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Champagne-Ardenne / Lorraine

Blé tendre : quand positionner le dernier apport d’azote ?

Les céréales sont actuellement en pleine phase de montaison. Le stade 2 nœuds constitue un élément clé pour réaliser un diagnostic. Voici quelques repères pour anticiper et piloter efficacement le dernier apport azoté sur blé en Grand Est.

Apport d’azote à DF en Champagne-Ardenne

Pluviométrie et valorisation des apports

En Grand Est, la pluviométrie a été assez variable entre le 1er et le 15 mars, avec des cumuls de pluie de l’ordre de 10 à 20 mm selon les secteurs.

En revanche, les apports début montaison réalisés après le 15 mars ont, dans la plupart des cas, bénéficié de peu de précipitations dans la région – en moyenne autour de 7 mm – malgré des prévisions météorologiques plus optimistes. Leur efficacité est donc restée limitée jusqu’à présent, avec des coefficients apparents d’utilisation de l’azote (CAU) attendus probablement moyens à faible. Pour autant, la valorisation de ces apports pourrait se poursuivre avec les pluies prévues cette semaine. Dans ces situations, il est préférable d’attendre pour diagnostiquer l’état de nutrition azotée des céréales.

Physiologie des céréales et nutrition des parcelles suivies

Après deux années consécutives marquées par des forts cumuls de pluviométrie et des interventions réalisées dans des conditions parfois humides, les phénomènes d’hydromorphie et de dégradation des structures de sol se sont multipliés dans notre région (notamment en Lorraine). Ces altérations limitent le développement racinaire, entravant l’accès des racines aux éléments nutritifs, notamment l’azote. Cet effet est encore plus marqué sur les parcelles semées tardivement.

A ce jour, la majorité des parcelles de l’observatoire se situent entre les stades 1 et 2 nœuds. Les parcelles suivies par la méthode APPI-N ont à ce jour toutes reçu deux apports, pour une moyenne de 130 unités d’azote apportées. Les Indices de Nutrition Azotée (INN) mesurés sont supérieurs à l’INN critique de 0,6, avec une moyenne de 0,76.

Les simulations avec l’outil CHN (ARVALIS) montrent que les trajectoires d’INN simulées se maintiennent au-dessus du seuil critique jusqu’à l’arrivée du stade dernière feuille, prévue autour du 10 mai. Dans ces situations, il n’est donc pas nécessaire d’apporter davantage d’azote maintenant. Pour ces parcelles avec un bon état de nutrition azotée (pas de signaux de carences, biomasse correcte, etc.), l’apport autour du stade dernière feuille (DF) semble le plus adapté.

Quels bénéfices de l’apport à DF en termes de rendement et protéines ?

En prévision de l’arrivée de la fin de cycle, des interrogations sur l’intérêt de l’apport à DF se posent, en comparaison à des apports plus précoces. Dans les figures 1 et 2 (zone Champagne-Ardenne principalement), les différences de rendement et de teneurs en protéines sont reprises, en comparant deux apports vs trois apports (40 unités à DF), dans une synthèse de plusieurs essais.  Dans la majorité des situations, une augmentation de rendement est constatée en trois apports, avec en moyenne + 2,4 q/ha dans ces situations. Des gains supérieurs à 3 q/ha sont parfois même constatés.

Figure 1 : Différence de rendement (q/ha) : 3 apports vs 2 apports

En termes de teneur en protéines, un gain est constaté dans la majorité des situations, avec + 0,4 % en moyenne (dont des situations avec jusqu’à 0,5 % à 1,5 % en plus).

Figure 2 : Différence de teneur en protéines (q/ha) : 3 apports vs 2 apports

Les précipitations annoncées pourraient inciter à solder les apports d’azote dès maintenant. Cependant, il est important de garder en tête la capacité d’absorption et de valorisation du blé jusqu’à floraison. Il est donc essentiel de subvenir aux besoins de la culture jusqu’à ce stade, notamment par un apport à DF.

Pour s’adapter aux conditions spécifiques de l’année et répondre au plus près aux besoins réels des céréales, un outil de pilotage peut être utilisé (N-Tester®, Farmstar Expert, N-Sensor®, Mes Sat’Images®, AgroRendement (Wanaka), Abélio…). Il contribue à limiter les risques de sous- ou de sur-fertilisation, tout en conciliant plusieurs objectifs : optimiser le rendement, atteindre la teneur en protéines requise par les cahiers des charges, et ajuster précisément la dose d’azote à apporter. Autrement dit, l’outil de pilotage permet d’approcher au mieux de l’optimum technico-économique.

Bulletin rédigé par la CRAGE et ARVALIS, en partenariat avec les partenaires de l’observatoire (CA51, CA54, CA55, CA88, CA57, CAA, EMC2, Cérèsia, SCARA, CETA Romilly, Terrasolis)

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