Maïs : se tenir prêt à irriguer en sols superficiels et moyens
La majorité des parcelles de maïs arrivent à des stades où les besoins en eau augmentent. Certaines situations nécessitent le déclenchement d’un premier tour d’eau. Voici les stratégies recommandées pour bien piloter l’irrigation cette année.
Un climat humide permettant de retarder les premiers tours d’eau
Les pluies régulières sur le début de cycle ont permis de retarder le démarrage de l’irrigation sur les maïs. Dans notre région, le cumul de précipitations depuis le début des semis (15 avril) est excédentaire par rapport à la médiane 2004-2023, en moyenne de 30 mm, mais avec de grosses disparités dues aux orages de juin.
Carte 1 : Précipitations cumulées du 15 au 30 juin 2024
Côté sommes de températures, elles sont en retrait d’environ 70 degrés-jours en base 6-30°C par rapport à la médiane 2004-2023 pour les semis d’avril, contre environ 20 degrés-jours pour ceux de mai. Les stades sont donc un peu en retard par rapport à une année médiane, également en lien avec des dates de semis décalées suite aux pluies.
Figure 1 : Ecarts cumulés de sommes de températures (base 6-30°C) pour un semis du 15 avril (Orléans - 45)
Figure 2 : Cumul de pluies et de températures (6-30°C) à Orléans pour un semis du 15 avril
Cependant, les parcelles les plus avancées arrivent aujourd’hui au stade 15 feuilles, à partir duquel la sensibilité au stress hydrique du maïs devient très forte, en lien avec la mise en place du nombre de rangs par épi (facteur principalement génétique), puis du nombre de grains par rang. Tout stress durant cette période conduira à limiter le nombre de grains par épi, composante clé du rendement du maïs grain. Avant de démarrer la campagne d’irrigation, voici quelques rappels.
Piloter l’irrigation en volume non limitant
En situation non limitante en eau, le déclenchement de l’irrigation est possible à partir du stade 10-12 feuilles visibles du maïs. L’objectif est de subvenir aux besoins en eau jusqu’à maturité physiologique (fin du remplissage au stade H32 %), avec une fin d’irrigation à positionner au stade H50 %, voire H45 % en sols très superficiels. Quelques règles peuvent aider au pilotage :
- Reprise du tour d’eau après une pluie
En cas de pluie significative, c'est-à-dire supérieure à 10 mm, repousser l’irrigation d’un jour par tranche de 5 mm (s’il a plu 15 mm, attendre trois jours avant de reprendre le tour d’eau). Dans la mesure du possible, essayer de préserver un niveau de « remplissage » de la réserve facilement utilisable (RFU) suffisant pour accompagner les probables demandes climatiques fortes de juillet, mais conserver un « déficit sol » de 15-20 mm permettant de stocker d’éventuelles pluies. - Contrôler la dose reçue par le maïs
Les compteurs volumétriques qui équipent le matériel d’irrigation permettent de connaître la dose reçue à la parcelle. Cependant, il n’est pas rare de constater des écarts entre la dose programmée et celle réellement apportée. Il est donc nécessaire de mettre en place un/des pluviomètres dans la parcelle. Préférer les pluviomètres standards, plus précis.
Piloter l’irrigation en volume limitant
En cas de volume limité, l’objectif est de répartir le volume d’eau disponible pour couvrir au mieux la période de très grande sensibilité au stress hydrique du maïs. Cette période s’étend du stade 15 feuilles au stade limite d’avortement du grain (SLAG), soit deux à trois semaines après la floraison femelle selon le climat.
Tableau 1 : Prévision du stade floraison femelle pour quelques cas-types régionaux
L’irrigation débutera donc plus tardivement qu’avec un volume non limitant : un stress modéré en début de cycle est moins impactant qu’un stress tardif. Préférer des doses d’irrigation réduites et plus fréquentes : par exemple, pour un volume de 150 mm, six apports de 25 mm valent mieux que cinq de 30 mm.
Que disent les bilans hydriques Irré-LIS® ?
Les bilans hydriques Irré-LIS® réalisés sur des cas-types de la région indiquent que la RFU sera épuisée début de semaine prochaine pour les sols superficiels et moyens de Beauce ou d’Île-de-France, ainsi que les sols superficiels de la région (Sologne). Sans prévisions de pluies confirmées, il est donc nécessaire de démarrer les irrigations pour accompagner les besoins du maïs.
Pour les autres zones, les bilans indiquent pour le moment que le maïs ne rentrera pas en stress avant une dizaine de jours, à confirmer selon la pluviométrie locale d’ici là.
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