Désherbage - Des solutions combinées pour éviter les débordements de rumex
Présents aussi bien en bordure de champ, dans les prairies que dans les cultures, les rumex comptent parmi les vivaces qui prolifèrent le plus. Contenir leur développement nécessite d'associer différents moyens de lutte.
Parmi les vivaces fréquemment rencontrées dans les cultures, les rumex tiennent une place à part. Contrairement à leurs homologues qui se reproduisent principalement par multiplication végétative de leurs organes souterrains, sans forcément avoir recours à la production de graines, les rumex ont une capacité de grenaison colossale.
Une période de germination très échelonnée
La reproduction est assurée à la fois par les pousses végétatives (pour les rumex déjà implantés) et, surtout, par grenaison. Selon les espèces, chaque plante est capable de fabriquer entre 3 000 et 60 000 graines, ce qui rend la lutte d’autant plus difficile. Les rumex sont d’ailleurs plutôt qualifiés d’adventices pluriannuelles que de vivaces. La longévité importante de leurs semences dans le sol peut dépasser 50 ans du fait d’un taux annuel de décroissance faible (40 %). La période de germination est, qui plus est, très échelonnée : elle peut se produire toute l’année, à l’exception de la période hivernale.
Concrètement, de jeunes rumex de semis peuvent donc émerger à l’automne et affecter la levée de la céréale d’hiver ou de la prairie nouvellement implantée. Les pousses végétatives issues de souche émergent pour leur part au printemps. Le danger est au final présent sur une longue période. Il est donc essentiel de bâtir une stratégie à plusieurs niveaux et sur plusieurs années.
Des solutions agronomiques limitées
Connue pour casser le cycle des adventices annuelles, la rotation culturale n’a que des effets indirects sur les rumex par le biais des pratiques qu’elle va ou non impliquer. En mode conventionnel, peu de cultures « majeures » sont capables d’esquiver ou de concurrencer efficacement ces adventices. Les plus efficaces, recommandées en agriculture biologique, sont le ray-grass d’Italie, le seigle, l’avoine et la luzerne.
Parmi les différents types de travail du sol, le labour empêche l’installation et le développement des grosses souches, en particulier des vieux rumex dont la racine en pivot est bien développée. Mais il enterre inexorablement des graines, favorisant leur survie dans le pool semencier. Les systèmes de culture où le labour a été abandonné au profit d’un travail du sol simplifié accentuent le risque de multiplication des rumex si la maîtrise en culture n’est pas optimale.
Recourir au déchaumage
Les déchaumages réalisés durant l’interculture en période sèche restent le levier agronomique le plus efficace contre les rumex. Ils servent à remonter les racines en surface, à détruire leurs repousses et les souches existantes. Ainsi, les plantes se dessèchent. Mais attention, la segmentation des racines par les couteaux et les disques est à proscrire afin, encore une fois, de limiter la multiplication de ces vivaces. Au lieu de découper les pivots, il est préférable de les remonter en surface avec des passages répétés d’outils à dents incurvées vers l’avant, munis d’ailettes qui se recoupent au maximum. Les canadiens, vibroculteurs, cultivateurs légers ou chisels peuvent également être efficaces. Ils présentent tout de même un risque : les dents peuvent contourner les pieds de l’adventice. Les décompacteurs sont quant à eux inefficaces.
La réalisation de faux-semis par passages superficiels répétés fait germer une partie des graines présentes dans l’horizon superficiel et ce, dès l’automne. Les jeunes plantules peuvent ensuite être détruites chimiquement ou mécaniquement lorsqu’elles sont facilement déracinables.
Herbicides : intervenir en période « sensible »
En céréales à paille, la gestion des rumex grâce aux herbicides est assez aisée, à condition de les cibler au bon moment et d’intervenir sur les zones infestées. La période la plus sensible pour les rumex correspond au stade dit « cigare », au moment où la dernière feuille est enroulée autour de la hampe florale. Ce stade est atteint en général fin avril début mai en fonction des années. Les spécialités à base de fluroxypyr sont alors très efficaces. Une application de Starane 200 (ou équivalent), Bastion, Kart, Ariane, Bofix, etc. est suffisante. Les sulfonylurées à base de metsulfuron ou thifensulfuron sont également intéressantes mais à condition d’utiliser une dose élevée (20 g minimum de produit commercial en metsulfuron). D’autres substances actives peuvent apporter un plus, notamment le MCPP- sur les rumex jeunes et les rumex de semis.
Une bonne efficacité en interculture
Sur le maïs, Peak, associé ou non avec du dicamba (Banvel-4S ou Cadence) et/ou une tricétone (Callisto par exemple) procure de bonnes efficacités. Sur les prairies, en traitement précoce d’automne (après un semis d’août), une application de Kart ou de Bastion, de Primus ou de Mexol contrôle bien les rumex de semis. En sortie d’hiver, sur les prairies installées et les rumex de souche, les spécialités fortement dosées en fluroxypyr (Kart, Bastion, Ariane, Bofix) fonctionnent très bien. En cas d’applications tardives d’automne, sur des prairies installées, il vaut mieux privilégier le metsulfuron.
L’interculture n’est pas non plus à négliger pour des passages d’herbicides. Durant cette période, la lutte contre les rumex de souche apporte de bons résultats. Une association de 1 080 g/ha de glyphosate et 700 g/ha de 2,4-D apparaît pertinente. D’ailleurs, même si l’application d’herbicides en culture est efficace elle doit presque toujours être complétée par une intervention (chimique ou mécanique) durant l’interculture : la destruction des vivaces s’inscrit dans le temps.
Tableau : Clés de reconnaissances des principales espèces de rumex à partir des feuilles vraies
Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.
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