Interprétation - Carences en oligo-éléments : repérer les situations à risque grâce à l'analyse de terre

Chaque culture a sa propre sensibilité vis-à-vis de tel ou tel oligo-élément, avec certaines carences jamais constatées. Les impacts d’une carence peuvent s’avérer plus ou moins préjudiciables selon les cultures (tableau 1).

Tableau 1 : Principales carences en oligo-éléments observées en grandes cultures

(sources ARVALIS – ITB – Terres Inovia)

Une biodisponibilité intimement liée au sol

Outre la sensibilité des cultures, certaines caractéristiques du sol peuvent être à l’origine de carences induites en oligo-éléments.

Par exemple, l’augmentation du pH réduit la solubilité du cuivre, du fer, du zinc et particulièrement du manganèse. A l’inverse, elle augmente sensiblement celle du molybdène.

De même, la matière organique peut former des complexes stables avec certains oligo-éléments, en particulier le cuivre. Pour cet élément, l’interprétation de l’analyse de terre sera donc dépendante de la teneur en matière organique du sol.

Par ailleurs, les conditions de milieu favorables à l’oxydation (sols aérés, « soufflés ») conduisent à une faible assimilabilité du manganèse, ce qui peut aboutir à de fortes carences.

La texture du sol et la teneur en calcaire peuvent également être à l’origine de carences : les sols sableux favorisent les carences en manganèse et en bore. La chlorose ferrique liée à une carence en fer est observable dans les sols calcaires tendres, calcaires marneux ou craies, mais surtout sur les variétés sensibles de pois de printemps ou soja.

Tableau 2 : Synthèse de l’interprétation des indicateurs de l’analyse de terre pour les oligo-élément

Correction d’une carence : éviter les cocktails

Pour le bore, le cuivre et le zinc, il est conseillé d’intervenir préventivement par des apports au sol sur les parcelles à risque identifié.

Il est indispensable d’intervenir en curatif dès que des symptômes de carences sont observés sur les cultures pour les oligo-éléments dont la précocité des symptômes le permet (manganèse, zinc).

Les apports de « cocktails » ne sont pas justifiés et peuvent être pénalisants. En effet, la dose d’apport de l’élément nécessaire peut être insuffisante. De plus, il existe des possibilités d’interaction négative entre les deux oligo-éléments lors de la pénétration foliaire ou racinaire.

En l’absence de risque identifié par l’analyse de terre ou par l’observation de symptômes antérieurs, l’apport d’oligo-éléments est injustifié et inutile.