Maïs : comment adapter l'irrigation en cas de ressources en eau limitées ?
Dans les situations où le volume d’eau d’irrigation est limitant avant même le début de la campagne (retenue non remplie, débit des rivières ou niveau des nappes profondes faibles, utilisation d’une partie du quota sur céréales de printemps), il s’agit de réserver les apports aux moments les plus critiques pour le maïs.
L’étape initiale consiste à estimer le volume disponible par hectare. Si des ajustements sont possibles entre les parcelles, il est préférable de prévoir un volume total plus élevé en sol à faible réservoir utile qu’en sol plus profond, de l’ordre d’un à deux tours d’eau.
Jouer sur la fréquence et la dose des tours d’eau
Ensuite, il est nécessaire de jouer sur la fréquence et la dose des tours d’eau (tableau 1). Pour répartir les risques, et à condition d’avoir l’équipement adéquat, il vaut mieux augmenter le nombre de tours avec des doses modérées : six irrigations de 25 mm valent mieux que cinq irrigations de 30 mm.
Ces premiers éléments structurent le calendrier prévisionnel d’irrigation.
Ce calendrier se construit au regard de deux éléments. D’une part, selon les phases de sensibilité de la plante au stress hydrique. D’autre part, en se basant sur l’analyse fréquentielle de la météorologie du territoire, comme le révèlent les essais.
Tableau 1 : Exemple de rythme d’irrigation adapté à un volume d’eau limité et en situation de référence sans restriction
Calculer la réduction de rythme (en mm d’eau par jour sans pluie) proportionnellement à la réduction de volume, choisir des doses unitaires modérées, puis en déduire le nombre d’irrigations possibles.
Connaître les stades-clés et prévoir les dates auxquelles ils sont atteints
Une irrigation standard s’étale de 10 feuilles au stade humidité du grain 50 % (figure 1). Si une période doit concentrer les apports, c’est celle allant du stade « 15 feuilles » au stade limite d’avortement des grains, c’est-à-dire 250 degrés-jours base 6 après la floraison femelle, soit 10 à 15 jours après celle-ci. Le nombre final de grains y est élaboré. L’eau restante se répartit avant et/ou après ces stades-clés.
Figure 1 : Sensibilité du maïs au stress hydrique en fonction des phases
La prévision des stades s’établit selon la date de semis et la précocité de la variété du maïs.
La meilleure stratégie pour minimiser l’impact du stress hydrique sur le rendement dépend des conditions pédoclimatiques
À ce jour, aucun modèle, donc aucun OAD, ne prend en compte une irrigation suboptimale, qui maximiserait l’efficience de l’eau sans irriguer à l’évapotranspiration maximale (ETM).
De 2013 à 2016, trois stratégies ont été testées à Gaillac (81) et comparées à la référence sans contrainte de volume :
- une conduite « arrêt précoce » (AP), pilotée avec Irrinov jusqu’à épuisement de la dose ;
- une stratégie centrée sur la floraison femelle (CF) ;
- et une stratégie avec des démarrages encore plus tardifs (DT).
Le tout a été expérimenté avec deux variétés de précocités différentes (G4 vs G6) et deux niveaux de contrainte de volume, à savoir les deux-tiers ou la moitié du volume de référence (200 mm vs 150 mm). Les trois campagnes ont présenté des climats très distincts. L’essai a été mené sur un sol d’alluvions profondes.
La conduite AP est « optimiste » puisqu’elle vise à irriguer comme si le volume n’était pas limitant, avec la menace de manquer d’eau en fin de cycle quand les besoins sont encore importants. CF et DT prennent le risque de perdre du rendement en ne consommant pas toute l’eau disponible à force de la garder par peur du manque.
À Gaillac, où des orages surviennent fréquemment la deuxième quinzaine d’août, la stratégie d’arrêt précoce est la plus performante. Les autres pénalisent le nombre de grains.
Des essais conduits dans des contextes différents montrent d’autres résultats. Ainsi, au Magneraud (17) sur des groies profondes avec des cailloux contenants de l’eau et à La Laigne (17) sur des groies superficielles, la stratégie centrée sur la floraison donne de meilleurs résultats.
Il est donc crucial de connaître le climat de sa zone géographique, à l’aide d’une analyse fréquentielle.
Evidemment, la météo n’étant connue qu’a posteriori, il est difficile de prévoir les meilleures tactiques d’irrigation.
Des adaptations en cours de campagne
Les apports d’irrigation s’ajustent au cours de la campagne. Par exemple, Chaque tranche de 5 à 6 mm de pluie reporte l’irrigation d’un jour. La comparaison à une date t entre le volume utilisé prévisionnel et le volume réellement utilisé permet également d’ajuster l’intensité de restriction. Bien prendre en compte qu’une interculture détruite tardivement aura un impact sur le réservoir utile de départ. Le recours à des outils de pilotage (type bilan hydrique) ou des sondes de mesures de l’état hydriques couplés à la méthode Irrinov sont des gages forts de précision et de fiabilité des décisions.
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