Blé tendre - Des critères à bien prioriser lors du choix des variétés
La sélection des différentes variétés de l’exploitation se trouve au coeur de tout itinéraire technique. Productivité, qualité, résistance aux maladies en sont les facteurs clés. Quelques principes existent afin d’exprimer au mieux les performances des variétés.
Les quelque 300 variétés de blé tendre inscrites au catalogue officiel français, et la trentaine de variétés qui l’enrichit annuellement, offrent un éventail de choix pour répondre à la multiplicité des terroirs français et des débouchés.
Après avoir défini le type de classe technologique visé, un compromis est à trouver entre précocité, rendement, résistances aux facteurs limitants et nuisibilité des maladies. La régularité des rendements, qui s’analyse à l’aide de réseaux d’essais multi-locaux et pluriannuels, est également un élément important dans la prise de décision.
Diversifier les précocités de la sole est un moyen de limiter les effets des aléas climatiques.
Répondre aux attentes des marchés
Les critères de qualité sont incontournables pour assurer les débouchés et valoriser au mieux la récolte. Pour la boulangerie et la meunerie, la classe de qualité technologique est importante. Plus globalement, quelles que soient les valorisations du blé, dont l’exportation (50 à 55 % des débouchés français), des teneurs en protéines et des poids spécifiques élevés sont recherchés. Une attention particulière sur l’aptitude des variétés à concentrer les protéines est recommandée.
Dans les régions d’élevage, la prise en compte des débouchés s’élargit à la production de paille. Les éleveurs privilégient alors les variétés à bonne hauteur de tige et à bonne capacité de tallage.
La précocité est la première clé d’adaptation au contexte local
Le choix de la précocité des variétés se raisonne en fonction des contraintes du milieu : climat, type de sol (notamment par sa réserve utile) et précédent cultural qui conditionne les dates de semis. La bonne combinaison « précocité-date de semis » vise à limiter les risques de gel, d’échaudage ou de stress hydrique.
Une variété tardive à l’épiaison, donc à cycle long, permet d’accéder par l’allongement du cycle à des potentiels de rendement plus élevés. Ce choix est judicieux en sols profonds et sous des climats plus tempérés. En semis précoce, une variété tardive à montaison, photosensible, diminue les risques de gel d’épi. En milieux difficiles, la précocité à épiaison participe à l’évitement des conditions échaudantes de fin de cycle.
La hiérarchie des contraintes et des objectifs doit être établie à l’échelle de l’exploitation et de la parcelle pour choisir les variétés les plus appropriées et diversifier la gamme. Il est recommandé de cultiver trois à quatre variétés en introduisant des variétés récentes qui apportent du progrès génétique.
Elle est incontournable dans les régions à sols superficiels ou sous les climats du sud de l’Hexagone. Dans les cas particuliers de semis très tardifs, derrière des précédents betteraves par exemple, ou dans les cas de semis de rattrapage, l’alternativité de la variété, c’est-à-dire son besoin en froid pour acquérir sa capacité à épier, devient un élément restrictif du choix.
Dans la mesure où ces éléments sont intégrés dans la prise de décision, diversifier les précocités de la sole est un moyen de limiter les effets des aléas climatiques.
Privilégier un rendement régulier
Certes, le classement en rendement fait partie des critères décisionnels des choix de variétés, mais la régularité entre zones de production et années est au moins aussi importante.
Une précocité appropriée à la région et à la date de semis, de bonnes résistances au froid, à la verse et aux différentes maladies contribuent à l’obtention de cette régularité.
Comme la variabilité des classements n’est pas facile à expliquer aujourd’hui par des effets de comportements face aux « à-coups » climatiques, la diversification des variétés sur l’exploitation reste une précaution.
Valoriser les potentiels de résistance
Le troisième axe du choix des variétés est celui de leur comportement face aux bio-agresseurs. Il dépend du climat, de la parcelle mais également du système de culture. En parcelles touchées par la mosaïque la résistance s’impose. En cas de risque élevé de fusariose des épis, derrière un maïs ou un sorgho grain sans labour par exemple, seules les variétés les plus résistantes (notes de sensibilité à l’accumulation de mycotoxines supérieures ou égales à 5,5) sont préconisées.
En blé de blé, la résistance au piétin verse est à valoriser. Dans les parcelles fortement infestées en ray-grass du fait d’un fréquent retour des céréales dans la rotation, le choix d’un blé résistant au chlortoluron est une solution.
Sur des parcelles à rotation courte, régulièrement infestées de cécidomyies orange, mieux vaut des variétés résistantes qui évitent un traitement insecticide difficile à positionner.
Les résultats des variétés doivent être appréciés en tenant compte de la régularité interannuelle de leurs rendements.
Pour la plupart des maladies foliaires et la verse, en plus des risques encourus liés à la région, la protection prévisionnelle de la culture est à prendre en compte pour affiner le compromis à trouver entre les résistances aux différentes maladies.
Les variétés qui cumulent toutes les résistances étant rares, une hiérarchie des risques potentiels est nécessaire pour limiter le recours à la protection, retarder les dates d’intervention et diminuer les doses de produits phytosanitaires.
L’intérêt de la tolérance à la verse, souvent plus utile dans les zones à fort potentiel, dépend aussi du choix d’appliquer ou non un régulateur. Si les tiges en sortie d’hiver sont nombreuses et dans le cas d’une importante réserve utile associée à des reliquats d’azote élevés, la tolérance à la verse est un facteur à ne pas négliger.
Le choix des variétés en fonction de leurs résistances aux bio-agresseurs est bien un des leviers agronomiques mis en œuvre dans le cadre plus général de la protection intégrée des cultures et de l’agro-écologie (1).
(1) Voir Perspectives Agricoles n° 432, avril 2016, p. 39 à 57, « Pratiques culturales : construire des solutions agro-écologiques performantes ».
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