Comment gérer la fertilisation azotée du maïs lorsque les prix des engrais s’envolent ?
Pour calculer au plus juste la dose d'engrais azoté à apporter sur maïs, il faut d'abord estimer la dose à l’optimum technique. Dans un second temps, on la modulera en fonction des cours actuels de l’azote et du maïs pour s’approcher de l’optimum technico-économique.
Comment calculer la dose d’azote optimale ?
Dans le Sud-Ouest, la dose d’azote à apporter sur maïs peut être calculée à l’aide de la méthode ARVALIS. Elle dépend :
- Des besoins de la culture (Pf) qui résultent du niveau de production visé multiplié par le besoin unitaire en azote pour produire un quintal de maïs.
- De la quantité d’azote que les racines ne peuvent extraire (Rf) : entre 10 et 40 unités selon le type de sol.
- Des fournitures en azote du sol, elles-mêmes fonction de :
- la quantité d’azote dans le sol disponible pour la culture au moment du semis (Ri). Elle peut être estimée directement par une mesure de reliquat, ou indirectement en fonction du précédent et de son bilan azoté, de la pluviométrie et du type de sol, de la présence ou non d’une culture intermédiaire.
- la quantité d’azote issue de la minéralisation de l’humus (MH) et des résidus de récolte ou de l’azote restitué par une culture intermédiaire. La minéralisation de l’humus varie de 25 à 70 unités après l’ouverture du bilan selon le type de sol et le système (sec ou irrigué). Un couvert de légumineuses peut restituer jusqu’à 30 unités d’azote.
La méthode propose des tables pour estimer chacun des postes du bilan azoté. Néanmoins, certains paramètres sont entachés d’incertitudes. Au vu du prix de l’azote, il paraît opportun de calculer la dose d’azote avec le maximum de précision pour éviter de la surestimer. Plusieurs postes peuvent être estimés par des mesures simples (reliquat azoté, azote restitué par les couverts via la méthode MERCI).
Mesurer les reliquats azotés avant l’implantation du maïs
L’estimation des reliquats d’azote dans le sol est difficile cette année. Certains éléments sont en faveur de reliquats élevés :
- du fait de la faible pluviométrie hivernale, le lessivage de l’azote a dû être modéré, surtout dans les sols profonds ;
- les couverts intermédiaires, peu développés du fait des faibles températures, ont consommé peu d’azote du sol.
A contrario, d’autres facteurs ont plutôt contribué à faire baisser le stock d’azote dans le sol :
- les faibles températures ont dû ralentir la minéralisation du sol par rapport à une année normale ;
- les bons rendements des cultures de printemps laissent présager qu’il restait peu d’azote dans le sol après la récolte.
La mesure du reliquat d’azote avant implantation du maïs, peu pratiquée dans nos régions, paraît donc intéressante cette année afin de calculer au mieux la dose d’azote à apporter. Le coût indicatif d’une mesure de reliquat est d’environ 60 €.
Pour la mesure du reliquat d’azote du sol, l’idéal est de prélever sur toute la profondeur d’enracinement de la cuture.
Estimer les restitutions d’azote des couverts intermédiaires
Les couverts végétaux sont peu développés cette année. Néanmoins, pour les mélanges contenant beaucoup de légumineuses, il peut être utile d’estimer précisément la biomasse produite pour en déduire les fournitures potentielles en azote via la minéralisation des résidus.
Pour cela, une méthode existe : la méthode MERCI. Le principe est simple : prélever au champ un échantillon de couvert sur une surface connue pour estimer sa production de biomasse sèche et la quantité d’azote qui sera restituée à la culture grâce au site web de la méthode MERCI.
Par exemple, pour un couvert de féverole, une mesure de 1900 g de couvert sur une surface de 1 m² correspond à environ 3 t MS/ha. On estime qu’un couvert de cette taille est capable de restituer 65 kg N/ha à la culture suivante.
Les couverts à base de légumineuses peuvent restituer de fortes quantités d’azote à la culture suivante.
La question de la date de récolte de destruction des féveroles est fréquente et judicieuse. En effet, plus on détruit un couvert tard, plus il aura consommé l’eau du sol, ce qui peut être très préjudiciable pour la culture suivante dans les sols superficiels ou les zones à faible pluviométrie printanière.
Cependant, des essais menés dans le Sud-Aquitaine (sols profonds, pluviométrie généreuse) ont montré que la destruction tardive des féveroles était une méthode intéressante pour maximiser les restitutions d’azote au maïs suivant. Un couvert de féverole de 6 t MS/ha, détruit juste avant le semis du maïs, peut relarguer jusqu’à 100 kg N/ha pendant le cycle du maïs.
A noter que dans le cas de couverts autres que les légumineuses, les destructions tardives augmentent le rapport C/N, et donc le risque de « faim d’azote » en début de cycle du maïs.
Prendre en compte l’effet des Produits Résiduaires Organiques
Après un apport de produit résiduaire organique (PRO), il est parfois difficile d’estimer la quantité d’azote qui va servir à l’alimentation de la culture. Pour les PRO issus des élevages, il est fortement conseillé (plus spécifiquement encore pour les produits à fraction ammoniacale élevée) de réaliser des analyses pour déterminer les teneurs en éléments fertilisants et les propriétés amendantes des produits utilisés.
A minima, les analyses doivent mesurer les teneurs en Matière Sèche, Matières Organiques totales, azote total, azote ammoniacal (N-NH4), phosphore (exprimée en P2O5), potassium (en K2O), magnésium (en MgO), calcium (en CaO). Pour un coût compris entre 70 et 80 €, ces analyses permettent de connaître les teneurs en éléments totaux minéraux des PRO pour calculer les doses à appliquer.
Pour calculer la quantité d’azote qui sera efficace pendant le cycle du maïs, vous pouvez utiliser l’OAD Fertiliser avec des Produits Organiques.
Prendre en compte les cours de l’azote et du maïs
Une fois que la dose d’azote optimale à apporter est calculée, il faut la moduler en prenant en compte les cours de l’azote et du maïs. La figure 1 permet de calculer les quantités d’azote à retrancher ou ajouter à la dose optimale en fonction de ces deux paramètres.
Par exemple, pour un prix du maïs à 340 €/t et un prix de l’urée à 1000 €/t (soit un prix de l’unité d’azote à 2,18 €/U), il faut réduire la dose totale de 9 kg N/ha pour viser l’optimum technico-économique. En revanche, dans le contexte 2021 (160 € la tonne de maïs et 0,75 € l’unité d’azote), l’optimum technique correspond à l’optimum technico-économique.
Figure 1 : Dose d’azote (en kg N/ha) à retrancher à la dose d’azote optimale en fonction du prix du maïs et de l’unité d’azote
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