Maïs grain : quand arrêter l’irrigation cette année ?
Après de nouvelles pluies sur la première quinzaine d’août, et des températures plus favorables à l’avancée des maïs, se pose la question du positionnement du dernier tour d’eau en parcelles irriguées. Pour cela, il est nécessaire d’estimer le stade 50
Des maïs qui rattrapent doucement leur retard
Si la campagne 2024 a débuté dans la fraîcheur, les sommes de températures (en base 6-30°C) pour un semis de maïs grain au 15 avril sont actuellement similaires à la médiane 20 ans, grâce à la remontée des températures depuis la fin juillet. Cependant, l’offre climatique reste inférieure aux dernières campagnes (excepté 2021).
Figure 1 : Ecart de sommes de températures (base 6-30°C) pour un semis de maïs au 15 avril – Station météo d’Orléans-Bricy (45)
De plus, les pluies printanières ont perturbé les chantiers de semis, étalant les implantations des maïs jusqu’à juin. Pour de nombreuses parcelles en secteurs hydromorphes, les cultures de printemps peuvent accuser du retard par rapport à la normale. En parallèle, l’année a été plutôt généreuse en pluies sur la période estivale (cartes 1 et 2).
Carte 1 : Cumul de pluies entre le 1er juin et le 20 août 2024
Carte 2 : Ecart à la médiane 20 ans du cumul de pluies entre le 1er juin et le 20 août 2024
Les repères physiologiques pour positionner le dernier tour d’eau
Pour les parcelles irriguées, il convient de bien positionner le dernier tour d’eau afin de garantir un remplissage optimal des grains. On peut allers jusqu’au stade H50 (humidité des grains à 50 %) en sols profonds ou moyens, ou le stade H45 pour les sols superficiels (avec un réservoir utilisable inférieur à 60 mm). Au-delà de ces stades, des essais ont montré qu’un tour d’eau supplémentaire n’est pas rentabilisé car les plantes disposeront de suffisamment d’eau pour remplir leurs grains jusqu’à la maturité physiologique (stade H32).
Plusieurs méthodes permettent d’estimer le stade de fin d’irrigation : par observation directe, par modélisation ou par analyse au laboratoire.
Repérer le stade par observation des grains
Sur 5 épis consécutifs, couper et observer les grains de la couronne. Classer les grains selon leur amidon via la grille ci-dessous, en fonction du type de grain (corné-denté ou denté). L’opération est à réaliser 3 fois pour avoir une bonne représentativité de la parcelle.
Figure 2 : Grille d’évaluation du stade du maïs par observation du grain
La modélisation par le biais des sommes de températures
Le tableau 1 permet d’approcher la date de fin d’irrigation par modèle en fonction du secteur et du critère d’humidité du grain (H50 ou H45 en sols superficiels). Ces dates prévisionnelles sont à moduler selon la précocité et la date de semis choisies par secteur.
Tableau 1 : Prévision des stades d’humidité du grain de maïs à 50 % et 45 % sur des cas-types régionaux
D’après ce modèle, il est nécessaire d’accompagner les besoins en eau des maïs jusqu’à la fin août a minima, voire début à mi-septembre pour les sols superficiels ou pour les semis de début mai. En fonction des situations et des pluies, 1 à 2 tours d’eau seront donc nécessaires.
Pour les maïs grains semés après la mi-mai, le stade H50 est prévu après le 10 septembre. Dans ces situations, l’objectif sera d’arriver à maturité le plus rapidement possible afin d’éviter une récolte trop tardive. Afin de ne pas ralentir la dessication du grain, le dernier tour d’eau sera à positionner avant le stade H50, en évitant l’irrigation après le 10 septembre.
La mesure terrain (pesées et étuvage des grains, voire humidimètre)
Les mesures réalisées en parcelles à proximité d’Ouzouer-le-Marché (41) permettent de confirmer les sorties du modèle pour des semis à date « classique » (15-20 avril), avec une humidité moyenne autour de 65 % le 19 août (tableau 2). Le stade H50 devrait être atteint sur les variétés précoces et demi-précoces en fin de semaine 35, un peu plus tard pour les autres (début septembre).
Tableau 2 : Mesures d’humidité du grain sur les essais d’Ouzouer-le-Marché (41)
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