Blé dur : comment se comportent les variétés face aux maladies en région Centre / Ile-de-France
En blé dur, le choix variétal est un levier primordial de lutte contre les maladies fongiques. Même si elles ne sont pas totales, les résistances variétales peuvent constituer des protections très efficaces contre la plupart des maladies présentes en France. La variété conditionne dès le départ la nuisibilité maximale atteignable dans la parcelle, et par conséquent la souplesse ou l’ajustement possible en investissements fongicides. Le point sur la tolérance des variétés de blé dur observée dans les essais ARVALIS des régions Centre / Ile-de-France.
Retour sur la nuisibilité des maladies en 2024
Ce printemps 2024 se caractérise par une pression septoriose élevée face à laquelle les protections foliaires ont été, dans la plupart des cas, insuffisantes. De surcroît, les pluies et températures douces de la fin de cycle ont créé les conditions idéales pour le développement des fusarioses de l’épi. Or, les protections contre les fusarioses, systématiques cette année, ne garantissent qu’une efficacité limitée. En effet, les produits et programmes de référence ne sont efficaces qu’à 60 %. Ainsi, dans nos essais régionaux, le potentiel de rendement des variétés en situations traitées n’a pas été atteint.
Figure 1 : Variabilité interannuelle de la pression parasitaire sur blé dur dans les essais ARVALIS d’Ouzouer-le-Marché (41) et de Thizay (36)
*Année 2016 : l’écart T-NT mesuré dans les essais sous-estime largement la nuisibilité réelle de l’année car les protections fongicides n’ont pas permis de maintenir le potentiel de rendement en situations traitées.
# : aucune donnée acquise sur cet essai.
Le comportement des variétés face aux maladies en pluriannuel
Il convient d’apprécier la tolérance globale aux maladies en pluriannuel pour éviter de se focaliser sur une année particulière en maladie.
Dans chaque essai, un seul bloc est non traité fongicides. L’écart entre les blocs traités et le bloc non traité (appelé écart T-NT) de chaque essai est difficilement interprétable, mais la synthèse de plusieurs essais sur plusieurs années permet, grâce à une analyse statistique, de réaliser un classement variétal. L’écart T-NT est exprimé en % de la moyenne des essais. Si l’écart est inférieur à 100 %, cela indique que la variété obtient un résultat pratiquement similaire qu’elle soit traitée ou non traitée fongicides ; autrement dit, elle est moins sensible aux maladies que ses concurrentes. A l’inverse, si l’écart T-NT est supérieur à 100 %, la variété réalise un très mauvais résultat en parcelles non traitées ; elle est donc globalement sensible aux maladies présentes sur les essais du réseau.
En pluriannuel, un grand nombre de variétés ont un comportement satisfaisant vis-à-vis des maladies (figure 2).
Inscrite en 2023, dans le réseau Sud, la variété Rocaillou se classe en tête dans notre région. Son comportement face à la septoriose lui a permis de tirer son épingle du jeu cette année. Ses bons résultats seront à confirmer dans les prochaines années.
Inscrite en 2021, la variété RGT Kapsur se positionne deuxième du classement pluriannuel avec une très bonne tolérance aux maladies du feuillage (rouille jaune et septoriose).
Les nouveautés 2024, RGT Rapsolur et Cabayou, se comportent plutôt bien vis-à-vis des maladies, à l’image de leurs deux années d’inscription.
Deux autres nouveautés, RGT Insiemur et RGT Escatalur, finissent en fin de classement, pénalisées par la septoriose et les fusarioses. Elles nécessitent une surveillance et une protection adaptée selon la pression annuelle.
Les références RGT Voilur et Anvergur ont des comportements intermédiaires. Autre référence : RGT Belalur est pénalisée cette année par sa sensibilité à la septoriose.
Depuis 2015, les écarts T-NT sont régulièrement faibles (2016 n’étant pas prise en compte), ce qui s’explique par de faibles pressions maladies. Veillez donc à maintenir une vigilance sur les variétés récentes, inscrites dans un contexte sain en maladies. Par ailleurs, un contournement de résistance est toujours possible, y compris sur des variétés plus anciennes.
Figure 2 : Nuisibilité des maladies sur blé dur : pertes de rendement pluriannuelles entre traité et non-traité fongicides (T-NT) en % de la moyenne générale en Centre / Ile-de-France
Sources des données : ARVALIS et partenaires (post-inscription), CTPS/ GEVES (inscription)
Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, les pertes de rendement sont corrigées des effets annuels à l’aide des variétés communes entre année. Elles sont exprimées en % de la moyenne des variétés représentées. Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex. : 24 = 2024).
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