Protection du blé : une intervention fongicide est-elle encore envisageable ?
En mai, la pluie a été propice à de nouvelles contaminations par les maladies foliaires, septoriose mais aussi rouille brune. Est-il encore possible d’intervenir et obtenir l’efficacité souhaitée
Fin des interventions foliaires trois semaines après l’épiaison
En général, une intervention fongicide est rentabilisée jusqu’à la chute des étamines, soit quinze jours à trois semaines après l’épiaison. Même si les symptômes des champignons pathogènes progressent sur le feuillage, une intervention au-delà de ce stade est rarement valorisée car la céréale termine rapidement son cycle. Dans notre région, celui-ci est d’ailleurs fréquemment écourté par l’échaudage qui réduit la période de protection à couvrir. De plus, l’investissement supplémentaire est à raisonner en fonction du potentiel attendu de la culture.
Le climat actuel, propice aux nouvelles contaminations, peut poser la question de l’intérêt d’un complément fongicide un peu au-delà de ce stade. Nos essais visant à évaluer l’intérêt d’un fongicide tardif montrent que celui-ci ne se justifie d’un point de vue technico-économique que dans des situations bien particulières :
- Fin de cycle de la culture prolongée par l’absence de déficit hydrique et d’échaudage thermique conjuguée à une pression des maladies foliaires importante, avec des contaminations tardives (comme les années 2007 et 2008 notamment).
- Et lorsque les applications fongicides de dernière feuille étalée/épiaison ont été réalisées à dose réduite (persistance d’action plus faible).
Dans ce cas de figure, le gain de rendement permis par une dernière intervention jusqu’à 400°C après épiaison (trois à quatre semaines après épiaison) variait dans nos essais de 0 à 7 quintaux bruts, avec une valorisation de l’intervention dans un cas sur deux.
Une ré-intervention post-épiaison doit donc se décider avec parcimonie, uniquement pour les situations qui présentent un bon potentiel, dans des sols où la finition est lente.
Quelle décision prendre dans le contexte de cette année ?
- Les semis d’octobre sont les plus touchés par la septoriose mais il est désormais trop tard pour intervenir dans bon nombre de situations, vu l’avancée des stades.
- Pour les semis de fin novembre à décembre, la pression des maladies foliaires est nettement plus faible et jusque-là bien contrôlée par le fongicide réalisé à dernière feuille étalée. Seule la gestion des fusarioses peut justifier une intervention pour les parcelles qui sont au tout début de la floraison. Passé ce stade, il est trop tard pour envisager un traitement.
Tableau 1 : Cumul de températures base 0°C atteint au 26 mai pour différentes dates d’épiaison
(Mise à jour 26/05/2024 – Données Météo France)
Dans tous les cas, attention à respecter le Délai Avant Récolte (DAR). Pour certains fongicides, le DAR est supérieur à 35 jours ou fixé avant le stade BBCH 71, qui correspond au stade grain formé.
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