Prévenir les carences en soufre sur céréales : faut-il prévoir un apport ?
A l’heure des premiers apports d’azote, c’est le moment de s’interroger également sur les besoins en soufre des céréales.
L’importance du soufre pour la plante
Avec l’azote, le phosphore et le potassium, le soufre est un des quatre éléments nutritifs essentiels à la croissance des céréales. Il intervient dans la synthèse de la chlorophylle et des protéines. La cinétique d’absorption du soufre est analogue à celle de l’azote : il est majoritairement absorbé durant la montaison.
Durant leur cycle, les céréales absorbent entre 50 et 70 kg de soufre par hectare sous forme de sulfate (SO42-). Avec la baisse des retombées de soufre atmosphérique, les carences sur blé sont plus fréquentes et doivent être anticipées. La perte de rendement due à une carence en soufre peut être de 2 à 10 q/ha dans le cas d’une déficience modérée, mais peut aller jusqu’à 20-30 q/ha dans les cas les plus graves, via la baisse du nombre d’épis, et parfois leur fertilité.
Afin d’anticiper le risque de carence le plus précoce, la meilleure période d’apport se situe entre fin tallage et tout début montaison. Après ce stade et en cas de carence sévère, le rattrapage ne sera pas complet (70 % des besoins en soufre sont déjà absorbés au stade 2 nœud).
Certains contextes sont propices aux carences en soufre sur les céréales. C'est notamment le cas des sols argilo-calcaires superficiels (sols filtrants), où les risques de pertes par lixiviation sont importants (en fonction de la pluviométrie de l’automne-hiver). Plus généralement, les sols à faibles teneurs en matière organique ou minéralisant peu au printemps sont à surveiller.
La situation 2022
Les cumuls de pluie pendant la période hivernale (1er octobre 2021 au 15 février 2022) ont été supérieurs à 400 mm sur une partie de la région, notamment sur la bande maritime. Sur le reste du territoire, notamment dans l’Aisne, l’Oise et le sud de la Somme et du Nord, les cumuls sont plus faibles, mais tout de même situés entre 250 et 350 mm sur la période.
Carte : Pluies du 1er octobre 2021 au 15 février 2022
A l’exception des zones ayant reçu beaucoup d’eau (> 400 mm), notamment le Pas-de-Calais, les zones de sols profonds, limoneux et argileux ne présentent pas un risque fort de carence en soufre.
A l’inverse, si on se reporte à la grille de risque (tableaux 1 et 2), adaptée à nos potentiels de rendement, les sols plus superficiels présentent un risque de lessivage du soufre assez fort, puisque les précipitations sur la région sont au global supérieures à 250 mm. Dans ces situations, un apport peut être envisagé entre le stade tallage et jusque début montaison (1 nœud) afin d’anticiper d’éventuelles carences.
Tableaux 1 et 2 : Grille de préconisation en soufre sur céréales (kg SO3/ha) entre début et fin tallage adaptée à l’année 2022, sur blé pour un rendement de 90-100 q/ha
source ARVALIS
PRO : Produits résiduaires organiques
Cette grille de préconisations ARVALIS fait le point des situations à risque en fonction du type de sol, et des niveaux de pluviométrie atteints. Dans tous les cas, les apports réguliers de produits organiques (fumiers, composts…) qui contiennent du soufre limitent le risque.
Des formes soufrées d’efficacité équivalente
Les engrais disponibles sur le marché contiennent le plus souvent du soufre sous forme sulfate, associé à un ou plusieurs autres éléments tels que l’azote, le phosphore, le potassium ou le magnésium. On trouve également du soufre élémentaire micronisé et la forme thiosulfate.
La forme d’engrais n’influence pas l’efficacité de l’apport. Elle doit être choisie en fonction du coût et de l’équilibre avec les autres éléments apportés dans une formule composée.
Attention : les quantités de soufre des produits sont exprimées en SO3 et non en soufre (S). Pour convertir S en SO3, il faut multiplier par 2,5 : teneur SO3 = teneur S x 2,5. S’assurer lors du choix du produit d’avoir assez de quantités de SO3 pour combler les besoins de la culture !
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