Pommes de terre de conservation : soignez le séchage des tas par une ventilation appropriée
Cette année, il n’est pas rare de voir des tubercules humides sur de nombreux fronts de tas fraîchement constitués. Rappels des préconisations de conduite de la ventilation pour un séchage satisfaisant des tubercules stockés.
Pour les lots arrachés les plus tardivement, il est assez fréquent d’observer des tubercules en déliquescence sur les tas vrac là où des précipitations ont été intenses en cours ou en fin de campagne. Celles-ci ont conduit à la présence de tubercules vitreux (photos) du fait d’une repousse physiologique plus ou moins marquée selon la variété, mais aussi de tubercules atteints localement par le mildiou ou d’autres pourritures humides.
La quantité d’eau libérée par ces tubercules peut représenter des volumes d’eau non négligeables à évacuer du tas. Pour un tas de 1000 tonnes de tubercules, il faut compter sur près de 10 m3 d’eau par pourcent de tubercules concernés par la pourriture ou la vitrosité. Cette humidité doit être évacuée au fur et à mesure de la liquéfaction des tubercules concernés pour éviter qu’elle ne propage un développement de pourritures dans le reste du tas.
Ventiler avec de l'air froid en adaptant le différentiel de températures
L’utilisation de l’air extérieur doit se faire de manière pertinente pour parvenir à un séchage efficace.
Le principe général est de toujours ventiler avec de l’air plus froid que la température des tubercules stockés. En circulant dans le tas, l’air ventilé va refroidir les tubercules en se réchauffant. Il va ainsi piéger plus d’humidité car un air chaud renferme une plus grande quantité de vapeur d’eau qu’un air plus froid.
Pour garantir une ventilation régulière du tas avec l’air extérieur et donc assurer un séchage le plus continu possible des pourritures, il convient d’adapter au mieux le choix du différentiel de température entre les tubercules et l’air ventilé en fonction de la disponibilité en air froid extérieur :
- si la température extérieure est beaucoup plus froide que celle du tas, on pourra opter pour un différentiel de 2°C à 2,5°C,
- si la température extérieure est proche de celle du tas, il est préférable d’abaisser ce différentiel à 1°C voire 0,5°C pour allonger la durée possible de la ventilation.
Pour garantir la disponibilité suffisante en heures ventilées, il est souhaitable de n’abaisser que très progressivement la température du tas pour qu’elle puisse rester « en phase » avec les disponibilités en air froid extérieur. Pour rappel, le maintien du tas à au moins 12°C pendant une quinzaine de jours permet une cicatrisation suffisante des tubercules blessés. Une vitesse de descente de 0,3°C environ apparaît comme un bon compromis durant la période actuelle.
Combiner la ventilation froide avec un réchauffement du bâtiment
Dans le cas d’une insuffisance de disponibilité en séchage avec l’air froid extérieur, il est possible de le combiner à un réchauffement intermittent du tas. Pour cela, il convient de travailler avec un générateur d’air chaud en recyclage interne dans le bâtiment avant de recourir de nouveau à une ventilation avec l’air extérieur froid et donc plus sec.
La déshydratation des tubercules affectés ne peut être que progressive, il faut donc la rechercher en jouant sur la fréquence de mise en œuvre de la ventilation pour éviter l’humidification des tubercules voisins. Pour les tas concernés, c’est donc une surveillance approfondie de la situation du tas et des conditions de ventilation qui débute pour plusieurs semaines.
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