Risque foreurs du maïs : broyer et enfouir les résidus après les récoltes
Suite aux récoltes de maïs réalisées en avance, il est impératif de penser à la gestion des résidus. D'autant plus avec la pression foreurs observée lors de la campagne 2022, avec des vols précoces et de nouvelles zones touchées. Au programme : broyage et enfouissement des cannes.
Des vols précoces de foreurs, avec une pression sésamies plus marquée
Le réseau multipartenarial établi dans le cadre du BSV Maïs Centre-Val-de-Loire permet d’évaluer la pression foreur de l’année, et de donner des clés de gestion pour l’année suivante.
Si la pression pyrales est restée globalement modérée en 2022, les pics de vols ont été très précoces : de fin mai sur le sud centre, à fin juin dans les secteurs Nord de la Beauce. Le nombre de captures à l’échelle régionale est légèrement supérieur à 2021 : on retrouve le plus grand nombre en Touraine et en Champagne Berrichonne. Le nord de la région a été plus touché qu’à l’accoutumée, notamment le secteur Beauce-et-Perche ainsi que le Gâtinais.
Des seconds vols de pyrales (2ème génération de papillons = G2) ont été captés courant août, certes avec des effectifs assez faibles, mais répartis sur l’ensemble des départements de la région Centre. Les secteurs les plus concernés sont la Champagne Berrichonne et la Sologne. Il est possible de retrouver des larves de pyrales dans les cannes dans les maïs (même au nord de la région) car cette année chaude a pu permettre aux papillons de 2ème génération de faire une ponte en fin d’été.
Figure 1 : Evolution des captures de pyrales par pièges delta à phéromones (Source : BSV Centre-Val-de-Loire)
Du côté des sésamies, une forte activité est à noter fin mai / début juin dans les secteurs Champagne Berrichonne, Touraine et parfois dans le Val-de-Loire. Les autres secteurs ne sont, pour le moment, pas concernés par ce foreur, mais la vigilance est de mise car sa répartition tend à remonter au regard de la hausse des offres climatiques. L’année 2022 comptabilise tout de même le record régional de captures de ce papillon. Des seconds vols ont été observés en août, ce qui est plutôt inhabituel à ce niveau dans la région.
Figure 2 : Evolution des captures de sésamies par pièges delta à phéromones (Source : BSV Centre-Val-de-Loire)
En Auvergne, la pyrale a également eu un cycle et des vols précoces (Source : BSV Auvergne) . Côté Ile-de-France, les vols ont également été précoces cette année, avec une seconde vague enregistrée en août (Source : BSV Ile-de-France).
Si les vols constituent une information importante, ce sont bien les comptages larvaires qui donnent les indicateurs de risques pour l’année suivante. Les dissections de cannes de maïs sont en cours; les résultats seront diffusés dans un BSV maïs spécifique à l’automne (région Centre).
Le broyage fin des cannes, essentiel en cas de forte pression foreurs
Comme chaque année, la gestion des cannes de maïs (voire des collets) va constituer une mesure de prophylaxie indispensable pour, d’une part, détruire les larves de foreurs (et leurs refuges), et d’autre part, faciliter la dégradation des cannes (supports de conservation des fusarioses).
Un broyage réalisé tôt après la récolte détruit directement des larves et en expose d’autres au froid hivernal, aux prédateurs et aux parasites. Cela concerne 50 à 70 % des larves de pyrales, et jusqu’’à plus de 80 % pour les sésamies. Le broyage sous bec est quant à lui nécessaire, mais pas suffisant, car les larves de pyrales passent très bien les hivers froids à l’état de diapause dans les bas de tiges ou les collets de maïs, qui constituent des isolants thermiques assez efficaces. Néanmoins, les larves de sésamies ne supportent pas en général les températures négatives, ce qui peut entraîner leur mortalité dans les cannes en cas de gels prolongés en hiver.
Dans nos secteurs, il faut baser la lutte prophylactique en fonction du risque pyrale. En cas de forte pression pyrale constatée dans les parcelles, et dans les secteurs cités précédemment, il est recommandé de réaliser un broyage fin et ras du sol tôt après la récolte, suivi d’un enfouissement pour minimiser les chances de survie des larves de pyrale, et a fortiori de sésamie. Un dessouchage suivi d’un éclatement des collets permet encore de gagner en efficacité, notamment sur pyrale. A noter que la lutte à l’échelle d’un bassin de parcelle est plus efficace que la lutte individuelle.
Également, les parcelles ayant subi des attaques de pyrales doivent faire l’objet d’attentions particulières : ne pas récolter trop tard sous peine de s’exposer aux différents risques évoqués.
Les autres atouts agronomiques de la gestion des résidus de récolte
Le hachage des résidus de maïs présente également d’autres intérêts :
• En maïs sur maïs : réduction du risque de maladies foliaires et surtout des risques fusarioses (Fusarium graminearum – section liseola) et mycotoxines (DON). Le risque sanitaire est proportionnel au volume de résidus laissé en surface,
• Blé après maïs : réduction des risques fusarioses-mycotoxines,
• Piégeage de l’azote : incorporés au sol, les résidus se dégradent mieux et jouent le rôle de piège à nitrates (de 20 à 30 kg N/ha retenus).
A venir à l’automne : le bilan des dissections de cannes de maïs
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