Techniques sans labour - Les écueils à éviter
Si simplifier le travail du sol permet d’économiser de 10 à 80 €/ha environ, il faut veiller à ne pas en perdre une trop grande part soit avec une perte de rendement, soit avec une hausse des charges opérationnelles (désherbage notamment).
Semer sans labour
Le non labour permet souvent de maintenir un niveau de rendement proche de celui du labour à plusieurs conditions :
- Semer la culture en bonnes conditions d’humidité, notamment en semis tardif à l’automne ou au printemps, notamment derrière des couverts,
- Avoir une structure du sol correcte, notamment pour les cultures d’automne en sol hydromorphe ou pour les cultures de printemps quel que soit le type de sol. En cas de compaction, il faut réaliser un travail profond,
- Maîtriser le parasitisme (limaces, rongeurs), notamment en l’absence totale de travail du sol
- Réussir la levée de la culture, en particulier pour les cultures de printemps. Les cultures d’hiver offrent beaucoup plus de souplesse à ce niveau, que ce soit au niveau de la rigueur nécessaire dans le placement des graines ou des conséquences d’une levée un peu moins bien réussie.
C’est justement sur ce dernier point qu’il faut savoir jouer pour baisser ses coûts d’implantation tout en assurant un rendement correct. Une synthèse d’essais sur les semoirs à céréales réalisés entre 1996 et 2008 a été réalisée. Les semoirs testés ont été regroupés en 14 catégories. Les cultures sur lesquelles ils ont été testés sont l’orge de printemps et les céréales d’hiver principalement, mais aussi du colza d’hiver et du pois de printemps. Les précédents étaient systématiquement une céréale dont les pailles étaient restituées au champ, sur un sol limono-argileux sain ou argilo- calcaire. Les semoirs ont été testés sur plusieurs préparations de sol : chaume intact, déchaumage superficiel, déchaumage profond, labour…
Même si on observe des différences au niveau des levées intermédiaires et finales, l’analyse statistique des rendements ne montre aucune différence significative entre semoirs. Cela s’explique par le fait que les cultures testées (blé, orge de printemps, colza) présentent de réelles capacités à compenser la majorité des écarts obtenus à la levée.
Maîtriser les adventices
Le désherbage est une autre contrainte à gérer correctement. Même s’il existe des nuances entre techniques, l’arrêt définitif du labour rend plus complexe la gestion des adventices et en particulier des graminées. Le type de rotation a aussi un impact. En alternant des cultures de familles ou périodes de semis différentes, on a un moyen complémentaire de gestion agronomique des adventices qui peut compenser l’absence de labour. À côté des aspects techniques, la maîtrise des adventices a aussi des conséquences économiques. On constate en effet en moyenne un surcoût de désherbage de l’ordre de 20-30 €/ha en non labour par rapport au labour dans des rotations peu diversifiées en période de semis de type colza-blé-orge d’hiver. Autant dire que seules des techniques réellement économiques permettent d’améliorer la marge par rapport au labour. Une solution agronomique comme la modification de la rotation peut apporter une réponse à la gestion plus complexe des adventices, mais elle peut aussi avoir un coût en faisant réaliser des cultures parfois moins rentables. C’est toute la difficulté d’évaluer l’impact économique de la simplification du travail du sol dans la mesure où l’on modifie son système de culture, avec des évolutions du mode de travail du sol, des rotations, de la protection des cultures. D’après plusieurs enquêtes, c’est d’abord le gain de temps, l’organisation du travail et le comportement du sol qui motivent la suppression du labour et cela semble assez cohérent.
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