Retour sur la campagne orges de printemps 2024
La campagne 2024, marquée par une pluviométrie importante et continue et une forte pression maladies, s’est traduite en rendements décevants pour les blés et les orges d’hiver. Dans ce contexte défavorable, les orges de printemps réalisent un bilan mitigé, entre variabilité de rendement et relative stabilité de la qualité.
Des semis très échelonnés
Les pluviométries importantes de l’hiver 2024 ont contraint les périodes propices au semis des orges de printemps.
Une grande part des surfaces a été implantée sur la première moitié de mars. Néanmoins, sur des sols plus argileux, les semis ont pu se poursuivre jusque début avril. A noter qu’en historique, les dates de semis tardives ne sont pas systématiquement associées à des rendements décevants.
Les conditions météo post-semis ont été favorables à une levée rapide et homogène des orges de printemps.
Finalement, la Champagne-Ardenne totalise ainsi près de 132 000 ha d’orge de printemps (source AGRESTE septembre 2024) : c’est plus que 2023 qui avait enregistré une baisse significative des surfaces.
Le développement des orges de printemps s’est poursuivi dans des conditions météorologiques globalement favorables. Ce qui est une bonne nouvelle, connaissant la sensibilité de cette espèce à la qualité d’implantation.
Le nombre de talles par plante est proche de la moyenne sur dix ans dans nos essais. Localement, les difficultés d’implantations ont pu limiter cette première composante.
Losanges jaunes : données historiques
Carrés rouges : données de l’année (nombre = département d’essai)
La composante densité épis assurée
40 % du rendement des orges de printemps est expliqué par la densité épis. C’est donc la composante majeure pour cette espèce de printemps, qui a peu de capacités de compensation sur les autres composantes. L’analyse des bases de données de physiologie ARVALIS a montré qu’il fallait à minima 120 mm entre le semis et l’épiaison pour assurer une bonne densité épis.
La météo pluvieuse de 2024 a permis de remplir largement ce critère. La densité épis est conforme au pluriannuel dans les essais ARVALIS. Comme pour la composante tallage cependant, dans certains secteurs la densité d’épis a pu être en retrait (implantations difficiles, orge qui peine à se développer – exemple de notre site de l’Aisne (02)).
- Le rayonnement, plutôt en berne sur cette campagne, tend à nouveau vers la normale après épiaison, permettant la mise en place d’une bonne fertilité épi, sans avortement de grains, supérieure d’environ 10 % à la moyenne des dix dernières années. Contrairement aux observations menées dans l’Aisne, en semis tardifs, où pour les mêmes stades, les rayonnements restent très bas. Ainsi, avec une densité d’épis dans la moyenne et une bonne fertilité épi, le nombre de grains au m² est satisfaisant.
- Les conditions humides favorisent l’apparition des maladies foliaires, l’helminthosporiose et la rhyncosporiose principalement. La pression de ces maladies reste modérée, bien que les symptômes, d’helminthosporiose surtout, touchent tout de même la dernière feuille. Des cas de ramulariose ont aussi pu être observés. Finalement, la nuisibilité observée s’élève à environ 18 q/ha (RGT Planet sur notre site de la Marne).
Une dynamique de remplissage affectée
La météo qui s’installe pendant la phase de remplissage des grains des orges de printemps est assez pluvieuse et peu ensoleillée, avec des minima de rayonnement en dessous du seuil critique de 200 cal/m² à plusieurs reprises (figure 5) et un cumul de rayonnement inférieur à la médiane sur dix ans. D’une part, cela restreint la taille des enveloppes des grains d’orges ; d’autre part, les faibles rayonnements ont limité l’activité photosynthétique et ont donc ralenti la vitesse de remplissage. Ce phénomène a été amplifié par la présence de maladies (rhynchosporiose, helminthosporiose…) sur les derniers étages foliaires et par la verse sur les parcelles touchées par des épisodes orageux en fin de cycle.
Les cinétiques de remplissage ont ainsi abouti à des poids de mille grains (PMG) faibles. Les rendements, dans nos essais, sont corrects, grâce aux épis et au nombre de grains. Néanmoins, les situations ont été très contrastées dans la plaine, avec des rendements parfois très décevants.
Les calibrages ont également été affectés (maladies, remplissage), avec une moyenne inférieure à 90 % dans nos essais (83 % pour RGT Planet dans le site de la Marne), alors que les orges de printemps nous ont habitué à beaucoup mieux !
Du point de vue de la qualité, la teneur en protéines est correcte, en tendance plus élevée que d’habitude, tout en restant dans la norme du cahier des charges des orges brassicoles. Il n’est cependant pas rare de rencontrer des situations où la teneur en protéines est supérieure à 12 %.
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