Désherber autrement - Biner le maïs en complément des herbicides
Le binage du maïs peut permettre de réduire l’emploi de désherbant chimique. Cette technique doit cependant s’anticiper dès le semis et est exigeante en temps. Elle peut présenter une bonne efficacité sur adventices annuelles jeunes. Mais elle peut être délicate à mettre en œuvre certaines années et rendre la maîtrise du désherbage plus aléatoire.
Le désherbage combiné consiste à réaliser une première intervention chimique en pré ou en post-levée selon la flore et les conditions climatiques, complétées par un ou plusieurs binages. Cette technique peut procurer des niveaux d’efficacité et de sélectivité proches des stratégies « tout chimique » lorsque les conditions de réussite du binage sont réunies (tableau 1). Attention, entre la levée et le stade 2 feuilles du maïs, le binage est formellement déconseillé. Elle occasionnerait des dégâts trop importants à la culture en place. Sur maïs jeune (2-3 feuilles), un protège-plant est recommandé.
Le binage s’anticipe dès le semis : le sol doit être affiné et nivelé. Les écartements entre passages de semoir doivent être réguliers et le semis le plus linéaire possible, pour faciliter le passage de la bineuse. En l’absence d’un système de guidage, il faut prévoir une distance de sécurité de 10 cm par rapport au rang pour éviter des passages destructifs.
Quant au réglage de l’outil, il est à adapter aux conditions de sol de chaque parcelle. Il faut trouver le bon compromis : procurer une agressivité suffisante pour arracher les mauvaises herbes tout en restant sélectif de la culture. Sur maïs bien développés (6-8 feuilles), un passage à vitesse soutenue (10 km/h) est conseillé car il permet de butter le rang par projection de terre. Cette technique limite le salissement du rang et peut être améliorée par l’ajout de disques butteurs.
Ne pas travailler trop profondément
Pour optimiser la réussite du passage de la bineuse, la profondeur de travail de la dent est à adapter aux mauvaises herbes à détruire. Il ne faut toutefois pas confondre un binage « désherbage » et un binage « agronomique » destiné à aérer un sol battu ou tassé en surface. Un binage trop profond risque de dynamiser de nouvelles levées ou de permettre le redémarrage d’adventices déchaussées avec la motte. Un travail trop profond est également à proscrire en raison du risque de dégradation du système racinaire du maïs.
Tableau 1 : Facteurs de réussite du désherbage mécanique
Les limites du binage
La principale difficulté du binage est la maîtrise des mauvaises herbes sur le rang. Le buttage du rang ne contrôle que partiellement ce salissement. Des équipements spécifiques comme les étoiles à doigts Kress permettent de biner le rang à partir du stade 3-4 feuilles de la culture, mais cet équipement complémentaire reste coûteux et usant. Une autre stratégie consiste à localiser le désherbage chimique sur le rang en complément du désherbage mécanique dans l’inter-rang.
Par ailleurs, les périodes propices pour une intervention optimisée sont difficiles à trouver certaines années. En effet, la technique du binage est dépendante des conditions climatiques. Elle donnera des résultats insuffisants si les conditions post-passage ne permettent pas le dessèchement des adventices déracinées. De plus, en cas de levées échelonnées des adventices, plusieurs passages seront nécessaires, ce qui augmente le temps de travail et diminue les chances d’avoir une fenêtre d’intervention favorable au passage de la bineuse.
Les sols caillouteux, motteux ne sont pas non plus favorable à cette technique. L’efficacité du passage est réduite, et l’usure des pièces travaillantes accentuée.
Enfin, le binage est à proscrire sur les vivaces. En fragmentant les rhizomes, elle provoque la multiplication végétative des vivaces.
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