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Lorraine

Premier apport d’azote sur blé : s’adapter à la campagne en cours

Voici un point météo de l’automne 2024/hiver 2025 et de la situation azotée des parcelles de blé en ce début 2025.

Engrais d’azote au pied des céréales en Lorraine

L’observatoire de la fertilisation azotée en Grand Est compte 48 parcelles de blé réparties sur la Champagne-Ardenne, la Lorraine et l’Alsace, représentant une diversité de situations pédoclimatiques et de précédents culturaux.

Tout au long de la campagne de fertilisation, l’INN (Indice de Nutrition Azotée) sera mesuré dans ces parcelles à l’aide de la pince N-tester® ou de l’outil CHN-conduite, afin de piloter l’azote au plus près des besoins du blé.

Carte 1 : Observatoire de la fertilisation azotée du blé en Grand Est – Réseau de parcelles 2025
Carte 1 : Observatoire de la fertilisation azotée du blé en Grand Est – Réseau de parcelles 2025

En tendance, les conditions climatiques sont proches des moyennes de saison, avec toutefois des épisodes pluvieux plus marqués en début d’automne et d’hiver.

Bien que le début d’automne et le mois de janvier aient été relativement pluvieux, les précipitations et les températures rencontrées sur l’ensemble de cet automne-hiver 2024-2025 ont été globalement similaires à la médiane de ces vingt dernières années.

A titre d’exemple à Fagnières (51), 280 mm de pluie et un cumul de 950°C ont été enregistrés, proches de la médiane des vingt dernières années (figure 1). A Saint-Hilaire-en-Woëvre (55), ces valeurs se situent à 315 mm et 820°C cumulés, également proches de la médiane (figure 3).

Figures 1 à 4 : Offre climatique à Fagnières (51) et St-Hilaire-En-Woëvre du 1er octobre 2024 au 10 février 2025
Figures 1 à 4 : Offre climatique à Fagnières (51) et St-Hilaire-En-Woëvre du 1er octobre 2024 au 10 février 2025

Ainsi, les céréales d’hiver, globalement à mi-tallage, sont dans une dynamique de stades proche de la médiane pluriannuelle (et donc moins avancés que l’année 2024 très précoce).

Des valeurs de reliquats en sortie d’hiver (RSH) contrastées

En Champagne-Ardenne, les RSH de 6 300 parcelles ont été analysés. La moyenne des reliquats après-récolte s’élevait à 100 kg N/ha (niveau historiquement haut, conséquence des rendements décevants en 2024), aboutissant à des reliquats début drainage historiquement hauts. La synthèse met en avant des valeurs de RSH mesurées sur trois horizons de 73 kg N/ha, soit dans la moyenne pluriannuelle (figure 5).

Figure 5 : Reliquat Sortie Hiver moyen pluriannuel en Champagne-Ardenne (Chambre d’Agriculture de la Marne)
Figure 5 : Reliquat Sortie Hiver moyen pluriannuel en Champagne- Ardenne (Chambre d’Agriculture de la Marne)

Par conséquent, ce sont en moyenne 30 kg N/ha qui ont été perdus (par lixiviation ou remobilisation) entre l’entrée et la sortie d’hiver dans les situations sans apport de matière organique (MO) contre 50 kg N/ha dans les situations avec apport de matière organique (MO). Concernant les céréales d’hiver, il y a un effet de + 12 kg N/ha en sortie d’hiver avec apport de MO : RSH moyens de 72 kg N/ha, contre 60 kg N/ha sans apport de MO.

En Lorraine, d’après les premiers résultats, la tendance semble être un peu différente avec une baisse du niveau de RSH de 20 % par rapport à la moyenne pluriannuelle (sur la base de 200 reliquats analysés – secteur EMC2). Cette tendance sera confortée dans le prochain message sur la base des échantillons en cours d’analyse.

Une reprise végétative lente en cette sortie d’hiver

Du fait des températures fraîches de ces dernières semaines, la reprise végétative des blés est assez lente et il en résulte des stades moins avancés par rapport à 2024, ce qui est d’autant plus marqué pour les semis tardifs. A ce stade, les besoins en azote du blé sont actuellement assez limités, avec un coefficient apparent d’utilisation de l’azote (CAU) faible.

Quelle conduite tenir pour le premier apport d’azote ?

Il est important d’attendre de bonnes conditions de valorisation (précipitations > 15 mm prévues dans les 15 jours) et de ne pas dépasser 40 kg N/ha pour cet apport. De plus, il est à souligner que l’azote ne fait pas taller : en effet, l’azote apporté au tallage entretient des talles secondaires qui ne contribuent pas au rendement. Il n’est donc pas nécessaire d’apporter l’azote trop tôt ni en grande quantité.

Différents indicateurs peuvent être considérés pour raisonner le premier apport :

  • Si le RSH est relativement élevé (de l’ordre de 60 kg N/ha et plus sur trois horizons, par exemple dans les parcelles en sols limons argileux profonds, avec apport de produits résiduaires organiques réguliers), que le couvert est bien développé et enraciné et que les conditions climatiques sont favorables à la croissance et à la minéralisation, une impasse au tallage est à privilégier.
  • Si le RSH est plus faible, un apport peut être nécessaire, une fois le tallage atteint et la reprise de végétation amorcée.

Bulletin rédigé par la CRAGE et ARVALIS, en partenariat avec les partenaires de l’observatoire (CA51, CA54, CA55, CA88, CA57, CAA, EMC2, Cérèsia, SCARA, CETA Romilly, Terrasolis)

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