Semis précoce de maïs : saisir les opportunités en sol ressuyé
La hausse des températures depuis le 20

La précocité des semis est un levier essentiel pour la compétitivité du maïs. En avançant le cycle, elle permet de baisser les frais de séchage, de préserver la qualité sanitaire en ayant la possibilité de récolter plus tôt, voire d’esquiver une partie du stress hydrique estival. Les essais réalisés dans la région sur trois campagnes en sol argilocalcaire superficiel montrent des gains en rendement moyen de 5,8 q/ha et une avance d’humidité moyenne de 3,7 % (figure 1). Ces avantages l’emportent sur les inconvénients, notamment sur les risques de gelées après le stade 6 feuilles et d’exposition aux ravageurs.

En cas de semis précoces, l’utilisation d’engrais starter localisé au semis est recommandé pour assurer une levée rapide du maïs et limiter l’exposition aux ravageurs. Sur les essais de Tripleville, l’application de 85 à 100 kg de 18-46 a permis des gains moyens de 2,7 q/ha et 1 % d’humidité à la récolte.
Point d’attention également sur la densité : en semis précoce, la plante est plus exposée au froid ce qui entraîne une baisse de la surface foliaire. Cette dernière peut limiter l’absorption du rayonnement. Ainsi, il sera d’autant plus important de respecter les fourchettes hautes de densité de semis recommandées dans la région (à moduler selon le potentiel de la parcelle).
Pour en savoir plus sur les densités et la protection au semis, consultez l’article « Changement d’assolement : quelques clés pour réussir les semis de maïs »
Vérifier le ressuyage des parcelles avant de se lancer
Les conditions météo de cette semaine et des jours à venir sont favorables. Pour une levée rapide et homogène du maïs, il est conseillé de viser une température du sol autour de 10°C, synonyme d’une durée de germination d’environ une semaine (contre trois semaines pour un sol à 8°C). Ce seuil est atteint dans les sols ressuyés de la région, et peut être vérifié par une mesure à 5-10 cm de profondeur, à 10 h ou 20 h pour avoir une valeur représentative.
Cependant, au vu de l’année humide, il ne faut pas hésiter à sortir la bêche pour vérifier le ressuyage du sol sur 20 cm : un semis en conditions humides peut lisser le fond du profil et engendrer des problèmes de prospection racinaire, donc d’accès à l’eau et aux nutriments par le maïs. Dans ces situations, les pertes de rendement peuvent atteindre 20 %, un chiffre variable selon la pluviométrie de l’année.

Désherber tôt pour gérer les graminées
Sur notre région, on peut distinguer plusieurs cas de figures qui demandent une gestion différenciée du désherbage :
- Flore mixte plutôt dicotylédones
- Flore mixte avec graminées estivales dominantes
- Présence de ray-grass (ou vulpins)
En l’absence ou en faible pression de graminées, les options sont assez nombreuses pour désherber le maïs. On évitera le recours à un racinaire de la famille des chloroacétamides. La stratégie « prélevée renforcée » ou « tout en postlevée » sont des options envisageable (en l’absence de véroniques). Dans le cas contraire, il faudra partir sur un programme pré + post avec un racinaire non-chloré (tableaux 1 et 2).
Sur les flores majoritairement graminées, un traitement de prélevée ou de postlevée précoce (2-3 feuilles du maïs) est essentiel pour les contrôler dès leur germination. Outre l’efficacité sur les premières levées, la rémanence des produits de la famille des chloroacétamides confère au programme sa robustesse. En cas de flore mixte graminées-dicotylédones, le dmta-P ou la péthoxamide devront voir leur spectre d’action élargi par l’ajout d’un partenaire également racinaire : isoxaflutole, mésotrione, pendiméthaline ou clomazone.


En présence de graminées estivales résistantes
En cas de présence forte de graminées estivales résistantes au nicosulfuron, il faudra exclure tout recours aux sulfonylurées à large spectre ET modifier le programme de désherbage. En particulier, il faudra renforcer le premier passage en s’appuyant sur des produits d’action racinaire (tableau 3).

En présence de ray-grass
Sur ray-grass et vulpins, l’objectif est de limiter la levée dans les maïs au vu des problématiques régionales de résistance aux herbicides du groupe HRAC 2 (inhibiteurs de l’ALS). Dans ce cas précis de forte pression, l’utilisation de deux chloroacétamides associés présente des niveaux de satisfaction supérieurs. Suite au retrait du S-métolachlore, cette association se restreint à une base de dmta-p (Isard ou Dakota-P), associée avec la péthoxamide (Successor 600). Dans tous les cas, il faudra ré-intervenir en postlevée sur jeunes ray-grass ou vulpins (tableau 4).
A noter que les conditions actuelles sont plutôt favorables aux passages d’outils de désherbage mécanique en prélevée du maïs, sans précipitation annoncée. Ne pas hésiter à faire un passage de herse étrille (voire de houe rotative) après semis, au stade filament des adventices, ce qui permettra d’éliminer une partie de la flore graminées.
Pour rappel, toute opération de désherbage sera proscrite sur les maïs au stade pointant pour des questions de sélectivité.
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