Climat - Adapter la conduite du blé dur au changement climatique
Jean-Charles Deswarte, ingénieur au pôle écophysiologie d’ARVALIS – Institut du végétal, expose les conséquences de l’évolution climat sur la culture du blé dur en France. Si cette culture devrait être capable de faire face au changement climatique en raccourcissant son cycle de développement, des adaptations de l’itinéraire cultural seront nécessaires.
Au rythme actuel du réchauffement du climat en France, les variétés de blé dur cultivées aujourd’hui arriveraient à maturité physiologique deux à trois semaines plus tôt à la fin du 21ème siècle. Le blé dur va donc esquiver une partie des stress de fin de cycle en accélérant son cycle. Tous les stades sensibles vont avancer dans le temps. Par conséquent, les risques d’échaudage et de stress hydrique en fin de cycle pourraient être moins importants que prévus. Le réchauffement climatique devrait également limité les occurrences de gel, ce qui sécuriserait la conduite du blé dur dans les régions où le froid pose problème comme la Beauce, la Bourgogne, ou la région lyonnaise.
Une grosse incertitude demeure autour des bioagresseurs. L’évolution du climat a une forte incidence sur les champignons et les insectes. Certains indicateurs montrent que la pression des pucerons d'automne devrait augmenter, mais il est difficile de prévoir si les pathogènes pourront passer d’une campagne sur l’autre en cas d’été très sec et très chaud. En revanche, l’augmentation de la teneur du CO2 dans l’atmosphère devrait être bénéfique à l’activité photosynthétique des plantes.
Pour s’adapter à ce changement climatique, il faudra travailler sur le couple date de semis / précocité variétal et sur la conduite de la fertilisation azotée. Dès aujourd’hui, ARVALIS – Institut du végétal incite les agriculteurs à s’informer des prévisions météorologiques avant de réaliser un apport d’azote courant montaison. En effet, pour que l’azote soit bien valorisé, une pluie d’au moins 15 mm est nécessaire dans les 15 jours suivant l’apport. Ainsi, la stratégie de fertilisation azotée du blé ne devra plus être raisonnée uniquement en fonction d’un stade défini, mais adaptée en fonction des pluies annoncées pour valoriser au mieux les apports.
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