Blé dur et changement climatique - Le bassin méditerranéen sous la menace d'un assèchement
Michel Déqué travaille au Centre National de Recherches Météorologiques pour Météo France. Il nous livre dans cet entretien les conséquences du changement climatique pour le bassin méditerranéen, principale zone de production européenne de blé dur.
Des conditions climatiques défavorables à la culture
« L’Europe fait partie des régions les plus sensibles en termes de changement climatique. Le bassin méditerranéen, où se concentre l’essentiel de la production européenne de blé dur, serait particulièrement exposé : dès le printemps, l’assèchement du sol serait assez sévère, quel que soit le scénario envisagé. Même dans un scénario dit « optimiste », on pourrait se retrouver avec 40 % d’eau disponible en moins pendant la période de croissance du blé dur.
Cet assèchement serait lié à la conjonction de trois phénomènes agissant sur la réserve utile des sols, variable la plus appropriée pour mesurer la vulnérabilité d’une culture face au climat. D’une part, l’élévation de la température va favoriser l’évapotranspiration. D’autre part, les volumes de pluies vont diminuer en moyenne annuelle, même si toutes les saisons ne seront pas concernées. Enfin, ces pluies sporadiques vont être plus violentes, engendrant des phénomènes de ruissellement qui limiteront la pénétration de l’eau dans le sol.
Ces trois évènements pris individuellement ne contribuent que d’une manière modérée au changement climatique. Mais, dès lors qu’ils seront associés, ils formeront un cocktail assez défavorable à l’agriculture.
Parlons plutôt d’un « assèchement climatique »
Le changement climatique, communément réduit à un réchauffement, devrait plutôt se nommer « l’assèchement climatique ». Les régions françaises du pourtour méditerranéen ont déjà subi des périodes de sécheresses importantes dans les années 90. Mais celles-ci devraient se reproduire à des fréquences plus rapprochées dans l’avenir. On pourrait parfois connaître deux années de sécheresse consécutives, ce qui sera difficile à gérer. A long terme, les projections tablent sur des séquences de 5 années de sécheresse successives. Il faudra anticiper et complètement repenser notre modèle agricole d'ici là. »
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