Maïs : désherber en prélevée, même en conditions sèches, au plus près du semis
Alors que les semis de maïs sont en cours, aucune pluie n’est annoncée dans les prochains jours. Ce qui amène des interrogations quant au désherbage dans ces conditions. Faut-il intervenir avec des herbicides prélevée ou attendre la postlevée ? Quelles sont les pistes en faveur du désherbage mécanique ?
Avant tout : s’adapter à la flore adventice
Le choix de la stratégie et des matières actives à employer dépend de la flore attendue/présente et des conditions climatiques.
Il faut notamment être beaucoup plus attentif sur renouée des oiseaux, renouée liseron et mercuriale, qui sont peu ou mal contrôlées par les produits de prélevée, lèvent tôt, se développent très rapidement et sont difficiles à détruire à des stades avancés.
Tableau 1 : Stratégies conseillées selon le type de flore
La prélevée peut-elle fonctionner en conditions sèches ?
Les herbicides appliqués en prélevée nécessitent un cumul de 10 mm de pluie dans les 15 jours qui suivent l’application pour garantir une efficacité optimale.
Cependant, si ces conditions ne sont pas réunies et si la pression graminées est forte dans la parcelle, il convient tout de même de réaliser l’opération en essayant de la positionner au plus près du semis pour bénéficier de l’humidité résiduelle. En effet, en conditions sèches, l’efficacité des chloroacétamides n’est pas nulle et limitera le risque d’avoir à gérer en postlevée des situations non contrôlables par des produits foliaires (graminées résistantes aux sulfonylurées notamment). La gestion des ray-grass résistants impose le recours à la prélevée. Les résultats mettent en évidence une meilleure efficacité des associations de chloroacétamides à base de S-métolachlore et de DMTA-P.
Figure 1 : Exemple de programmes en présence de graminées avérée et dicotylédones classiques > prélevée renforcée
Le report en postlevée précoce (1-3 feuilles du maïs, adventices en cours d’émergence) avec des associations à base de Dual Gold ou Isard avec une tricétone (Camix) et/ou une sulfonylurée constitue une option possible. La thiencarbazone-méthyl (Adengo Xtra) peut également être utilisée en association avec un chloroacétamide ou une sulfonylurée (nicosulfuron) en postlevée précoce. Ce type de stratégie, testée depuis des années dans les réseaux d’essais, présente l’avantage d’être moins sensible aux conditions climatiques que la prélevée seule. Ainsi, l'efficacité foliaire des produits vient contrebalancer un manque d’efficacité des produits racinaires en conditions sèches.
Figure 2 : Exemple de programmes avec une pression modérée de graminées, et des dicotylédones classiques abondantes, dont quelques dites difficiles > postlevée précoce
Lorsque la levée des adventices est avancée, et notamment dès que les graminées ont dépassé une feuille, mieux vaut se reporter sur des associations de postlevée dans le cadre d’un programme à un ou deux passages.
Figure 3 : Exemples de programmes avec présence ou non de graminées, en pression modérée, et des dicotylédones classiques et difficiles, en abondance > prélevée légère puis postlevée ou postlevée en un ou deux passages
Printemps sec : des conditions propices au désherbage mécanique ?
À l’inverse, ces conditions séchantes sont favorables à un passage, avant la levée du maïs, d’outil de désherbage mécanique en plein, de type herse étrille ou roto-étrille si le sol le permet (peu ou pas caillouteux, pas trop motteux, non battu et pouvant s’émietter facilement) ou de houe rotative. Ces interventions n’ont pas la persistance d’action d’un herbicide racinaire, mais peuvent s’avérer très pertinentes dans ces situations où les adventices commencent à lever (le stade optimum d’intervention est le stade filament). Sur des semis de 4 à 5 cm de profondeur, il sera possible d’intervenir à 10-12 km/heure avec une herse étrille et un peu plus vite, jusqu’à 15 km/h, avec une houe rotative. Un test préalable sur un bout de parcelle, hors fourrière, pourra permettre de vérifier l’adéquation entre la vitesse d’avancement et l’état de germination du maïs afin d’éviter d’éventuels dégâts sur la culture.
Depuis plusieurs années, des essais en stratégie mixte sont réalisés par ARVALIS, combinant le désherbage chimique et mécanique. En fonction de la météo, du temps et des outils disponibles sur l’exploitation, il peut être envisagé plusieurs stratégies :
- Un traitement chimique en plein rattrapé par des binages, avec éventuellement un passage de herse étrille à l’aveugle avant la levée du maïs. La herse étrille est intéressante notamment sur la flore graminée. Ensuite, on considère qu’il faut souvent deux passages de bineuse, car le premier peut provoquer la levée de nouvelles adventices. Parfois, un seul suffit s’il est très efficace, et que le maïs recouvre ensuite vite l’inter-rang.
- Il est possible d’intervenir avec des traitements localisés sur le rang, ce qui permet de réduire plus fortement la quantité d’herbicides utilisée. Dans les essais, on constate que les meilleures modalités incluent souvent un premier passage en prélevée ou en post très précoce en chimique sur le rang, un entretien de l’inter-rang par un ou plusieurs binages, puis un rattrapage chimique (facultatif) qui permet de régulariser l’efficacité globale sur l’inter-rang (notamment si présence de graminées).
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