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Poitou-Charentes

Ravageurs d’automne sur céréales : c’est le moment d’estimer les risques

Avec la douceur et l’humidité actuelles et prévues, les conditions sont propices au développement des ravageurs d’automne, comme les limaces et les pucerons. Alors que les semis de céréales ont démarré dans certaines parcelles, il est nécessaire d’évaluer dès à présent les risques, via le piégeage et/ou l’observation directe.

Pucerons sur une feuille de céréales à paille tenue entre des doigts

Quand intervenir dans ce contexte favorable aux limaces ?

La nuisibilité des limaces est difficile à prévoir et à quantifier car elle dépend notamment de facteurs agronomiques. Il est donc conseillé d’évaluer au préalable le risque lié à la parcelle. Au-delà des attaques de limaces sur la culture précédente et l’interculture, il est indispensable de poser des pièges pour mesurer la présence ou non de limaces (prioriser les parcelles avec activité limaces dans la culture précédente, sans gestion résidus, couverts appétants, sol argileux et/ou motteux).

Avant les semis, compte tenu des conditions climatiques actuelles, le risque est fort pour les parcelles qui ont subi des attaques dans la culture précédente et l’interculture, et dont l’observation ou le piégeage s’est révélé positif.

  • Dans ces cas, la lutte agronomique est prioritaire. En effet, le travail du sol permet de limiter la pression limaces. Un labour permettra d’enfouir en profondeur les limaces et ainsi, limiter ponctuellement les populations, comme le ferait une solution chimique. Une préparation fine du sol et le roulage constituent des leviers permettant également de détruire les abris (mottes) et limitent temporairement les activités.
  • En l’absence de leviers agronomiques, une intervention avec un anti-limace sera nécessaire, au moins 15 jours avant semis. Ce délai permet de profiter de toute l’efficacité du produit avant qu’il ne soit incorporé dans la terre.

Entre le semis et la levée, avec les conditions de l’année, si les limaces sont observées ou piégées, le risque est fort et une intervention avec un antilimace est conseillée.

Après la levée, les traitements sont moins efficaces car l’appétence des granulés est en concurrence avec celle des plantes. Si aucune application n’a été réalisée antérieurement pour protéger la culture, ou si les granulés antilimaces ont disparu, traiter si : activité des limaces visibles (piégeage ou observation) ou plus de 30 % de plantes attaquées ou foyers complètement détruits.

Au-delà du stade 3-4 feuilles, le pouvoir de compensation de la culture est fort et une nouvelle intervention a peu de chance d’être rentabilisée.

Lorsqu’une intervention est nécessaire, l’utilisation de produit à base de phosphate ferrique ou de métaldéhyde est à prévoir pour limiter ponctuellement la population de limaces. Attention toutefois, leur persistance d’action est faible notamment en présence de pluie, à appliquer que dans des situations à très fort risque. Les solutions à base de phosphate ferrique sont 100 % biocontrôle, mais toutes n’ont pas les mêmes efficacités. L’effet des phosphates ferriques n’est pas toujours immédiat, il faut souvent attendre trois à six jours pour constater la mortalité (pas d’effet « choc »), mais les efficacités globales sont comparables aux métaldéhydes.

La synthèse de dix essais réalisés par ARVALIS depuis 2017 confirme que huit à neuf jours après application, les niveaux de mortalité des limaces et de protection du végétal sont équivalents entre Sluxx HP (phosphate ferrique), IronMax PRO (phosphate ferrique) et Metarex Duo (phosphate ferrique et métaldéhyde). Leurs efficacités sont comprises entre 75 et 78 % en termes de mortalité limaces et entre 78 et 90 % en termes de surface foliaire consommée.

Il est important de rappeler que l’efficacité de ces solutions dépend également de la qualité de l’épandage et des conditions d’application.

Comment piéger ?
Le piégeage est à réaliser en condition d’activité des limaces (sol humide) ; à éviter juste après une préparation de sol qui perturbe l’activité.
- Disposer 4 pièges (minimum) de type INRA (50 cm * 50 cm) donnant une surface totale de piégeage de 1 m².
- Les positionner à au moins une dizaine de mètres les uns des autres et à au moins 10 m de la bordure.
- De préférence poser les pièges le soir après les avoir humidifiés à saturation et les relever le lendemain matin à la fraîche.
- Ne pas mettre de granulés antilimaces sous les pièges.
- Déplacer les pièges de quelques mètres et les réhumidifier avant chaque nouvelle estimation.

Surveiller la présence des pucerons et cicadelles dès la levée

Pour les pucerons

Les conditions climatiques de l’année n’ont pas permis des semis précoces de céréales qui sont régulièrement les plus exposés aux infestations de pucerons ou cicadelles. Les semis de fin octobre, par un temps de présence des pucerons réduit et par une météo moins favorable, sont moins à risque qu’un semis du début du mois… mais le risque n’est pas nul. En effet, les températures actuelles autour des 15°C (figure 1) et à venir sont favorables à l’activité des pucerons (vols et multiplications). La vigilance sera de mise dès la levée des céréales. En effet, en cas d’automne particulièrement doux et prolongé, des semis mêmes plus tardifs peuvent subir des infestations significatives de pucerons.

Figure 1 : Impact de la température et de la pluviométrie sur l'activités des pucerons depuis début septembre 2024 - Station Niort Souche (79) - (Météo France - ARVALIS)
Figure 1 : Impact de la température et de la pluviométrie sur l'activités des pucerons depuis début septembre 2024 - Station Niort Souche (79) - (Météo France - ARVALIS)

Sur jeunes plantes, les pucerons sont facilement visibles sur les feuilles à condition de respecter quelques règles pour les observer :

  • privilégier les conditions ensoleillées, sinon a minima les heures les plus chaudes de la journée (fin de matinée / début d’après-midi) ;
  • observer les zones de la parcelle les plus à risque (proches des haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, jachères, maïs…) ;
  • rechercher la présence de pucerons sur des séries de dix plantes (plusieurs lignes de semis).

Il est recommandé d’intervenir dès lors que les observations ont révélé que 10 % des plantes sont porteuses de pucerons ou quand la présence de puceron(s) est observée dans la parcelle pendant plus de dix jours.

Les pièges jaunes sont un bon indicateur des vols de pucerons, mais ils ne donnent aucune indication sur leur développement dans la parcelle ; la fréquence de plantes habitées dans la parcelle reste le meilleur indicateur pour l’analyse de risque.

Du côté des cicadelles

Concernant la cicadelle Psammotettix alienus, vectrice de la maladie des pieds chétifs, sa présence peut être appréciée par piégeage sur plaque engluée jaune (car très mobile). L’intervention est recommandée quand l’effectif de captures hebdomadaires atteint 30 individus, ou bien, dans le cas d’un suivi bi-hebdomadaire, lorsqu’il est observé une différence d’une vingtaine de captures entre deux relevés. Une observation directe des cicadelles sur la parcelle peut également être pratiquée en période ensoleillée, la plus chaude de la journée, pour déclencher le traitement. Si, une forte activité est observée (observations sur cinq endroits de la parcelle faisant sauter devant soi au moins cinq cicadelles pour chaque endroit), le traitement doit être immédiat.

Sur le site d’expérimentation de la station du Magneraud (79) en semis précoce, l’activité des pucerons est particulièrement élevée sur octobre. Ces observations incitent à une vigilance accrue pour les semis en cours et les prochaines levées.

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