Blé tendre : comment gérer les parcelles non semées ?
Ce début de campagne céréales est marquée par des conditions climatiques inhabituelles, retardant les semis de blé dans de nombreuses parcelles. Comment optimiser la conduite des implantations à venir
Quel choix variétal ?
Il est encore tout à fait envisageable de semer un blé avec les variétés initialement retenues. Jusqu’en décembre, même des variétés de type « hiver à ½ hiver » auront la capacité de vernaliser au cours des mois à venir : elles produiront donc sans problème des épis. Par contre, le retard prévisible des stades peut engendrer une pénalité sensible du rendement (pénalité d’autant plus sensible que la fin du printemps est chaude et sèche). De plus, il est judicieux de vérifier la précocité à épiaison de la variété afin que celle-ci termine son cycle rapidement et soit le moins possible impactée par les accidents de fin de cycle, à savoir échaudage et déficit hydrique, régulièrement observés dans notre région.
Nos essais montrent que, jusque fin octobre, le décalage de la date de semis n’a qu’un impact limité sur le rendement (en moyenne 3 %) Les résultats en semis de novembre engendrent des pertes plus élevées de 10-15 % en moyenne par rapport au rendement maximal. Au-delà du 15 novembre, les résultats sont plus pénalisants et aléatoires avec des pertes supérieures à 20 %.
Cette perte de potentiel s’explique du fait d’un cycle plus court et décalé vers des périodes plus exposées au stress hydrique et autres excès thermiques, d’une phase de tallage plus réduite et d’un enracinement plus superficiel. En revanche, la concurrence des adventices habituelles, le risque verse et la pression globale des maladies seront moins élevés.
Augmenter les densités de semis
Retarder la date de semis expose les jeunes céréales à un risque de perte à la levée plus important (limaces, hydromorphie à des stades sensibles) du fait d’une levée plus lente. De plus, la phase d’installation hivernale sera réduite, limitant fortement le tallage par rapport à un semis à date classique. Il sera donc nécessaire d’ajuster à la hausse les densités de semis pour les semis tardifs. Il faut viser au moins 350 à 400 grains/m². En sols superficiels et caillouteux, ces densités sont à majorer de 15 % environ.
Orge d’hiver : des semis tardifs à éviter
L’orge est une espèce plus sensible au froid que le blé tendre. Elle est également très sensible à l’anoxie racinaire (manque d’oxygénation des racines lié à un excès hydrique ou une structure de sol dégradée). Les variétés majoritairement présentes type KWS Faro (précocité montaison 4 - précocité épiaison 7), LG Zorica (6-7,5) ont également un rythme de développement adapté à des semis tardifs. Nos essais montrent que le rendement maximum est généralement réalisé sur des semis précoces. Jusqu’au 20 octobre, la perte potentiel de rendement n’excède pas 10 % alors qu’au-dela elle peut être plus importante. C’est finalement la qualité d’implantation qui va aujourd’hui freiner les semis.
Ne pas sous-estimer le désherbage
Si le retard de la date de semis est un levier agronomique reconnu pour limiter le risque de salissement en graminées « automnales », il n’est pas impossible que les vulpins suivent également une dynamique de levée échelonnée, les températures douces de ces derniers hivers favorisent des levées tardives. Il est recommandé de maintenir les désherbages de prélevée prévus.
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