Destruction des couverts et épandage de fumiers avant maïs : attention au risque de tassement
Les mauvaises conditions de ressuyage des sols amènent à décaler les chantiers d’épandage de fumier et de destruction des couverts. Voici quelques rappels agronomiques des conséquences d’un décalage de ces interventions pour le maïs qui suit.
Il est généralement recommandé d’épandre les fumiers de bovins 1,5 mois à 2 mois avant le semis du maïs et de détruire les couverts autour du 15 mars. Mais ces chantiers requièrent de bonnes conditions de ressuyage du sol pour éviter tout risque de tassement préjudiciable pour le maïs. Or, cette année, les pluies régulières limitent la portance du sol.
Un épandage de fumier pailleux trop proche du semis peut générer une faim d’azote
La période d’épandage des fumiers (ex. bovins) sur des couverts avant maïs tient compte de la capacité de minéralisation de l’azote organique des fumiers en azote minéral disponible pour la plante. Cette capacité de minéralisation dépend de la teneur en azote organique et minéral dans l’effluent et de son rapport carbone/azote (C/N).
Pour des fumiers, le rapport C/N est généralement élevé, d’autant plus si le fumier est frais et pailleux. Cela engendre, dans un premier temps après l’épandage, une organisation de l’azote dans le sol qui peut conduire à une « faim » d’azote. L’azote libéré par un fumier sera efficace à partir de 100 jours normalisés environ après son épandage (figure 1). C’est pour cette raison que l’épandage des fumiers doit être fait bien en amont du semis pour éviter de faire coïncider cette période de « faim » d’azote avec le début du cycle du maïs.
Figure 1 : Dynamique de minéralisation de l’azote d’un fumier après épandage en fonction des jours normalisés
Source : ARVALIS
Dans le contexte de l’année, épandre du fumier idéalement 1,5 à 2 mois avant le semis ne sera pas toujours faisable au vu des conditions de portance des sols.
Toutefois, il est possible de l’épandre 20 à 30 jours avant le semis, notamment pour les fumiers pailleux. Ainsi, un épandage fin mars-début avril dans de meilleures conditions de portance limitant le risque de tassement reste cohérent pour des semis de fin avril – début mai.
Destruction des couverts : les conditions de ressuyage priment !
Généralement, une destruction des couverts est recommandée autour du 15 mars pour éviter les effets négatifs d’une destruction trop tardive.
Toutefois, cela dépend des types de couverts : les couverts de légumineuses détruits tardivement ont, en tendance, des effets nuls à positifs par rapport à un sol nu en interculture (figure 2). Au contraire, des couverts de graminées détruits tardivement peuvent générer des pertes de rendement sur le maïs suivant (concurrence sur la ressource en eau et en azote, problématique d’implantation liée à la gestion des résidus…).
Figure 2 : Impact de la date de destruction du couvert et du type de couvert sur le rendement du maïs suivant
Source : ARVALIS
Néanmoins, les conditions de ressuyage au moment de la destruction restent prioritaires pour éviter des phénomènes de tassement beaucoup plus impactant pour la culture du maïs. Ceci est d’autant plus vrai si le couvert n’est pas composé majoritairement de graminées.
Tassement sur maïs : jusqu’à 35 % de pertes potentielles de rendement
Les essais au champ de comparaison de sols tassés et non tassés quantifient à 35 % la perte de rendement en maïs fourrage lié à un tassement (figure 3). Cette perte va dépendre également de la proportion de la surface et du volume compacté, ainsi que du climat de l’année. De manière générale, les cultures de printemps avec un cycle court nécessitent de bonnes conditions d’enracinement pour explorer et exploiter rapidement le réservoir en eau et en nutriments du sol.
En maïs semences, des essais conduits en 2022 ont mis en évidence des pertes de 16 % liées au stress hydrique, avec une majoration de 25 % en cas de sol tassé. Le tassement amplifie les impacts du stress hydrique. Les stress hydriques de plus en plus récurrents, notamment dans l’est de la Bretagne, invitent à optimiser le potentiel de son sol en évitant tout phénomène de tassement pour limiter les pertes de rendement.
Figure 3 : Impact du tassement sur le rendement des différentes cultures
Limiter absolument le risque de tassement en s’assurant du ressuyage du sol jusqu’à 40 cm de profondeur avant toutes opérations d’épandage et destruction de couverts. Pour cela, les tests de pénétromètre, bêche et mini-profil permettent d’identifier un tassement en cas de doute. Si le tassement est avéré, il convient de le corriger par une opération mécanique en sol friable et pas au-delà de la profondeur de tassement.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.