Date de semis des céréales : éviter les erreurs technico-économiques

Eviter les semis précoces pour limiter la pression ray-grass

Les essais historiques ARVALIS et les observations sur le terrain chaque année mettent en avant de manière unanime l’augmentation de la pression en graminées lorsque l’on précocifie les semis. L’augmentation des surfaces à semer sur les exploitations bretonnes peut inciter à commencer plus tôt les semis, mais c’est aussi un fort risque d’enherbement en ray-grass qui imposera :

• Un programme double passage d’herbicides (prélevée puis postlevée 1-2 feuilles) à l’automne contre un passage en situations d’infestation moyenne à faible : en conséquence, une augmentation du temps de travail et des charges d’intrants.
• Un risque de perte de rendement en raison de la nuisibilité du ray-grass : perte économique directe.

Semer 20 jours plus tôt double à triple la pression ray-grass qui sera à gérer par le programme chimique.

Sur les parcelles à risque ray-grass : décaler la date de semis de 10 à 20 jours

Toutefois, il faut avoir conscience que semer à des dates de semis classiques ne suffit pas à limiter la pression ray-grass sur des parcelles ayant subi des fortes infestations les années précédentes, avec un stock semencier bien présent.

Des essais ARVALIS en Poitou-Charentes sur des parcelles à forte infestation en vulpins met en évidence l’intérêt à décaler de 20 jours la date de semis par rapport aux dates de semis recommandée, afin de limiter de 40 % la pression. Ces résultats sont transposables à la Bretagne en ray-grass.

Autrement dit, dans les parcelles à fortes infestations ray-grass : ne pas semer avant le 10 novembre.

Sur la majorité des vingt dernières années (dont l’automne 2023), on avait au moins une à deux journées pour semer des céréales en bonnes conditions après le 10 novembre.

D’un point de vue organisation du chantier de semis sur des exploitations avec une surface importante à semer :

• Privilégier les semis de fin octobre-début novembre aux parcelles avec une infestation faible à moyenne en ray-grass ;
• Semer les parcelles les plus problématiques en ray-grass après le 10 novembre.

Peu d’impact sur le potentiel de rendement à décaler la date de semis jusque mi-novembre

La Bretagne est moins exposée aux gels hivernaux ou les échaudages de fin de cycle, contrairement à d’autres régions. Le décalage de la date de semis de fin octobre à mi-novembre impacte peu le potentiel de rendement.

Les essais historiques bretons montrent un potentiel de rendement peu impacté par des décalages de dates de semis en adaptant en conséquence les densités de semis.

On peut également prendre un exemple récent, avec les essais variétaux de 2024. En Bretagne, l’an dernier neuf essais variétaux ont été mis en place et récoltés par ARVALIS et ses partenaires sur les quatre départements avec des dates de semis entre le 20 octobre et 1^er décembre.

La date de semis n’a pas impacté le potentiel de rendement. Malgré des conditions climatiques et type de sol variables selon les essais, le potentiel de rendement est semblable entre les différentes dates de semis.

• Semis avant le 31 octobre : 97 q/ha en moyenne sur les quatre essais en microparcelles, avec une pression maladies importante parfois difficile à maîtriser totalement.
• Semis début novembre : 96 q/ha en moyenne sur les deux essais.
• Semis fin novembre : 111 q/ha et 103 q/ha en enlevant l’essai de Troguery. Ces essais ont eu une pression maladie plus faible et plus facile à contrôler.

L’essai de Troguery (22) fait figure d’exception puisque la date de semis au 1^er décembre a permis de limiter fortement la pression maladies ; le potentiel de sol est très bon et surtout, l’essai était situé dans la zone géographique la moins atteinte par les conditions climatiques défavorable de cette année (moins de pluies et plus de rayonnement que le reste de la Bretagne).