Interculture : quelques éléments clés pour réussir son couvert
Pour faire le bon choix des espèces de couverts à implanter pendant l’été, il est possible de raisonner son choix sur quelques critères : l’objectif que l’on souhaite lui donner, la rotation et la culture suivante, la date de semis et le mode de destruction.
Les intercultures longues peuvent être soumises à réglementation, particulièrement dans les zones vulnérables définies par la Directive Nitrates et dans le cadre de la PAC avec les Structures d’Intérêt Ecologique (SIE). Au-delà des aspects réglementaires, les couverts offrent de nombreux bénéfices agronomiques, notamment en matière de protection des sols et de gestion des adventices.
Le choix des espèces en relation avec la rotation et la culture suivante
Le choix de l’espèce ou des espèces à implanter doit avant tout être raisonné en fonction de l’objectif que l’on veut lui donner : piéger les nitrates au moment où ils sont les plus sensibles à la lixiviation, améliorer la fertilité des sols, limiter l’érosion, avoir une action prophylactique sur les maladies et/ou les adventices, valoriser le couvert en fourrage ou en Culture Intermédiaire à Vocation Energétique (Cive), ou tout simplement entretenir la biodiversité.
Tableau 1 : Quelques éléments à prendre en compte pour le choix du couvert (ARVALIS, Terres Inovia, UNILET, ITB)
D’une manière générale, le choix d’un couvert de la même famille que la culture qui va suivre est à éviter dans la mesure où il favorise les risques parasitaires. Par exemple, en interculture courte, le semis d’une avoine avant un blé est déconseillé. Les cultures présentes dans la rotation doivent également être prises en compte afin d’éviter d’augmenter le risque à moyen terme : avant un maïs dans une rotation où un pois est présent, il est déconseillé de choisir un couvert sensible à l’Aphanomyces (couvert contenant pois, lentille ou luzerne par exemple) ; avant un maïs dans une rotation avec retour fréquent de colza, il faudra éviter d’implanter des crucifères (couvert de moutarde, radis…) qui peuvent augmenter le risque hernie sur le colza à venir.
Les mélanges de plusieurs espèces sécurisent la réussite du couvert. Par exemple, les associations avec légumineuses dans les sols à faible fourniture d’azote permettent d’obtenir une biomasse supérieure à celle d’un couvert de non-légumineuses.
Date de semis et durée de vie du couvert
Afin de favoriser les bénéfices des couverts, leur durée de vie doit être suffisante. Dans le cas des CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates), la culture doit être implantée suffisamment tôt pour jouer pleinement son rôle. Pour une interculture longue, un semis fin août / début septembre permet au couvert d’être correctement installé de manière à limiter le stock d’azote du sol au moment où il risque d’être lixivié. Pour certaines espèces, le semis peut même être réalisé plus précocément.
Les implantations ultérieures à début septembre ne permettent pas en fréquence d’obtenir des couverts suffisamment développés avant la fin de l’automne. Néanmoins, si l’objectif est de détruire le couvert en sortie d’hiver ou au printemps, un semis de septembre avec des espèces adaptées est possible (espèces d’hiver comme le seigle forestier, la féverole d’hiver…).
Tableau 2 : Espèces de couverts et dates de semis potentielles
D’une manière générale, il est indispensable de prendre en compte le type de sol et l’espèce de couvert pour en raisonner la gestion : les risques de manque d’eau à l’implantation peuvent être réels et la montée à graine des couverts rapide.
La durée de vie d’un couvert doit donc être suffisamment longue mais il est aussi vivement conseillé de le détruire au moins 2 mois avant l'implantation de la culture suivante pour ne pas la pénaliser. Trouver le bon compromis entre la durée necessaire de développement du couvert (pour qu’il joue pleinement son rôle) et l’évitement d’un effet dépressif sur la culture suivante est donc indispensable.
Ces sols doivent de préférence être travaillés en automne – hiver pour pouvoir se restructurer sous l’effet des alternances pluies/sec. Selon le travail du sol pratiqué (labour / non labour), l’implantation du couvert peut être mise en œuvre de différentes manières :
• Semis du couvert en fin d’été, destruction à partir de la mi-novembre, préparation du sol en hiver. Nos essais montrent que l’effet CIPAN fonctionne même si la destruction est précoce : l’azote piégé par le couvert est certes minéralisé précocement mais sa localisation dans l’horizon de surface réduit sa lixiviation par rapport au sol nu (Magneraud 1990 - 1996).
• Travail du sol en fin d’été puis implantation du couvert – destruction du couvert en sortie hiver sans travail du sol profond, et implantation de la culture suivante avec un travail du sol réduit.
Quel mode de destruction ?
On considère, pour la plupart des espèces, qu’un couvert bien développé est plus facile à détruire qu’un petit couvert. Les couverts peuvent être détruits suivant différentes méthodes : méthode chimique, gel, roulage, broyage, enfouissement par le labour... En fonction du matériel disponible et de la méthode qu’il souhaite employer pour détruire son couvert, le choix de l’espèce à implanter peut varier. Ces différentes méthodes présentent toutes leurs avantages et leurs inconvénients.
Remarque : dans le Sud-Ouest, les hivers sont souvent trop doux pour que les couverts gélifs ne se détruisent naturellement.
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