection fongicide de 9.5 % (Figure 1). Dans l’essai d’Eurre, l’écart est de 4.8 quintaux, 11.2 à Fourques et 7.1 à Gréoux-les-Bains. Les principales maladies de l’année ont été l’oïdium et la septoriose.
- Septoriose : un fond a été présent à partir de mars. Avec les pluies de mars, mais surtout d’avril, une remontée de la maladie a été observée sur les dernières feuilles. Dans les essais de Mondragon et de Prades, la septoriose était déjà observée sur la F1 et la F2 définitive fin avril, sur la zone non traitée mais aussi traitée (les traitements ont été positionnés tardivement en raison de l’impossibilité de rentrer dans les parcelles). A Gréoux-les-Bains, un fond de septoriose a également été observé sur la zone traitée dès fin avril. A Eurre, la maladie a été observée plutôt à partir de floraison complète.
- Rouille brune : pas de symptômes cette année dans les essais, et de manière générale dans la région. Quelques rares foyers ont été observés, mais très ponctuellement.
- Oïdium : des symptômes très précoces ont été observés cette année dans la région. Les plateformes d’essais de Fourques (début avril) et d’Eurre (mi-mai) ont été particulièrement touchées.
- Fusarioses des épis : les pluies successives en avril et en mai ont provoqué un développement des fusarioses sur les épis. Les plateformes de Prades-le-Lez et Fourques ont été impactées avec des premiers symptômes visibles dès la mi-mai. C’est en juin qu’elle a été observée à Eurre. Le champignon responsable semble être Microdochium (observé sur le feuillage).
Figure 1 : Gain de rendement moyen apporté par les fongicides – essais blé dur Méditerranée - Rhône-Alpes
Choix variétal et protection fongicide
La septoriose est présente désormais chaque année mais n’a pas un impact fort tout le temps : elle cause des pertes significatives de rendement 1 an sur 5 environ.
La rouille jaune quant à elle est présente environ 1 an sur 5 mais cause de sévère dégâts.
La rouille brune est visible 3 ans sur 5 et, tout comme la rouille jaune, a un impact fort quand elle est présente tôt.
Le traitement fongicide principal (souvent nommé T2), à dernière feuille étalée – épiaison, est systématiquement conseillé dans tous les secteurs et pour toutes les variétés.
Cependant, le traitement vers 2 nœuds (début avril, souvent nommé T1) peut être évité en choisissant une variété tolérante à la rouille brune et/ou à la septoriose
- Les variétés de tolérance « Très Bonne » à « Assez Bonne » peuvent généralement se passer du T1.
Reste néanmoins la possibilité d’une attaque précoce d’oïdium, qui doit donc être surveillé.
- Les variétés de tolérance « Assez Bonne » à « Moyenne » ne pourront se passer du traitement T1 qu’après vérification que le risque rouille brune et rouille jaune de l’année est faible et la septoriose absente des feuilles basses.
Même remarque concernant l’oïdium. - Les variétés de tolérance « Faible » à « Très Faible » doivent recevoir 2 traitements fongicides, voire 3 en cas d’année régulièrement humide.
Le traitement des maladies de l’épi (vers le 5-10 mai, ou T3) est conseillé quelle que soit la variété (il n’y a pas de variétés de blé dur tolérantes à Fusarium ou Microdochium) dans toutes les zones à risque d’humidité en mai.
On peut opter pour un traitement intermédiaire à épiaison (entre un T2 et un T3) mais à condition d’avoir réalisé un traitement à dernière feuille étalée pour éviter de laisser les 2 dernières feuilles sans protection fin avril.
Le classement variétal pluriannuel vis-à-vis des maladies
Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, les pertes de rendement sont corrigées des effets annuels à l’aide des variétés communes entre année. Elles sont exprimées en % de la moyenne des variétés représentées (figure 2).
Les nouveautés RGT Insiemur, RGT Rapsolur et Cabayou ont un comportement moyen face aux maladies. Les variétés récentes RGT Belalur, Rocaillou et Canaillou présentent également des profils maladies intéressants.
Figure 2 : Pertes de rendements pluriannuels dans le Sud-Est
Sources des données : ARVALIS et partenaires post-inscription, CTPS/Geves inscription
Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex : 24 = 2024).
Les variétés très précoces (*), Claudio, Santur, tout en étant sensibles aux maladies, sont généralement moins pénalisées en rendement. Leur précocité implique en effet que les maladies exercent leurs dégâts sur des plantes déjà plus avancées dans leur cycle. Ceci n’est vrai que si elles sont nettement en avance sur les autres. En semis tardif, ou en région à hiver froid, cet avantage se réduit fortement. Au contraire, les variétés plus tardives sont exposées aux risques maladies plus longtemps.
Les variétés situées en haut du tableau sont celles qui ont le meilleur comportement vis-à-vis des maladies, c’est-à-dire le plus faible écart T-NT et donc une perte de rendement qui est plus faible par rapport à la moyenne. Le comportement des variétés se dégrade ensuite en descendant dans le tableau.
Lorsque le point a une valeur plus faible que 100 % (à gauche du trait représentant la moyenne), cela indique que la perte de rendement est moins importante que la perte moyenne. Quand le point a une valeur supérieure à 100 %, le rendement de la variété est plus impacté que la moyenne.
Par exemple : Canaillou est la variété ayant eu le moins de perte de rendement en 2024, environ 20% de moins que la moyenne.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.