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Blé dur : attention au risque de fusarioses des épis

A l'approche de l'épiaison du blé dur, il est nécessaire de rester vigilant quant au risque de fusarioses des épis. En effet, autour de la floraison, l'hygrométrie et la quantité de pluies seront déterminantes pour la propagation de ces  champignons. Comment s'en préserver au mieux ?

Fusarioses des épis

Les fusarioses des épis sont extrêmement nuisibles au blé dur car elles impactent négativement le rendement et plusieurs critères de qualité : la teneur en mycotoxines (DON), la moucheture et le poids spécifique, entre autres. Cette espèce, assez sensible aux fusarioses des épis et à l’accumulation de DON, exige, dans notre bassin de production, une intervention quasi systématique pour protéger l’épi au stade floraison.

Les facteurs de risque fusarioses sont multiples et cumulatifs : précédent cultural favorable aux fusarioses (maïs et sorgho), travail du sol sans labour et/ou sans broyage des résidus de culture, sensibilité variétale, climat pluvieux autour de la floraison et/ou irrigation à floraison.

Attention, les sensibilités variétales aux fusarioses et à l’accumulation de DON ne sont pas corrélées (Figure 1). Des symptômes de fusarioses sur épis ne se traduiront pas automatiquement par des teneurs en mycotoxines élevées ; à l’inverse, une absence de symptômes ne garantit en rien une teneur en DON inférieure au seuil réglementaire.

Figure 1 : Note de sensibilité à l’accumulation de DON (2 = sensible à 7 assez résistant) en fonction de la note de sensibilité aux fusarioses (Fusarium graminearum) (2 = sensible à 7 assez résistant)

Figure 1 : Note de sensibilité à l’accumulation de DON (2 = sensible à 7 assez résistant) en fonction de la note de sensibilité aux fusarioses (Fusarium graminearum) (2 = sensible à 7 assez résistant)

Les flores en présence

Des températures élevées au moment de la contamination favorisent Fusarium graminearum qui peut entraîner la production de mycotoxines (DON), alors que des températures basses favorisent Microdochium spp. (qui ne produit pas de mycotoxines). L’observation des symptômes au champ ne permet pas d’identifier une espèce de l’autre. Ces deux pathogènes ont en premier lieu un effet important sur le rendement.

Cette année, les températures annoncées pourraient permettre le développement d’une flore mixte, mais attention, ce sont les conditions climatiques au moment de la floraison qui seront les plus déterminantes.

Quelle protection choisir ?

Plusieurs substances actives de la famille des triazoles ont une action sur les fusarioses. Certaines solutions à base de triazole solo (metconazole, tébuconazole, bromuconazole) peuvent être plus économiques mais n’agissent que sur les flores Fusarium graminearum. Si l’année confirme un risque de flore mixte, il sera plutôt conseillé d’intervenir avec des solutions qui combinent les substances actives les plus efficaces : une base prothioconozale associée à du tébuconazole ou metconazole ou encore de la fluoxastrobine. Si une protection foliaire a été appliquée, penser à l’alternance des matières actives pour cette intervention.

Quel que soit le produit, l’efficacité maximale sur fusarioses reste autour de 50 à 60 % pour les meilleurs produits et est atteinte quand les conditions d’application sont optimales.
 

Figure 2 : Propositions de solutions fongicides de protection de l’épi sur blé dur

Figure 2 : Propositions de solutions fongicides de protection de l’épi sur blé dur

Quand intervenir ?

La première condition d’efficacité du traitement est son positionnement par rapport au stade de la parcelle : être au plus proche du début de la floraison, ce qui correspond à la sortie des premières étamines.

La sensibilité de positionnement est un peu différente selon la flore attendue :

  • pour une cible Fusarium graminearum : le stade début floraison est primordial pour avoir une efficacité correcte de la protection appliquée.
  • pour une cible Microdochium spp. : le stade d’intervention est plus souple.
  • en flore mixte : se rapporter au positionnement Fusarium graminearum, soit début floraison.

Du point de vue de l’application, le volume d’eau doit être au minimum de 150 L/ha, quelles que soient les buses utilisées. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants.

 

Fusarium graminearum : la teneur maximale en DON revue à la baisse

Les fusarioses peuvent pénaliser de manière importante le rendement et la qualité des grains. Derrière ce nom de maladie se cache en réalité une multitude de champignons, notamment Fusarium graminearum qui peut entraîner un effet négatif sur la qualité des grains, avec la production de mycotoxines : le DON.

Attention : le règlement européen (CE) N°1881/2006, fixant les teneurs maximales en mycotoxines pour des céréales brutes, a fait l’objet d’un réexamen concernant le DON, afin de réduire l’exposition des consommateurs à cette toxine. Pour le blé dur, le taux maximal de DON va passer de 1 750 µg/kg à 1 500 µg/kg de grains bruts (pour le blé tendre, de 1 250 µg/kg à 1 000 µg/kg). Une entrée en vigueur est prévue au 1er juillet 2024.

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