Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : qu’apportent les capteurs à la gestion du désherbage ?
Installés sur des drones, des robots ou des tracteurs, les capteurs permettent aujourd’hui de détecter les adventices parmi les céréales. Mais comment sont-ils intégrés dans les outils de désherbage ? Eléments de réponse avec Benoît de Solan, expert capteurs chez ARVALIS – Institut du végétal.
Perspectives Agricoles : Comment fonctionnent les capteurs disponibles ?
Benoît de Solan : Les capteurs les plus utilisés pour le suivi des cultures mesurent la manière dont la lumière naturelle ou artificielle est réfléchie. On peut ainsi obtenir des images dans un ensemble de couleurs du visible, voire dans l’infrarouge. Ces informations contribuent à distinguer le sol de la végétation. D’autres informations peuvent être mesurées par un capteur telles la position par rapport au rang ou la forme des plantes.
Mais le capteur seul n’est pas suffisant pour reconnaître une adventice d’une plante cultivée. Ses données doivent être analysées par un algorithme de classification.
P.A. : Les méthodes de détection sont-elles différentes selon le stade d’intervention ?
B. de S. : Oui. Le cas le plus simple est celui du traitement en interculture, où toute végétation détectée peut être considérée comme une adventice. Une cartographie par drone semble alors idéale ; elle permet en outre d’estimer avant l’épandage la quantité de produit qui sera nécessaire, limitant ainsi les fonds de cuve.
En postlevée des céréales, la détection est plus délicate car les plantes sont de très petite taille. À ce stade, les bineuses guidées par un détecteur optique dans l’inter-rang semblent une solution intéressante quand les conditions sont favorables à ce travail du sol. Dans ce cas, le capteur ne détecte pas les adventices mais les rangs et guide les dents de la bineuse afin de ne pas endommager la culture.
À un stade plus avancé, on ne peut plus voir les rangs de culture. Il est toutefois possible d’identifier des vivaces de grande taille (chardons, gaillets…) au milieu de la culture par leur forme et leur couleur. Une cartographie par drone ou une détection directe par capteur embarqué sur tracteur est alors envisageable.
P.A. : Comment sont-ils intégrés aux outils agricoles ?
B. de S. : Aujourd’hui, en dehors des bineuses à capteur embarqué, il existe peu de systèmes utilisables en céréales pour la gestion fine des adventices. Pour les plantes à large inter-rang (maïs, vigne…), par contre, il existe des systèmes de détection des adventices embarqués sur tracteur plutôt utilisés aux États-Unis, comme le WeedSeeker. Des tests sont aussi en cours par drone, avec des contraintes : la résolution au sol doit être élevée et il faut passer au bon moment.
Une fois les adventices précisément identifiées, le dernier élément de la chaîne de désherbage est de disposer de matériels agricoles ayant une action précise et adaptée. L’injection directe semble la solution technique idéale et complémentaire à ces techniques de détection fine ; elle ajuste au mieux les volumes préparés et épandus. Encore au stade expérimental, les constructeurs y travaillent activement.
L’utilisation de robots désherbeurs serait une alternative pour gérer en même temps la détection et l’élimination mécanique ou chimique des adventices. Testés en maraîchage, leur usage en grandes cultures se heurte encore à de nombreuses limites technologiques et réglementaires.
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