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Poitou-Charentes

Taches physiologiques sur céréales : ne pas confondre avec des maladies ou des phytotoxicités

Des taches sont actuellement observées sur les feuilles des céréales. Pas de quoi s’alarmer, puisqu’elles sont dans une grande majorité de situations d’origine physiologique et non fongique, sans conséquence pour les rendements. Elles peuvent être également la conséquence d’interventions phytosanitaires, accentuée par les conditions climatiques du moment. En cause ? les fortes amplitudes thermiques et l’absence de pluies depuis trois semaines environ, amenant du stress aux cultures. Voici quelques clés pour faire le bon diagnostic.

Taches physiologiques sur blé tendre en avril 2025 en Poitou-Charentes

Comprendre la séquence climatique des vingt derniers jours

Entre le 25 mars et le 10 avril, la région a connu un épisode sec accompagné d’un fort vent d’est, conditions qui ont conduit les parcelles, notamment dans les terres de groies, en stress hydrique. De plus, début avril, des amplitudes thermiques de 15 degrés, voire plus, se sont faites ressentir. La conjonction de ces deux facteurs a provoqué de nombreux marquages physiologiques dans la région.

Figure 1 : Températures et pluviométrie journalière du 1er mars au 21 avril 2025 – Station Le Magneraud (17)

Comment distinguer symptômes physiologiques et maladies ?

Etape 1 : prendre un échantillon et regarder les étages foliaires touchés. Les maladies (septoriose sur blés, helminthosporiose ou rhynchosporiose sur orges) expriment un gradient du bas vers le haut. Ce n’est pas le cas pour les taches physiologiques qui, le plus souvent, touchent un étage foliaire haut sans que les étages inférieurs ne soient touchés.

En effet, lors de stress climatiques, ce sont les feuilles les plus exposées qui sont davantage concernées (F2 ou F1 du moment) : il s'agit donc automatiquement des plus hautes. Il peut aussi arriver que la dernière feuille soit indemne, et que la feuille du dessous soit touchée : dans ce cas, cela signifie que la dernière feuille n’était pas sortie au moment du stress climatique.

Concernant les maladies, seules les feuilles présentes au moment des contaminations peuvent être touchées.

Les maladies comme la septoriose se développent depuis les feuilles du bas vers celles du haut. Si on observe les symptômes uniquement sur F1 et F2, on s’orientera davantage vers des symptômes physiologiques.

Etape 2 : si des doutes subsistent, il est opportun de réaliser le test de la chambre humide (figure 2). Dans une bouteille d’eau vide, placer des feuilles sur lesquelles sont observées des taches. Disposer ensuite cette bouteille à température ambiante (proche de 20-25°C) : cela permet d’accélérer l’incubation (chaleur + humidité) en cas de maladie et de pouvoir observer les organes de fructification le cas échéant.

Figure 2 : Principe de la chambre humide
Figure 2 : Principe de la chambre humide

Etape 3 : observer les feuilles après 24 h de chambre humide :

  • Cas 1 : septoriose à la loupe après chambre humide de 24 h -> les points noirs correspondent aux pycnides desquels sortent des cirrhes blancs : cela permet de valider le diagnostic septoriose. L’helminthosporiose, après passage en chambre humide, fait apparaître des « poils isolés » foncés (conidiospores).
  • Cas 2 : après chambre humide 24 h, absence de pycnides et de cirrhes, sans évolution des symptômes sur la feuille. Il s’agit de marquages physiologiques ou de phytotoxicité.

Après diagnostic, de nombreux symptômes observés sur les feuilles des céréales (étages supérieurs) correspondent à des réactions physiologiques aux stress climatiques et ne sont pas des maladies.

Ces réactions sont parfois amplifiées par l’application récente d’un traitement phytosanitaire. En effet, les conditions météo compliquent le positionnement des interventions : alors que les stades progressent rapidement, il est délicat de positionner à la fois un désherbage de rattrapage, un régulateur de croissance et un fongicide, avec peu de créneaux d’intervention favorables et sur des cultures stressées par les conditions climatiques. En voici quelques exemples :

1Symptômes physiologiques sur la variété Thermidor (crédit photo : François THOMAS - OCEALIA)
2Symptômes physiologiques sur la variété Hansel (crédit photo : Anthony GALMOT - OXAGRI)

Focus helminthosporiose du blé

L’helminthosporiose sur blé est une maladie très rare dans notre région, inféodée à la parcelle (contamination par le biais des pailles), plus fréquente en blé sur blé, présentant des taches plutôt ovoïdes, entourées d’un halo chlorotique. Elles s'étendent avec des formes irrégulières, parfois losangiques. Le centre de la tache présente un point foncé, correspondant au point d'infection. Après passage en chambre humide, des « poils isolés » foncés (conidiospores) sont observés.

Message rédigé par ARVALIS avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente-Maritime - Deux-Sèvres et de la Charente, OXAGRI, Coopérative Saint-Pierre de Juillers, , Néolis, Groupe ISIDORE, Groupe PIVETEAU, Océalia, Terre Atlantique et Soufflet Agriculture.

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