Modérer le premier apport d’azote sur blé
L’optimisation des apports d’azote est au cœur des préoccupations actuelles avec les prix records observés pour les engrais azotés. Il est donc plus que nécessaire de raisonner les stratégies de fertilisation pour valoriser chaque unité apportée. Le point sur les recommandations 2022 à l'heure des premiers apports.
Adapter sa dose d’azote aux besoins de sa variété
Le calcul de la dose totale d’azote sur céréales est réalisé grâce à la méthode du bilan prévisionnel. Elle s’appuie sur le besoin unitaire pour produire un quintal de grains, appelé « b », multiplié par l’objectif de rendement de la parcelle. Pour le blé tendre, ce coefficient b est lié à la variété. Il est calculé à l’optimum de rendement et est compris entre 2,8 et 3,2 kg d’azote par quintal. Si l’objectif de production est uniquement d’optimiser le rendement, il faut prendre en compte le besoin unitaire b associé à la variété pour calculer la dose totale à apporter.
Afin d’intégrer un objectif de qualité de la récolte, au travers d’une teneur en protéines d’au moins 11,5 %, nous proposons de prendre en compte un besoin « qualité » en azote (bq) pour chaque variété. Ce bq permet de viser une teneur en protéines minimale de 11,5 % tout en maintenant l’objectif de rendement.
Tableau 1 : Classement des variétés selon leur besoin en azote (coefficients b et bq11,5 %)
Azote minéral du sol : des reliquats de sortie d'hiver dans la moyenne haute
Pour connaître la quantité d’azote présente dans le sol en sortie d’hiver, variable selon les années, le type de sol et les pratiques, des prélèvements doivent être réalisés. Les résultats des reliquats de sortie d’hiver (RSH), permettant de gagner en précision sur les doses prévisionnelles en azote, sont d’autant plus importants dans le contexte 2022.
En règle générale pour la région, les cumuls de pluie depuis octobre sont dans la moyenne, avec un gradient maritime (carte 1).
Carte 1 : Cumul de pluies du 1er octobre 2021 au 15 février 2022
Malgré un début novembre relativement sec en Picardie par rapport à la normale, décembre et début janvier ont été un peu plus pluvieux, entraînant un lessivage potentiel de l’azote. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les précipitations ont été plus fortes en octobre et novembre mais les cumuls restent dans la moyenne (figures 1 et 2).
Concernant les températures, elles ont été assez douces depuis le semis, voire très douces sur une partie du mois de décembre, avec peu de gelées.
Figures 1a et 1b : Pluies et températures sur la station de Radinghem (62)
Figures 2a et 2b : Pluies et températures sur la station de Saint-Quentin (02)
Les conditions climatiques hivernales 2021-2022 (cumuls de pluies et de températures) sont très proches de la moyenne. On peut donc s’attendre à des reliquats en tendance proches de la moyenne, voire de la moyenne haute, avec toujours une certaine variabilité selon le type de sol, le précédent ou encore les apports de produits résiduaires organiques...
Néanmoins, il sera nécessaire de réaliser les analyses de reliquats à la parcelle pour donner des estimations fiables du niveau 2022. Il est évidemment plus difficile d’évaluer les postes de minéralisation et d’organisation de l’azote dans le sol.
Bien fractionner, bien piloter ses apports pour s’adapter à l’année
Si l’on regarde les besoins en azote d’un blé au cours de son cycle, ils sont faibles au stade tallage et augmentent rapidement à partir du stade épi 1 cm. C’est cette dynamique d’absorption qui permet de comprendre pourquoi plus l’azote est apporté tard, mieux il est valorisé (figure 3).
Figure 3 : Cycle d’absorption de l’azote : faire correspondre apports et besoins
Dans le contexte de prix 2021-2022, il est essentiel que chaque unité apportée soit bien valorisée.
Les reliquats de sortie d'hiver étant dans la moyenne haute et les besoins des plantes étant faibles à ce stade, il est recommandé de modérer le premier apport (de l’ordre de 40 unités), de le décaler à fin février/début mars sur les parcelles bien implantées, voire de faire l’impasse dans certaines situations (RSH très élevés…), pour mettre en réserve cette dose pour des apports plus favorables au rendement et à la teneur en protéines (notamment l’apport de fin montaison).
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