Les couverts permanents, une alternative aux cultures intermédiaires classiques
Depuis 2013, ARVALIS conduit des travaux sur les couverts permanents afin de mieux connaître les espèces et d'évaluer leurs impacts sur les cultures principales. Revenons, en vidéo, sur la définition, les grands principes de conduite, et les bénéfices d’un couvert dit « permanent ».
Des couverts permanents parfois plus impactants que les cultures intermédiaires
Un couvert permanent a un cycle qui chevauche a minima celui d’une culture commerciale, l’interculture suivante et le début du cycle de la culture suivante. Le terme « semi-permanent » est parfois utilisé car le cycle dure le plus souvent entre 18 et 36 mois environ.
Ces couverts sont le plus souvent des légumineuses pour les « services » qu’elles apportent, comme une plus grande autonomie en azote des systèmes de culture, dans un contexte où les cultures de pois, ou encore de luzerne, ont largement régressé.
Avec un fort potentiel de croissance pendant l’interculture et une présence sur une longue période, le couvert permanent est susceptible d’avoir un plus fort impact qu’une culture intermédiaire (structure du sol, fixation d’azote et de carbone, concurrence vis-à-vis des adventices…), sous réserve de gérer la compétition du couvert sur la culture pour la lumière, l’eau et l’azote.
D'un point de vue économique, les conséquences sont très variées. Si le couvert permanent est maîtrisé et permet un gain de rendement pour la culture principale, tout en réussissant à maintenir des charges faibles pour la conduite de la plante de service, alors il est possible d'atteindre un gain de marge nette de l'ordre de 50 à 100 €/ha et par an sur la rotation.
En France, les surfaces conduites avec des couverts permanents sont encore faibles. Mais la pratique se développe bien, notamment dans les exploitations en agriculture de conservation des sols.
Les trois âges d’un couvert
Le cycle d’un couvert se décompose en trois périodes :
• Sa naissance dans le berceau d’une culture. Les légumineuses pérennes étant assez longues à s’installer, leur implantation peut se faire sous une culture dont la conduite doit être adaptée. C’est souvent le cas pour les programmes de désherbage : ils doivent être sélectifs du couvert, restreignant parfois les possibilités de contrôle de la flore, en particulier si cette dernière est complexe. Différentes cultures peuvent servir de support à l’installation d’un couvert : colza, maïs fourrage, tournesol, céréales à pailles, méteils fourragers… Les implantations d’été sont aussi possibles, en privilégiant les précédents libérant le terrain précocement comme l’orge d’hiver.
Exemple de couvert implanté sous colza (pdf).
Exemple de couvert implanté sous maïs fourrage (pdf).
- Son apogée à l’interculture. Pendant la période d’interculture, le couvert déjà installé peut se développer très fortement quelques jours après la récolte de la culture grâce à l’accès retrouvé à la lumière. La période d’interculture, tout du moins l’été et le début d’automne, est favorable à la croissance du couvert : structuration du sol, fixation d’azote et de carbone, couverture du sol limitant le développement des adventices, production de biomasse valorisable en fourrage ou par méthanisation… Un couvert permanent, déjà installé au moment de récolter la culture de vente, se développe plus rapidement pendant l’interculture qu’une culture intermédiaire soumise aux difficultés d’une installation estivale (conditions sèches, lit de semences encombré de pailles, intercultures courtes…).
- Sa retraite en présence de la culture suivante. Au moment d’installer une céréale d’hiver par exemple, trois options sont envisageables :
- Détruire le couvert, mécaniquement ou chimiquement, avant de semer la culture. Le risque de compétition sur la culture est alors évité. En toute logique, le couvert, en décomposition, devrait libérer une partie de l’azote qu’il contient. La conduite de la culture est dénuée de toute contrainte (travail du sol possible, herbicides disponibles…).
Exemple de couvert détruit avant le semis de la culture (pdf).
- Contrôler le développement du couvert au moment de semer la culture sans pour autant le détruire. Il ne sera tué qu’ultérieurement, par exemple en sortie d’hiver. Cette stratégie a ses contraintes : elle rend impossible un travail du sol important avant ou pendant le semis du blé. La destruction différée du couvert vise à profiter de ses bienfaits pour la structure du sol pendant l’hiver et à synchroniser la libération d’une partie de l’azote qu’il contient avec les besoins du blé.
Exemple de couvert détruit dans le cycle de la culture suivante (pdf).
- Garder le couvert vivant dans la culture. Il s’agit alors de gérer la survie du couvert tout au long de la campagne (semis direct du blé ou travail du sol très léger, programmes de désherbage sélectifs du couvert) tout en limitant sa concurrence avec la culture (régulation mécanique ou chimique du couvert)…
Exemple de couvert gardé vivant dans le cycle de la culture suivante (pdf).
Les essais réalisés par ARVALIS – Institut du végétal se sont penchés sur ces trois options de conduite du couvert, principalement sur blé tendre d’hiver. Les résultats acquis depuis 2013 sont encourageants. Les itinéraires techniques sont en cours de validation : choix des espèces (voire variétés) de couverts, implantation du couvert (date et technique de semis du couvert, désherbage de la culture abri), conduite de la culture suivante (en particulier désherbage et régulation du couvert vivant).
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