Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : dans quelle mesure est-il possible de réduire les charges de mécanisation ?
Le contexte actuel amène tout un chacun à rechercher davantage encore les réductions de charges. Qu’en est-il au niveau de l’utilisation du matériel agricole ? Eléments de réponse avec Baptiste Dubois, ingénieur au pôle économie d’ARVALIS – Institut du végétal.
Perspectives Agricoles : Comment les charges de mécanisation ont évolué en grandes cultures ?
Baptiste Dubois : Elles représentent aujourd’hui en moyenne 30 % des charges comptables d’une exploitation spécialisée en céréales et oléoprotéagineux. Entre 2007 et 2014, elles avaient augmenté de 30 %, enregistrant la plus forte hausse parmi toutes les charges sur cette période (1).
La hausse des amortissements explique 60 % de cet accroissement. Davantage d’investissements ont été réalisés sous l’effet de différents facteurs, comme des rattrapages provenant d’un contexte économique précédent moins favorable ou encore des incitations fiscales. À cela s’ajoute l’augmentation du prix de certains matériels, en lien avec celle du prix de l’acier. En conséquence, le niveau des annuités s’est alourdi de 50 €/ ha de capital à rembourser entre 2007 et 2014. Par ailleurs, les travaux en prestation de service ont également augmenté ces années-là dans la comptabilité des exploitations, ainsi que le poste carburant.
P. A. : Quels sont les paramètres à considérer dans l’optimisation du parc matériel ?
B. D. : La pertinence du choix du matériel repose avant tout sur son adéquation aux besoins de l’exploitation et à la main-d’œuvre. Il s’agit d’être en mesure de réaliser l’ensemble des travaux culturaux au regard des ressources utilisables, en tenant compte des contraintes pédoclimatiques. Celles-ci se traduisent par le nombre de jours disponibles pour réaliser les opérations culturales sans pénaliser le rendement. D’autres éléments interviennent également dans le choix du matériel, selon les priorités du chef d’exploitation, comme le confort de travail, la sensibilité vis-à-vis des risques et donc le souhait plus ou moins marqué de privilégier la sécurité, la volonté de dégager du temps libre pour d’autres activités, ou encore l’approche fiscale.
P. A. : Quelles sont les marges de manœuvre ?
B. D. : La réduction des interventions culturales est une source d’économie de charges de mécanisation ou de main-d’œuvre, à condition d’en examiner les implications agronomiques à l’échelle pluriannuelle. La réflexion passe par l’évaluation de la surface maximale qu’il est possible de valoriser avec le matériel et la main-d’œuvre présents sur l’exploitation. Si des disponibilités existent, augmenter la surface peut s’envisager. L’opportunité d’une reprise de foncier, impliquant d’être en capacité d’investir, peut répondre à cet objectif. Une autre solution consiste à créer une activité de travaux à façon, en évaluant bien toutefois les besoins du secteur géographique considéré. La mise à disposition du matériel à des tiers est également à étudier, facilitée par le développement des applications Internet. Le partage du matériel est un autre levier pour réduire les charges de mécanisation. Outre l’entraide et l’utilisation de matériels en copropriété ou en CUMA, la délégation d’une opération culturale à un prestataire est opportune lorsque la possession du matériel coûte plus cher. À l’extrême, l’assolement en commun, qui présente les économies potentielles les plus importantes, repose sur une solide organisation du travail et des relations humaines.
(1) Source RICA, traitement ARVALIS 2016.
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