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Normandie

Epiaison du blé tendre : c’est le moment d’évaluer le risque fusarioses

Alors que les parcelles de blé sont en cours d’épiaison, la météo est à la pluie, favorisant les contaminations par les fusarioses. Les conditions pluvieuses de mai sont également propices à la propagation de la septoriose, déjà très présente cette année. Quelle stratégie envisager dans ce contexte ?

Microdochium spp sur blé en 2024 en Normandie

L’hygrométrie et les épisodes de pluie sont déterminants pour la propagation des fusarioses, et les conditions humides courant montaison ont favorisé le développement de l’inoculum initial. Le risque dépend en premier lieu de la situation agronomique initiale, et notamment de la sensibilité de la variété. L’évaluation du risque est primordiale pour mesurer la nécessité d’un traitement spécifique au moment de la floraison.

Identifier le stade floraison

L’apparition de la floraison survient, pour les blés tendres, cinq à dix jours après l’épiaison. Le délai entre ces deux stades peut être plus long si les températures sont fraîches.

Astuce : repérer les zones les plus précoces de la parcelle, les étamines apparaissent souvent dans les passages de roues un ou deux jours avant le reste de la parcelle. Dès qu’elles sont visibles dans les passages, on peut donc programmer le traitement dans les deux/quatre jours suivants, dès que les conditions climatiques sont favorables pour sa réalisation.

Evaluer le risque fusarioses a priori 

Les conditions climatiques pluvieuses qui perdurent à l’approche de la floraison sont favorables à la contamination des épis par les fusarioses. Des températures élevées au moment de la contamination (floraison) favorisent Fusarium graminearum (optimum 20-22°C) qui peut entraîner la production de mycotoxines (DON), alors que des températures basses (optimum 16-18°C) favorisent Microdochium spp. (qui ne produit pas de mycotoxines).

Attention les seuils DON évoluent au 1er juillet 2024
Blé dur non transformé : 1500 µg/kg (au lieu de 1750 précédemment)
Autres céréales non transformées (dont blé tendre) : 1000 µg/kg (au lieu de 1250 précédemment)

N’oublions pas que ces deux pathogènes ont en premier lieu un effet important sur le rendement.

Le risque de contamination s’évalue a priori, en considérant le précédent, le travail du sol, et la sensibilité variétale (figure 1), ainsi que la pluviométrie autour de la floraison.

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

Attention, cette grille n’évalue que le risque fusarioses et non septoriose – très présente cette année – voire les rouilles. Si aucun traitement fusarioses n’est recommandé (risque 1 et 2 ci-dessus), un T3 peut parfois être nécessaire pour gérer rouilles et/ou septoriose. Dans ce cas, ce traitement peut être décalé en fonction du stade et de la date des traitements précédents.

Figure 2 : Sensibilité variétale au risque DON (Fusarium graminearum) – Echelle 2023-2024 blé tendre

Figure 2 : Sensibilité variétale au risque DON (Fusarium graminearum) – Echelle 2023-2024 blé tendre

Quelle protection mettre en place en cas d’intervention nécessaire ?

Les traitements efficaces contre F. graminearum sont principalement des produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Noter que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium spp., il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. (tableau 1).

Tableau 1 : Efficacité des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Tableau 1 : Efficacité des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

Le premier facteur d’efficacité du traitement anti-fusarioses est son positionnement : il faut être le plus proche possible du début de la floraison de la céréale (stade correspondant à la sortie des toutes premières étamines).

Parmi les substances actives les plus efficaces, le prothioconazole est la seule à disposer d’une polyvalence sur les principales espèces du complexe des fusarioses et septoriose. D’autres spécialités à base de tébuconazole ou de metconazole permettent également de lutter efficacement contre F. graminearum, mais présentent un intérêt limité sur les espèces du genre Microdochium. Veillez cependant à bien alterner les matières actives en fonction des traitements déjà réalisés cette campagne !

Il faut aussi rappeler que les meilleures protections fongicides ne dépassent pas, en moyenne, les 50 % d’efficacité. Il est donc primordial d’agir en amont, sur l’ensemble des leviers à disposition (choix variétal et travail du sol notamment).

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