Blés versés : différencier les causes parasitaires vs physiologiques

Étape 1 : l’importance des données de l’itinéraire cultural

La verse physiologique peut être d’origine radiculaire liée à un défaut d’enracinement de la culture (peu présente sur blé tendre) ou caulinaire (verse des tiges) beaucoup plus répandue. Le phénomène de verse des tiges résulte de facteurs climatiques et de techniques culturales. Concernant le climat, le printemps sec sur l’ensemble du territoire est défavorable à la verse, tout comme les forts rayonnements, exception faite des tempêtes violentes localisées de fin de cycle du blé.

Ce sont donc les pratiques culturales qui vont favoriser la verse physiologique en 2022, plusieurs éléments sont à analyser par ordre croissant d’importance :

1 : l’effet variétal

Tableau 1 : Niveau de risque selon la note de tolérance de la variété à la verse

Rappelons qu’au-delà d’une note de sensibilité variétale de 6,5 (variétés résistantes), le risque de verse est nul. L’usage des régulateurs est donc inutile.

2 : la gestion de la fertilisation azotée

• Un excès de fertilisation azotée favorise la verse ainsi que des doses élevées au premier apport avant épi 1 cm.
• En 2022, l’attention était à avoir sur les reliquats en tendance plus élevés en raison d’un automne et un hiver secs, surtout avec des précédents de type légumineuses.

3 : les date et densités de semis

Les dates de semis inadaptées et les fortes densités de semis peuvent impliquer un étiolement en début de montaison, d’autant plus si le tallage est excessif.

Si malgré les informations sur la conduite culturale (variété, date et densité de semis, dose d’azote, reliquats, précédents), la verse physiologique des tiges ne semble pas être la cause (ex. : RGT Cesario ou RGT Sacramento ne versent pas), il faut alors se pencher sur la cause parasitaire et observer le pied des plantes.

Étape 2 : reconnaître les symptômes des maladies du pied

La fusariose de la tige, principale cause des verses parasitaires en 2022

Le diagnostic réalisé sur plusieurs parcelles versées a conduit à identifier la fusariose de la tige comme étant la principale responsable de la verse. Cette maladie provoque une fragilité de la tige favorisant la verse, celle-ci ayant été accentuée par les orages de début juin.

Plusieurs champignons en jeu ont été identifiés : F. graminearum, F. culmorum, F. avenaceum et Microdochium spp.

Plusieurs éléments permettent de confirmer le diagnostic :

• Dans les cas graves comme cette année, la fusariose de la tige conduit à une section nécrosée importante.
• La casse de la tige a lieu au-dessus du premier nœud à l’inverse du piétin verse dont les symptômes sont situés sous le premier nœud.
• Un brunissement de la tige est apparent ainsi qu’une décoloration violacée des nœuds.

Une telle intensité d’attaque de fusariose sur tige est rare, les derniers cas bretons remontent à 2012.

Les facteurs favorables sont difficiles à déterminer puisque les années à risque sont exceptionnelles. Un stress hydrique printanier prolongé fragilise la plante au profit de la maladie. Un effet variétal est également visible sans pour autant pouvoir l’affiner au travers d’une note de sensibilité (ex. : RGT Cesario semble plus sensible que KWS Extase - voir photo avec la section de tiges).

La particularité étant d’avoir une tige fragilisée par la maladie qui a versé potentiellement sous l’action de la pluie et/ou du vent. La nuisibilité va dépendre du moment de la verse (une verse en début de remplissage étant plus impactante qu’en fin de remplissage). Les prévisions annoncent peu de pluies sur les prochaines semaines, ce qui va diminuer le risque de germination déjà présent pour les parcelles versées précocement.

Germination sur pied pour des épis au contact du sol.

Piétin-verse et rhizoctone : risque de verse parasitaire faible

Deux maladies peuvent également provoquer de la verse parasitaire : le piétin-verse et le rhizoctone. Cette année, elles sont parfois ponctuellement observées, mais avec une intensité d'attaques généralement faible.