Blé tendre : fractionner les apports d’azote pour gagner en performances
En général basé sur trois apports, le fractionnement de l’azote a pour objectif d’alimenter correctement un blé en fonction de ses besoins mais également du climat. A la clé, des gains de rendements et de protéines.
La cinétique d’absorption du blé en azote est loin d’être linéaire. Faibles en début de cycle, les besoins augmentent sensiblement à partir du stade épi 1 cm, période où malheureusement la pluviométrie fait de plus en plus souvent défaut. Il a été démontré qu’un cumul de 15 mm de pluie dans les 15 jours suivant l’apport est nécessaire pour assurer une efficacité maximale de l’engrais.
Figure 1 : Période de valorisation possible de l’azote dans les 15 jours suivant l’apport - analyse fréquentielle 2001 - 2021
Une analyse fréquentielle de la pluviométrie sur différentes stations lorraines ces vingt dernières années met en évidence des séquences climatiques ne permettant pas toujours de cumuler ces 15 mm dans les 15 jours suivant l’apport, notamment fin mars / début avril, au moment où les blés amorcent leur montaison. Partant de ce constat, il est souhaitable de faire évoluer notre réflexion autour du deuxième apport d’azote historiquement centré sur le stade épi 1 cm en essayant de mieux faire coïncider a priori l’apport avec une période pluvieuse.
Il est important de remarquer que cette analyse fréquentielle du climat montre également que les troisièmes apports plus tardifs entre 2 nœuds et dernière feuille étalée sont, quant à eux, toujours très bien valorisés.
Les préconisations de fractionnement pour faire coïncider apports et besoins de la culture
Par conséquent, les préconisations évoluent vers un fractionnement en deux apports égaux de l’apport principal, en encadrant le stade épi 1 cm de plus ou moins 10 jours (2022 s’annonce proche de la moyenne avec une apparition du stade épi 1 cm entre le 25 et le 30 mars). Une pratique d’autant plus intéressante à mettre en œuvre en cas d’impasse du premier apport.
Figure 2 : Préconisations pour la conduite de la fertilisation azotée sur blé tendre
Le troisième apport entre 2 nœuds et dernière feuille étalée/gonflement consiste à reporter en fin de montaison 40 kg N/ha en moyenne, en appliquant une mise en réserve prévue sur la dose totale. Cet apport permet de combiner des gains à la fois sur le rendement et la teneur en protéines. Cette dose peut être ajustée grâce à un outil de pilotage, qui réalise un diagnostic de l’état de nutrition en azote de la plante. Le recours à un outil de type N-tester permet de gagner 20 % de parcelle à l’optimum de dose a postériori : l’optimum est ainsi atteint dans 70 % des situations, contre 50 % sans.
Miser sur le fractionnement
L’intérêt du fractionnement n’est plus à démontrer : à dose totale égale, réaliser trois apports par rapport à deux apporte en moyenne + 1 q/ha et + 0,3 % de protéines, d’après plus de 200 essais ARVALIS et partenaires. Toutefois, la réponse rendement et protéines peut s’amplifier en cas de sécheresse début montaison (jusqu’à + 10 q/ha et + 1 % de protéines par rapport à une stratégie en deux apports). Même constat pour une stratégie en quatre apports, qui présente un intérêt jusqu’à 6 q/ha et 0,7 % de protéines de gain, par rapport à trois apports.
Le fractionnement est donc la clé pour valoriser au mieux chaque unité d’azote apportée : il permet d’aller chercher de l’efficience avec des apports plus tardifs mais également de répartir les risques en cas d’absence de pluie.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.