Changement climatique : comment ARVALIS coconstruit des scénarios d’évolution des assolements 

Grâce aux projections climatiques proposées par le GIEC, il est possible de simuler des scénarios d’adaptation de la production agricole dans un climat futur. C’est justement ce à quoi s’attèle actuellement ARVALIS dans neuf bassins de production de grandes cultures. À partir d’une méthodologie commune à l’ensemble des territoires, divers scénarios d’évolution des assolements sont coconstruits en tenant compte des contextes agricoles et économiques spécifiques à ces zones cibles. Un travail mené de concert avec les agriculteurs, auxquels s’ajoutent leurs partenaires économiques (chambres d’agriculture, coopératives, négoces, etc.), lors d’ateliers de conception.

Des fermes-types représentatives des contextes locaux

Dans chaque secteur d’étude, ARVALIS et ses partenaires commencent par construire une ou plusieurs fermes-types fictives, dites « représentatives » des contextes agricoles locaux, à l’aide de l’outil Systerre^®. SAU, nombre d’UTH, type de sol, réservoir utilisable, matériel, volume d’irrigation, assolement/rotations … Tous les paramètres de l’exploitation fictive sont décrits finement. Les performances agronomiques, environnementales et économiques seront ensuite analysées notamment grâce à l’outil ASALÉE, un comparateur d’assolements en grandes cultures qui simule l’impact du stress hydrique sur les rendements.

« Puis, on réunit des groupes d’agriculteurs lors d’ateliers pour valider la représentativité des fermes-types, mais aussi et surtout pour nous aider à construire les scénarios d’évolution possibles de ces fermes », explique Alice Valles, ingénieure R&D chez ARVALIS. Chaque session commence par une présentation des effets attendus sur le climat futur (température, pluviométrie, évapotranspiration, nombre de jours de gel, etc.) d’après la trajectoire RCP 4,5 du GIEC⁽¹⁾.

Coconstruire des scénarios d’évolution à horizon 2040-2060

Ensuite, les experts questionnent les agriculteurs : Quelles solutions proposer demain en réponse à ces impacts ? Comment maintenir l’équilibre économique de l’exploitation dans un contexte de ressource hydrique contrainte ? Qu’imaginer comme culture de diversification compte tenu de cette évolution climatique ? « L’objectif est de les pousser plus loin dans la réflexion et de coconstruire des scénarios d’assolement en lien avec l’évolution de la ressource en eau, à horizon 2040-2060, commente Alice Valles. À la fin de l’atelier, on pourra procéder aux analyses multicritères de ces scénarios avec Systerre, pour la partie économique, et ASALÉE », relate la spécialiste.

Proposer des trajectoires réalistes et viables

Ces analyses permettent d’obtenir des indicateurs socio-économiques (marge nette et temps de travail), environnementaux (consommation en eau d’irrigation) et agronomiques (rendement) qui seront présentés, discutés et étoffés avec les agriculteurs lors d’une seconde phase d’ateliers. L’objectif final est de présenter les résultats aux acteurs du territoire mobilisés dans la réflexion et en dehors au travers d’articles, présentations, vidéos, etc. Et de recueillir leurs avis sur la faisabilité des systèmes présentés tout en prenant en considération les limites de l’étude. Ceci afin de proposer des trajectoires de transition agroécologique adaptées au territoire, et s’assurer qu’elles soient réalistes et viables pour les exploitations agricoles.

(1) La trajectoire RCP 4,5 du GIEC prévoit une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre et une hausse des températures comprise entre + 1,6 à + 2,5°C à l’horizon 2060