Stades du blé dur : une feuille supplémentaire, voire plus
Cette année encore en blé dur, en raison de la douceur du climat, il est possible d’observer un phénomène de déphasage entre les stades et la sortie des feuilles.

Un climat qui place l’année progressivement vers les extrêmes
Depuis octobre 2024, le climat est globalement plus chaud que la normale en se positionnant parmi les deux années les plus chaudes de ces dix dernières années (carte 1). Le cumul des températures est donc élevé et les effets du vent et du sec de ces derniers jours amplifient les accélérations de stade dans les parcelles. Dans le même temps, les pluviométries sont déficitaires, notamment sur le mois de février, et l’année se place parmi les trois plus sèches de ces dix dernières années (carte 2).


Cette mauvaise combinaison, de températures importantes (demande climatique forte pour les plantes) et de faible pluviométrie cumulée (offre climatique faible pour les plantes), aboutit à un déficit hydrique précoce et important. Ce déficit hydrique n’a pas encore d’effet sur les plantes mais, sans pluie significative, il peut entraîner des conséquences préjudiciables pour la mise en place du rendement de l’année. Ce déficit commence avec un mois d’avance et varie aujourd’hui de 0 à 50 mm selon le type de sol et la pluviométrie depuis le semis.
Il est encore trop tôt pour positionner l’année sur les effets de sécheresse. Néanmoins, les sols sont déjà secs et seules des pluies régulières pourront « porter » la culture jusqu’au remplissage.
Avec les températures, la végétation avance beaucoup plus vite que d’habitude. Et spécificité en blé dur, les stades sont impactés par un phénomène de déphasage entre croissance et développement avec une feuille supplémentaire (phénomène non observé sur les blés tendres).
⚠️ Un déphasage entre croissance et développement
La douceur exceptionnelle de l’année permet aux cultures d’être en avance de quasiment une dizaine de jour par rapport à la normale. Cependant, malgré une impression de végétation très en avance en semis précoce, les blés durs sont moins en avance qu’ils n’en ont l’air. On observe de nouveau cette année un déphasage entre croissance (élongation et état du feuillage) et développement (succession des stades). L’automne doux est très probablement responsable de ce phénomène. Ainsi, on observe des parcelles qui paraissent être au stade « dernière feuille pointante » alors que la sortie de la F2 définitive (équivalent au stade 2 nœuds) est à peine observée sur les semis les plus précoces. Il y aura donc, encore une fois, un stade épiaison plus tardif en blé dur par rapport au blé tendre à date de semis équivalente, ce qui est rarement le cas en climat classique.
Voici une illustration permettant de détecter les stades de la culture en se basant sur le comptage des feuilles restant à sortir.

A dernière feuille pointante, comme son nom l’indique, la dernière feuille est pointante (nommé F1p), la plante n’a pas de feuille supplémentaire à émettre et toutes les autres feuilles sont visibles : F2, F3, F4, etc. Au stade 2 nœuds, le stade est un phylloterme plus précoce, donc une feuille plus précoce : la F2 est pointante. Et ainsi de suite sur les stades précédents.
Ces observations ont été faites sur toutes les situations de la région pour les semis de fin octobre à novembre.
Dans nos observations, ce phénomène de « feuille supplémentaire » est présent sur les semis d’octobre et de novembre mais absent des semis de décembre ou plus tard.
Globalement, le stade 2 nœuds est atteint dans la plupart des situations, hormis les semis de fin janvier et février.
Attention, les blés situés dans des zones très touchées par des phénomènes d’hydromorphie au moment des semis, ont des stades décalés.
Article rédigé dans le cadre du comité technique blé dur Sud-Ouest Challenge Blé Dur
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