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POITOU-CHARENTES

Céréales : modérer les doses apportées pour maximiser l’efficacité des engrais azotés

Dans la plupart des situations, les stocks d'azote du sol sont en mesure de couvrir les besoins des céréales jusqu’à fin mars. Il n’y a aucune urgence à fertiliser. Il y a même un risque de mauvaise efficacité en cas d’apport de dose importante. Toutefois, compte tenu du risque de sécheresse fréquent en mars, la réalisation d’un épandage pour profiter des prochaines pluies prévues peut être envisagée dans les situations où la fourniture d’azote par le sol est la plus limitée.

Les stratégies d’apport d’azote 2022 sur céréales en Poitou-Charentes

Les situations les plus précoces (semis avant le 20 octobre, variétés précoces) ont atteint ou atteignent le stade épi 1 cm. Les semis de fin octobre et au-delà, et les variétés plus tardives ne l’atteindront que dans une dizaine de jours. La plupart des parcelles ont déjà reçu au moins un apport d’une quarantaine d’unités. Les besoins en azote vont s’accélérer dans les prochains jours, même si les températures prévues restent relativement fraîches, exception faite des trois jours de grande douceur passés. Une part importante de ces besoins va être couverte par les apports réalisés vers le 10-15 février et les stocks d’azote encore présents dans le sol, plus abondants cette année en raison du faible lessivage et d’une bonne minéralisation.

Quelles interventions pour assurer rendement et qualité ?

Pour les parcelles ayant atteint le stade épi 1 cm ou qui vont l'atteindre dans les 8-10 jours (épi au-delà de 6 mm), si les stocks d’azote du sol sont modérés (argilo-calcaires superficiels, précédents maïs, tournesol, sorgho à fort rendement, parcelles n’ayant pas encore reçu d’azote au tallage), un apport de 60 kg N/ha maximum peut être envisagé dès maintenant pour profiter des pluies annoncées.

Pour les parcelles les moins avancées qui n’aurait pas reçu d’apport (semis au-delà du 15-20 novembre), la dose sera réduite à une quarantaine d'unités d'azote par hectare.

Pour toutes les autres situations (sols profonds ou semis tardifs ayant reçu un premier apport, parcelles recevant régulièrement des produits résiduaires organiques), les besoins des cultures dans les 20-25 prochains jours sont couverts largement par l’azote présent dans le sol. Les apports peuvent attendre la prochaine période favorable, même si celle-ci ne survient qu’au début d’avril.

Pourquoi limiter les apports d’azote actuellement ?

Cette année, dans les situations où un apport d'azote au tallage a été effectué, un passage cette semaine a surtout vocation à gérer le risque de temps sec courant mars, et non à combler un besoin immédiat.

L’efficacité des engrais est directement liée à la rapidité avec laquelle les cultures sont à même de les assimiler. La vitesse d’assimilation dépend du stade de la culture, des conditions de croissance (températures, alimentation hydrique). Maintenir une quantité d’azote trop importante dans le sol en apportant des doses élevées ou en réalisant des apports trop rapprochés réduira très fortement l’efficacité des engrais.

Dans nos essais, les apports réalisés avant tallage ont une efficacité rarement supérieure à 75 %. En cours de montaison, sous réserve que des pluies suffisantes surviennent après apport, l’efficacité augmente progressivement pour atteindre son maximum (près de 100 %) autour de la sortie de la dernière feuille.

Dans le contexte actuel (coût élevé et moindre disponibilité des engrais), un fractionnement au plus proche des épisodes de pluies permettant de maximiser l’efficacité des engrais est particulièrement pertinent. En réduisant les doses par apport et en reportant une part significative d’engrais en fin de montaison, cette efficacité est globalement améliorée.

Côté fertilisation soufrée, le contexte est favorable aux économies d’engrais : la pluviométrie hivernale, dans la plupart des situations en dessous de 300 mm, a limité la perte de soufre par lixiviation et la minéralisation soutenue assure des quantités disponibles dans les sols plus élevées que d'habitude. Ce qui couvre une bonne partie des besoins des céréales. Il est donc envisageable de réduire les apports d’engrais soufrés, voire de faire des impasses dans les situations les moins à risque.

Pour en savoir plus

Consultez la fiche « carence en soufre ».

Message rédigé par ARVALIS - Institut du végétal avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de la Charente et de la Vienne, Coop de Mansle, Coop de Matha, Coop Sèvre et Belle, Océalia, Piveteau, SCEA Loulay, Soufflet.

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