Pommes de terre : les précautions à prendre en cas de récolte sous la chaleur

Lorsque l’arrachage s’effectue par forte chaleur, il y a un risque de Déficit de Pression de Vapeur*, de même qu’un besoin important de refroidissement des tubercules. Ces deux facteurs augmentent le danger d’une déshydratation excessive des tubercules qui peut se manifester après plusieurs mois de conservation par l’apparition de faces planes ou de flétrissement.

Ce sont en effet souvent les premiers jours, voire les premières heures, suivant l’arrachage qui sont décisives pour expliquer ce phénomène.

Plusieurs précautions sont à prendre pour chercher à minimiser ces risques, tant du côté des tubercules que de la gestion du stockage.

Minimiser les impacts à la récolte

Côté tubercules, ils doivent être bien mûrs en évitant une peau trop peleuse ou trop fragile car la moindre blessure se traduira par une transpiration accentuée à l’origine des facettes après plusieurs semaines de stockage. Le bon réglage de l’arracheuse et des opérations de réception/mise en stockage est aussi essentiel pour minimiser les impacts subis par les tubercules. Attention notamment à ne pas dépasser des hauteurs de chute de 25 à 30 cm et à protéger toutes les zones d’impact par des protections souples.

En situation sèche, une irrigation préalable à l’arrachage est préférable pour limiter l’agressivité des mottes.

Lorsque les tubercules sont blessés, il est préférable de ne pas refroidir le stockage en dessous de 12°C durant les deux premières semaines pour leur laisser le temps de cicatriser, avant de les refroidir plus intensément.

Rentrer des tubercules pas trop chauds

Côté stockage, il est important de ne pas rentrer des tubercules trop chauds qui devraient être trop ventilés pour les abaisser en température. Ainsi lorsque les températures extérieures sont élevées à très élevées, les récoltes doivent se faire de préférence tôt à très tôt le matin en arrêtant idéalement les arrachages dès que la température des tubercules dépasse 20°C. On prendra ici en compte l’inertie thermique des buttes qui, par temps dégagé, sont aussi chaudes à 22 heures qu’à 15 heures !

Des tubercules plus frais à l’entrée en stockage réduiront ainsi le nombre d’heures de fonctionnement des frigos et la déshydratation des tubercules durant leur refroidissement. Cela réduira d’autant le coût énergétique annuel de fonctionnement de l’installation : 4°C de refroidissement gagnés correspondent à 25 % de gain potentiel dans la phase de refroidissement d’un stockage de 22°C à 6°C !

La prise en compte de cette mesure limitera également l’écart de température entre les tubercules et le stockage à 5°C pour éviter le « stress thermique ».

Remplir les frigos de manière groupée

En plus de rentrer des tubercules pas trop chauds, il convient de chercher à remplir le frigo de manière la plus groupée possible pour bénéficier d’une hygrométrie élevée à l’intérieur du bâtiment. La durée de remplissage ne devrait pas dépasser 8 à 10 jours.

Par la suite, après le bon séchage des tubercules, l’hygrométrie du stockage doit être maintenue à 95 %, si besoin en complétant le manque d’humidité par un apport d’eau exogène par brumisation raisonnée en prenant garde à ne pas mouiller les tubercules stockés. Attention à stopper cette brumisation au moins une semaine avant la première thermonébulisation d’un antigerminatif !

(*) Le Déficit de Pression de Vapeur d’eau (DPV) appliqué aux tubercules correspond à l’écart entre la pression de vapeur d’eau saturante existant au niveau du tubercule et la pression de vapeur d’eau caractérisant l’air ambiant ou ventilé.